Tunisie : l’état d’urgence prolongé de trois mois
Le président Moncef Marzouki a décidé, mercredi 31 octobre, de prolonger de trois mois l’état d’urgence en Tunisie. Une décision qui fait suite aux violences exceptionnelles déclenchées par des salafistes en banlieue de Tunis.
Conséquence directe de l’escalade de la violence en Tunisie, le président Moncef Marzouki n’a pas hésité à prolonger de trois mois, « à compter du 1er novembre 2012 », l’état d’urgence dans le pays, qui s’étend désormais jusqu’en janvier 2013. Et qui permet aux forces de l’ordre de bénéficier de pouvoirs d’intervention accrus.
Depuis juillet, il n’avait été prolongé que par tranche d’un mois, pour permettre une amélioration de la situation sécuritaire en Tunisie. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. Quand ce ne sont pas les policiers qui sont accusés de violer les droits humains, ce sont les islamistes radicaux qui prennent d’assaut l’ambassade américaine ou agressent de simples citoyens et les forces de l’ordre, comme récemment dans le quartier de La Manouba, en banlieue de Tunis.
Lors de ces dernières violences, qui ont commencé le 28 octobre, le bilan officiel fait état d’un islamiste tué par balles et de deux agents blessés, mais selon nos informations, confirmées par une source policière interrogée par l’AFP, au moins deux radicaux auraient été tués. Alors qu’il faisait preuve jusque là de laxisme, le gouvernement dominé par Ennahdha a affirmé sa volonté de lutter contre les violences salafistes avec « tous les outils permis par la loi ».
Un char de l’armée à La Manouba, en banlieue de Tunis, le 31 octobre 2012.
© Fethi Belaid/AFP
Vastes renforts
De vastes renforts ont ainsi été déployés dans le quartier de Douar Hicher, où les violences ont eu lieu mardi. Mais dans la réalité, en plein cœur de ce quartier populaire, ce sont les islamistes qui font régner leur ordre moral par la terreur, armés de couteaux, de sabres ou de hachoirs. « On ne va pas laisser le meurtre d’hier sans réaction », a affirmé l’un d’eux. Un autre, âgé d’une vingtaine d’années, a reconnu que les violences avaient été déclenchées par l’interpellation de plusieurs salafistes, estimant « que ce n’est pas une raison pour tirer dans la tête d’un Tunisien ».
Les islamistes avaient cependant été les premiers à agresser un vendeur ambulant d’alcool, lui coupant trois doigts, et blessant grièvement à la tête avec un hachoir un garde national. Le parti Ennahdha a, quant à lui, alterné entre fermeté et appels « au calme », affirmant que « l’État a le droit de faire face à toute menace à la paix sociale » tout en disant « prier » pour « le citoyen tunisien » mort dans l’attaque des postes de police.
(Avec AFP)
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