Côte d’Ivoire : une caravane de la réconciliation et des polémiques

Lancée il y a deux semaines, la « caravane de la réconciliation » emmenée par les chanteurs Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, s’est terminée par un grand concert, à Abidjan, le 3 novembre. Bilan d’une opération symbolique.

Le chanteur ivoirien Alpha Blondy sur scène à Abidjan le 3 novembre 2012. © AFP

Le chanteur ivoirien Alpha Blondy sur scène à Abidjan le 3 novembre 2012. © AFP

Publié le 5 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

C’est par un  concert au grand carrefour Solibra, que s’est achevée, le 3 novembre, la caravane pour la paix et la réconciliation. Deux semaines durant lesquelles 300 chanteurs et musiciens, 200 techniciens, menés par les stars du reggae Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, et Asalfo, leader du groupe Magic System, ont sillonné la Côte d’Ivoire et donné des concerts dans les principales villes du pays.

La caravane est montée en puissance au fil des escales, San Pedro d’abord, puis Man, Gagnoa, Korhogo, Séguéla et Abengourou. Et si le public n’était pas au rendez-vous lors du premier concert, il s’est étoffé par la suite. Des dizaines de milliers de jeunes – et de moins jeunes – ont fait le déplacement, dans des stades municipaux ou sur les grandes places  pour assister à ces marathons musicaux qui duraient parfois jusqu’à six heures. 

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Adoubée par la Commission dialogue vérité et réconciliation, la caravane repoussée à plusieurs reprises, devait être le premier pas symbolique de la réconciliation  entre Ivoiriens, après la présidentielle de novembre 2010 et la longue crise post-électorale qui a fait plus de 3000 morts. Et qui de mieux que les ex-frères ennemis du reggae pour mener la danse ? Tiken Jah Fakoly et Alpha Blondy ont, à tour de rôle, lancé des appels à la paix. « Laissez les politiciens trouver des solutions politiques aux problèmes politiques » a martelé Alpha Blondy, tandis que « Tiken Jah » a appelé les pro-Gbagbo, accusés de mener des attaques pour faire chuter le régime d’Alassane Ouattara, à laisser tomber les armes et encouragé les dirigeants du pays à faire « un pas en avant ».

Aussi sur scène, des artistes estampillés pro-Gbagbo. On a également aperçu le duo Yodé et Siro, rentrés d’exil quelques jours avant le lancement des concerts, ou encore les Galliets. Le groupe de zouglou avait apporté son soutien à Laurent Gbagbo durant la présidentielle, son tube « C’est comment comment » a même été sa chanson de campagne. 

Réconciliation de façade ?

Si un grand nombre d’Ivoiriens a apprécié la démarche des artistes, ils n’en demeurent pas moins critiques sur sa portée. « Ce n’est pas parce que les Galliets étaient là qu’il s’agissait d’une vraie caravane de réconciliation, fait remarquer Monica Irié, commerciale dans une entreprise de téléphonie. Bon nombre d’artistes estampillés pro-Gbagbo n’en ont pas fait partie. »

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Espérés par le public, ni le rockeur John Yalley, ni Gadji Céli, président de l’Union des artistes de Côte d’Ivoire ne sont venus. Encore moins Serge Kassy ou Aïcha Koné (surnommée la Diva de la musique ivoirienne), qui vivent hors du pays en raison des menaces qui ont pesé (ou qui pèsent encore) sur eux. À cela s’ajoute le nombre d’artistes qui se sont sentis écartés au profit de « collègues » ayant une audience internationale et ayant vécu la crise ivoirienne depuis leur « exil doré ». «C’est bien d’appeler Blondy, Tiken Jah, A’salfo mais quand les fusils tonnaient nous avons tout perdu. Où étaient-ils ? s’interrogeait dans la presse ivoirienne le musicien Diabo Steck. Aujourd’hui, ils mangent à la table des rois. Ce n’est pas normal ! C’est une injustice qu’il faut réparer. »
 

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