Libye : un an après la libération nationale, l’État peine à installer son autorité

Les Libyens ont célébré, mardi 23 octobre, le premier anniversaire de la libération nationale proclamée il y a un an à Benghazi, berceau de la révolution contre le régime de Kadhafi. Mais à Bani Walid, les combats se poursuivent toujours entre anciens rebelles et pro-Kadhafistes.

Des jeunes Libyennes en costume national le 23 octobre 2012 à Benghazi. © AFP

Des jeunes Libyennes en costume national le 23 octobre 2012 à Benghazi. © AFP

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Publié le 24 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Il y a un an, le 23 octobre 2011, les autorités de transition libyennes proclamaient « la libération totale » du pays depuis Benghazi (est), trois jours après la capture et la mort de Mouammar Kadhafi. Mardi, la Libye a timidement célébré le premier anniversaire de l’annonce de cette libération. Car, notamment à Bani Walid – ville accusée de protéger des milices Kadhafistes – les violences sont toujours d’actualité.

Les autorités n’avaient prévu aucun programme pour fêter cette journée, désormais fériée en Libye. Dès la matinée, des dizaines de voitures décorées du drapeau national, rouge, vert et noir, circulaient toutefois dans les rues de la capitale, chansons patriotiques ou hymne national à plein volume. Beaucoup de personnes se sont rassemblées en début de soirée sur la place des martyrs au centre ville, provoquant des embouteillages monstres.

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À Benghazi, des centaines de personnes se sont massées devant l’hôtel Tibesti pour marquer le premier anniversaire de l’annonce de la libération du pays. Elles réclamaient aussi que Benghazi, longtemps marginalisée sous Mouammar Kadhafi, devienne la « capitale économique » du pays.

La fête a été gâchée par des combats meurtriers à Bani Walid, un des derniers bastions de Mouammar Kadhafi au cours du conflit de 2011. La ville est accusée de toujours abriter des partisans de l’ex-dirigeant recherchés par la justice. Des combats ont fait des dizaines de morts et de blessés durant les derniers jours et provoqué l’exode de centaines de familles.

"Réconciliation nationale"

Tout en regrettant les victimes des affrontements de Bani Walid, le président de l’Assemblée nationale Mohamed al-Megaryef a promis une fin « très proche » des opérations militaires visant à asseoir l’autorité de l’État sur cette ville.

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Dans un discours diffusé mardi soir par la télévision d’État, Megaryef a affirmé que ces opérations ne visaient pas la ville ou sa population « mais des criminels qui ont tenu la ville et ses habitants en otages », soulignant la nécessité d’une « réconciliation nationale générale » et l’activation de la justice transitionnelle.

Mardi, des colonnes de fumée s’élevaient au dessus de la ville de Bani Walid sur fond de tirs et d’explosions. Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, des dizaines de travailleurs étrangers, africains et asiatiques continuaient à fuir la ville à pieds. L’agence officielle Lana a indiqué que des forces pro-gouvernementales étaient entrées à Bani Walid et avaient pu libérer 22 personnes qui étaient détenus dans la ville.

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Certains rebelles ayant combattu les forces de l’ancien régime estiment que Bani Walid, ville de 100 000 habitants située à 185 km au sud-est de Tripoli, « n’a pas été libérée », appelant même à la « purger » des criminels qui y ont trouvé refuge.

Les autorités ont tenté à plusieurs reprises de calmer ces « révolutionnaires ». Après la multiplication des incidents, elles ont dû céder aux pressions des ex-rebelles organisés en milices lourdement armées. Une offensive sur Bani Walid a ainsi été « légitimée » par une décision des autorités de transition après la mort d’un ex-rebelle de Misrata enlevé à Bani Walid.

"Conflits intercommunautaires"

Depuis fin septembre, la ville est assiégée et bombardée par des milices d’ex-rebelles notamment de Misrata, sous la bannière de l’armée nationale en cours de formation. « Depuis la déclaration officielle de la fin des hostilités, la Libye est devenue un pays en proie à des conflits intercommunautaires », estime Claudia Gazzini, analyste pour la Libye de l’International Crisis Group.

Selon elle, « les autorités centrales ont agi principalement comme des spectateurs, en confiant la sécurité à des groupes armés (d’ex-rebelles) largement autonomes qui ne sont ‘sous l’autorité de l’Etat’ que par le nom », a-t-elle dit.

De son côté, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a annoncé mardi avoir commencé à distribuer de l’aide aux milliers de personnes ayant fui Bani Walid en raison des combats intenses qui s’y déroulent, affirmant que ceux qui y étaient restés couraient toujours des risques. « Nous sommes très inquiets des retombées de la violence sur l’ensemble de la population civile se trouvant encore à Bani Walid », a ainsi déclaré Ishfaq Muhammad Khan, qui dirige la délégation de la Croix Rouge en Libye.

(Avec AFP)

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