Politique étrangère des États-Unis : êtes-vous plutôt Obama ou Romney ?
Le discours de politique étrangère de Mitt Romney était très attendu. Terrorisme au Moyen-Orient, conflit israélo-palestinien, crise syrienne… Jeune Afrique vous propose de confronter le point de vue du candidat républicain à la présidentielle à celui de Barack Obama, qu’il talonne dans les sondages.
On le disait faible sur la politique étrangère. Mitt Romney s’en est pourtant mieux sorti que beaucoup l’espéraient. Renvoyant Barack Obama à un bilan en demi-teinte, il ne s’est pas exprimé sur l’Afrique, qu’il semble peu connaître, mais s’est exprimé sur des sujets forts, tels que la situation syrienne, les pays arabes ou encore le terrorisme. L’occasion d’une comparaison entre les deux prétendants à la Maison Blanche sur quatre des principaux sujets d’actualité internationale.
La lutte contre le terrorisme
Obama : C’est le principal atout du président sortant en politique étrangère. La mort d’Oussama Ben Laden, qui a mis fin à une traque longue de plus de dix ans, a permis à Barack Obama de s’attribuer une victoire de prestige sur le terrorisme et en particulier sur Al-Qaïda. Cette dernière décapitée, le président ne cesse de brandir la tête de Ben Laden comme l’évidence d’un contrat rempli devant l’opinion américaine. Pour lui, la mort de l’ancien leader terroriste a renforcé la sécurité du territoire américain.
Romney : Le candidat républicain sait que la mort de Ben Laden est le principal crédit de son adversaire. Mais l’attentat contre le consulat américain de Benghazi lui a fourni l’occasion de battre en brèche le discours victorieux d’Obama. Pour lui, le terrorisme reste menaçant et le danger qui pèse sur les États-Unis est sous-estimé par le président sortant. « Ces attaques à Benghazi étaient le travail délibéré des terroristes qui utilisent la violence pour imposer leur noire idéologie », a expliqué Romney.
L’enjeu : Derrière la lutte contre le terrorisme se joue surtout celui de la perception de l’interventionnisme américain par l’opinion américaine. Depuis le 11 septembre 2011, c’est bien pour lutter contre Al-Qaïda que la puissance américaine s’est projetée loin de ses frontières. Notamment en Afghanistan ou encore, à moindre échelle, en Irak. La mort de Ben Laden est donc fortement liée au retrait d’Afghanistan. Si elle n’était qu’une victoire à la Pyrrhus face au terrorisme international, la fin de l’engagement militaire sur le front afghan aurait tout d’une défaite.
Le conflit israélo-palestinien
Obama : La question israélo-palestinienne est le principal point noir du bilan de Barack Obama. Alors qu’il s’était engagé à la création d’un État palestinien, qu’il défend toujours, le président sortant a échoué sur ce dossier. Il doit donc gérer la déception des partisans de la solution des deux États, mais également l’hostilité d’une partie de l’électorat juif qui, comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ne verrait pas d’un mauvais œil l’élection de Mitt Romney.
Romney : Sur ce dossier, la position de Mitt Romney est proche de celle de son adversaire. Le candidat républicain est partisan, en public, d’une solution à deux États. Cependant, en privé, comme l’ont montré des images volées, Mitt Romney émettrait de sérieuses réserves à la création d’un État palestinien. Il reproche à Barack Obama de s’être trop éloigné d’Israël pour favoriser le rapprochement avec les pays arabes. Le républicain envisage de réduire le soutien des États-Unis à l’Autorité palestinienne et aimerait également conditionner l’aide à l’Égypte au respect du traité de paix unissant Le Caire à Tel-Aviv.
L’enjeu : La question israélo-palestinienne revêt une importance capitale dans la campagne pour la présidentielle américaine du fait du soutien financier que la communauté juive des États-Unis peut apporter. Depuis le Printemps arabe, les efforts diplomatiques pour se rapprocher du monde arabe se sont également multipliés. Remettre en question, ou s’opposer publiquement à la création d’un État palestinien aurait des conséquences sur les relations avec les pays arabes mais également avec une bonne partie du monde occidental, irritée par la politique autoritaire de Benjamin Netanyahu au sujet des colonies juives de Palestine.
L’Iran
La question iranienne n’offre pas de grandes divergences quant à la position des deux candidats. Fermement opposés au programme nucléaire de Téhéran, ils envisagent de soutenir Israël dans sa volonté de frapper militairement le régime des Ayatollah. Néanmoins, Obama et Romney sont en désaccord sur la ligne rouge à ne pas franchir pour l’Iran.
Si Barack Obama estime qu’il faut attendre de voir Téhéran engager des mesures directes pour acquérir l’arme nucléaire, Romney pourrait en revanche se contenter de preuves d’une « capacité nucléaire », potentiellement d’usage civil. Il envisage le redéploiement de troupes dans le golfe persique afin de montrer au régime iranien que l’option militaire est une réalité.
Le conflit syrien
Obama : Sur le dossier syrien, Barack Obama a semblé tout faire pour éviter d’apparaître au premier plan, souhaitant avant tout gérer le retrait d’Afghanistan avant de s’engager sur un autre dossier tout aussi épineux. Washington a ainsi cherché à préserver sa relation avec la Russie et la Chine, soutiens de Bachar al-Assad, essentielle également dans le cas de l’Iran. Le président sortant est opposé à toute intervention, en dehors de la présence de services secrets, dès lors qu’aucune arme chimique n’est utilisée. Si tel était le cas, « cela changerait mon équation », explique le démocrate.
Romney : C’est la principale divergence du candidat républicain sur la politique étrangère. Persuadé que les États-Unis ont tout à craindre de l’ennemi russe, dans une posture très « reagannienne », Mitt Romney espère rétablir le leadership américain en Syrie, où les alliés européens sont, selon lui, « sous l’emprise de Poutine ». Il a accusé Obama d’avoir abandonné les alliés qui se battent pour la liberté sur le sol syrien et a promis de faire en sorte que les membres de l’opposition qui partagent les valeurs américaines « obtiennent les armes dont ils ont besoin pour défaire les chars d’Assad ».
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Mathieu Olivier (@MathieuOlivier)
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