Crise malienne : à Ouagadougou, Ansar Eddine se veut ouvert à « une solution négociée »
Le 4 novembre, la médiation burkinabè a entamé des discussions à Ouagadougou avec Ansar Eddine, un des groupes islamistes qui contrôlent la région du Nord-Mali. Alors qu’une intervention armée est en préparation, l’enjeu des discussions est de faire pression sur l’organisation d’Iyad Ag Ghali pour qu’elle rompe ses liens avec les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Pour Ansar Eddine et son leader touareg Iyad Ag Ghali, l’heure du choix approche. Une délégation du groupe islamiste, conduite par Algabass Ag Intalla, est arrivée à Ouagadougou le 2 novembre et s’est entretenue en fin de journée, pendant 45 minutes, avec Djibrill Bassolé, chef de la diplomatie du président burkinabè Blaise Compaoré.
Ce dernier avait rappelé, le 3 novembre, « les exigences de la Cedeao » (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) pour qu’Ansar Eddine (« Défenseurs de l’islam ») entre dans le « processus de dialogue politique » destiné à rétablir l’unité du Mali : qu’il se démarque « de la terreur et du crime organisé », c’est-à-dire qu’il rompe avec les groupes terroristes Aqmi et le Mujao, responsables notamment de rapts dans la région.
"Très disponibles, très ouverts"
« Ça s’est bien passé », a déclaré Ag Intalla à la sortie de la réunion. Compaoré, médiateur dans la crise au Mali au nom de la Cedeao, pourrait recevoir, le 5 novembre, la délégation islamiste, dont les responsables « ont réitéré leur disponibilité et leur engagement à trouver une solution négociée à la crise », a indiqué une source proche de la médiation, qui les a trouvés « très disponibles, très ouverts ».
Au sujet de liens avec des groupes terroristes, la même source a expliqué qu’Ansar Eddine a tenu à « affirmer qu’ils sont un groupe autonome, indépendant » et n’ayant commis « aucun acte terroriste ». En revanche, la question de la charia n’a pas encore été évoquée publiquement, alors que les trois mouvements islamistes appliquent dans leurs zones la loi islamique dans sa version la plus rétrograde.
La crise malienne a été au cœur des discussions de Ouagadougou pendant tout le week-end. Selon plusieurs sources, Ag Intalla a rencontré le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, arrivé le 3 novembre et reparti le lendemain, et, séparément, des responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touarègue prônant l’autodétermination qui a été supplantée par les islamistes dans le Nord malien.
Pression de l’Algérie
L’Algérie a elle aussi fait pression sur Ansar Eddine. Selon des informations rapportées le 4 novembre par le quotidien algérien francophone El-Watan, le groupe d’Iyad Ag Ghali négocie à Alger un lâchage d’Aqmi. Le journal cite « une source proche du dossier », confirmant la présence sur place d’une autre délégation d’Ansar Eddine. De leur côté, les autorités algériennes gardent le silence.
L’Algérie, comme le Burkina Faso, est très favorable à une solution négociée incluant Ansar Eddine, sans toutefois écarter en dernier ressort une intervention militaire. Une option qui se précise d’ailleurs de plus en plus. Des experts internationaux travaillent depuis le 30 octobre à Bamako sur un « concept d’opération », préalable à l’obtention d’un feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le général Sékouba Konaté, ex-chef d’État guinéen et chargé par l’Union africaine de rendre opérationnelle la future force, est arrivé le dimanche 4 novembre à Bamako pour participer à cette réunion, prolongée jusqu’à lundi. Elle sera suivie à partir du 6 novembre d’un rendez-vous des chefs d’état-major de la Cedeao.
Le 12 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution préparant le déploiement d’une force de quelque 3 000 hommes au Mali. Cette force serait soutenue sur le plan logistique par la France et les États-Unis. La Cedeao a jusqu’au 26 novembre pour préciser ses plans.
(Avec AFP)
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