Libye : Ali Zeidan élu nouveau chef du gouvernement
Ali Zeidan a été élu nouveau Premier ministre le 15 octobre. L’ancien opposant à Kadhafi disposera de deux semaines pour réussir là où son prédécesseur, Moustapha Abou Chagour, a échoué : former un gouvernement qui soit accepté par l’Assemblée nationale.
Ali Zeidan a été élu nouveau Premier ministre par l’Assemblée nationale libyenne, le 15 octobre. L’ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi succède à Moustapha Abou Chagour, qui ne sera resté que trois semaines en fonction, échouant à deux reprises à former un gouvernement.
Soutenu par les libéraux de l’Alliance des forces nationales (AFN, le parti de Mahmoud Jibril, NDLR), en position de force à l’Assemblée, Ali Zeidan l’a emporté avec 93 voix contre 85 en faveur de l’actuel ministre de la Gouvernance locale, Mohamed al-Hrari, appuyé par les islamistes. Sur les 200 membres que compte le Congrès général national (CGN), 179 étaient présents et ont participé au vote.
Dissident
Ali Zeidan est un ex-opposant radical au défunt « Guide » de la Jamahiriya (« l’État des masses »), Mouammar Kadhafi. Diplomate de carrière, le sexagénaire a passé plus de 30 ans en exil après avoir fait défection en 1980 alors qu’il était en poste à l’ambassade libyenne en Inde. Il avait alors rejoint le Front national du salut libyen, une formation qui regroupait les opposants en exil. Il a vécu à cette époque en Allemagne avant de quitter le groupe pour se consacrer, depuis Genève, à la défense des droits de l’homme en Libye. Le nouveau Premier ministre a ensuite joué un rôle décisif, en qualité de représentant du CNT (Conseil national de transition) en France et en Europe pour que la communauté internationale reconnaisse les rebelles libyens comme des interlocuteurs légitimes et qu’elle mette en place une zone d’exclusion aérienne.
Son concurrent, Mohamed al-Hrari, un universitaire de 56 ans, a bénéficié pour sa part des votes des islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC) issu des Frères musulmans, ainsi que des indépendants affilés ou influencés par différents courants islamistes.
La sécurité au cœur du programme
« La sécurité sera ma principale priorité, car tous les problèmes que rencontre la Libye viennent de là », a confié le Premier ministre, repris par Le Monde. Il a également promis de composer « un gouvernement d’urgence pour résoudre les crises que traverse actuellement le pays ». Le nouveau chef du gouvernement n’a pas non plus fermé la porte aux islamistes du PJC. « L’islam est notre système de croyance et la source de notre jurisprudence », a soutenu Ali Zeidan, tout en assurant qu’il se conformera à la charia (droit musulman, NDLR), rapporte le quotidien français.
Le nouveau Premier ministre doit désormais s’atteler à une tâche complexe : la formation d’un gouvernement et surtout, l’octroi du vote de confiance à ce dernier par le Parlement. Cette étape avait été fatale à son éphémère prédécesseur, alors que la nouvelle législation libyenne n’accorde que deux tentatives successives à chaque ministre pour faire valider son gouvernement, sous peine de se voir destitué. Difficulté supplémentaire pour le nouvel élu : cette tâche doit être accomplie en deux semaines, comme l’a indiqué le président de l’Assemblée libyenne, Mohamed al-Megaryef.
Représentativité
Dans un pays marqué par les divisions tribales et régionales, établir un gouvernement qui fasse l’unanimité ne sera pas une mince affaire. La principale raison invoquée par les députés pour justifier leur refus des gouvernements de Moustapha Abou Chagour était le manque de représentativité régionale et sociale des ministres qu’il avait nommés.
L’ex-Premier ministre estime qu’une alliance, pourtant improbable, entre islamistes et libéraux, qui détiennent à eux deux la majorité des sièges réservés aux partis politiques à l’Assemblée nationale, a été à l’origine de sa destitution. Peut-être que pareil mésaventure n’arrivera pas à son successeur dans la mesure où il est issu des rangs libéraux.
Conformément au plan de transition, le nouveau gouvernement aura un mandat d’un an jusqu’à la tenue de nouvelles élections. Durant ce laps de temps, une nouvelle Constitution doit également être rédigée par le CGN.
(Avec AFP)
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