Aqmi : une guerre dans le nord du Mali sera « l’arrêt de mort des otages français »
Yahya Abou El Hamame, nouveau chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pour le Sahel et le Sahara, a affirmé à un média mauritanien qu’une intervention militaire dans le nord du Mali, dont le principe est acquis, signera « l’arrêt de mort des otages français » aux mains d’Aqmi.
Dans cet entretien en arabe diffusé samedi par l’Agence Nouakchott Information (ANI, privée), Yahya Abou El Hamame fustige le soutien du président français François Hollande à une force africaine en préparation pour aider les militaires maliens à récupérer le nord du Mali, occupé depuis près de sept mois par divers groupes islamistes armés dont Aqmi.
La branche maghrébine d’Al-Qaïda détient neuf Européens dont six Français.
"Je veux dire aux familles des otages que l’option de guerre, apparemment décidée par M. Hollande, signifiera nécessairement qu’il aura signé l’arrêt de mort des otages français. (…) M. Hollande en supportera tout seul la responsabilité", a déclaré Yahya Abou El Hamame, un Algérien qui a été nommé "émir" d’Aqmi en remplacement de son compatriote Nabil Makhloufi dit Nabil Abou Alqama décédé en septembre dans le nord du Mali.
Cette déclaration est publiée au lendemain d’une réunion à Bamako de hauts représentants de la communauté internationale, qui ont demandé au Mali de redoubler d’efforts pour faciliter l’envoi d’une force armée pour combattre les groupes islamistes armés dans ses régions du Nord.
Il y a une semaine, un responsable jihadiste présent dans le nord du Mali avait aussi menacé de mort les otages français et le président Hollande, qui a réagi en affirmant sa "grande détermination" à tenir la "ligne" fixée par la France sur la lutte contre le terrorisme et appelé les ravisseurs des otages français à les libérer "avant qu’il ne soit trop tard".
Yahya Abou El Hamame a accusé François Hollande d’avoir choisi "l’escalade au lieu de la négociation".
"Guerre par procuration"
Selon lui, l’Occident a adopté une "nouvelle stratégie" pour mener "des guerres par procuration (…) après l’échec de ses interventions directes en Afghanistan et ailleurs" et il "agit aujourd’hui par l’intermédiaire de ses acolytes locaux", allusion aux Etats ouest-africains.
Une force armée de quelque 3.000 hommes venant de pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 membres), est en préparation, avec l’aval de l’ONU, pour la reconquête du nord du Mali.
Le responsable d’Aqmi doute que la Mauritanie, voisine du Mali mais qui n’est pas membre de la Cédéao, puisse rester à l’écart de cette guerre même si le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé en août dernier qu’il n’entendait pas y participer.
"Si la Mauritanie veut rester hors du champ de nos objectifs (militaires), elle sait ce qu’elle doit faire", a-t-il dit, sans autres précisions.
Ancien général putschiste élu en 2009, le président mauritanien mène une politique très active contre Aqmi, et a ordonné des raids contre des bases d’Aqmi au Mali en 2010 et 2011.
Yahya Abou El Hamame a par ailleurs fait état de différences entre Aqmi et les deux autres groupes islamistes armés avec lesquels elle contrôle le nord du Mali: Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), même si tous les trois sont jihadistes et prônent l’ application de la charia (loi islamique) dont ils ont une interprétation rigoriste.
Selon lui, les dirigeants d’Ansar Dine "limitent leur action au seul Azawad (nord du Mali)" alors que Aqmi a un objectif plus large dépassant le Mali, car entendant mener un "jihad international". Quant au Mujao, il a été formé par des membres d’Aqmi "dont nous refusons toujours la dissidence, mais avec lesquels nous coopérons et restons en dialogue permanent", a-t-il dit.
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