Pèlerinage : les musulmans congolais « persona non grata » à La Mecque
Le gouvernement saoudien a décidé d’interdire aux musulmans vivant en République démocratique du Congo (RDC) de participer cette année au pèlerinage de La Mecque. La mesure viserait à éviter aux pèlerins tout risque de contamination par le virus Ebola et par le choléra, des fléaux qui touchent actuellement quelques provinces congolaises. Nécessité de prévention ou décision excessive ?
Il n’y aura pas de musulmans vivant en République démocratique du Congo (RDC) au grand pèlerinage prévu à fin du mois d’octobre. L’Arabie Saoudite a décidé de leur fermer la porte de La Mecque, suite aux épidémies d’Ebola et de choléra qui sévissent dans certaines régions du territoire congolais. Une mesure diversement appréciée.
Pour la communauté islamique du Congo (Comico), les autorités saoudiennes ont pris là une « décision responsable ». Son représentant légal, Cheik Abdallah Mangala, soutient que la mesure vise à « protéger la vie des autres pèlerins » qui feront le déplacement à La Mecque. Plus de trois millions de personnes y sont attendues.
"Peur non justifiée", selon Kinshasa
Existerait-il donc des risques de contamination si les musulmans de la RDC participaient au Hajj ? « L’épidémie est pourtant circonscrite à Isiro, à plus de 2000 km de Kinshasa », nuance Lambert Mende. Interrogé par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement congolais dit « regretter» cette décision de l’Arabie Saoudite qui laisse transparaître une « peur non justifiée », parce que, s’en défend le ministre, « l’épidémie d’Ebola est en train d’être maîtrisée ».
À l’Organisation mondiale de la santé (OMS) également, la décision semble avoir pris tout le monde de court. Aucune limitation d’entrée ou de sortie du territoire congolais n’existe à ce jour. Et « si on regarde l’évolution du nombre des décès au cours de la durée de l’épidémie [75 cas enregistrés dont 36 décès], nous avons l’impression qu’il n’augmente plus comme au début de l’épidémie », a déclaré le numéro un de l’OMS en RDC, le docteur Leodegat Bazira, à radio Okapi.
Avec ces garanties, Kinshasa espère parvenir à « rassurer les Saoudiens » afin qu’ils lèvent l’interdiction imposée aux musulmans vivant en RDC. « Mais, nous n’avons aucun imperium sur la décision du gouvernement saoudien », reconnaît Lambert Mende.
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