RDC : le sommet de la Francophonie à Kinshasa, c’est parti…

Le XIVe sommet de la Francophonie s’est ouvert à Kinshasa, le 13 octobre au matin. Le discours de François Hollande s’est voulu consensuel, tandis que, en coulisses, la RDC et le Rwanda continuaient de s’affronter diplomatiquement pour obtenir l’approbation de résolutions en leur faveur.

François Hollande entouré de membres d’ONG congolaises, le 13 octobre 2012 à Kinshasa. © Bertrand Langlois/AFP

François Hollande entouré de membres d’ONG congolaises, le 13 octobre 2012 à Kinshasa. © Bertrand Langlois/AFP

Publié le 13 octobre 2012 Lecture : 4 minutes.

En présence de 26 chefs d’État et de gouvernement, le XIVe sommet de la Francophonie a débuté dans la matinée du samedi 13 octobre à Kinshasa, avec deux bonnes heures de retard. Après le discours de bienvenue du président hôte Joseph Kabila, les présidents François Hollande (France), Moncef Marzouki (Tunisie) et Macky Sall (Sénégal), le Premier ministre canadien Stephen Harper et le chef de la délégation suisse, Ulrich Maurer, ont prononcé une allocution ainsi que le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf.

Le discours le plus attendu était celui de François Hollande. Après avoir jugé depuis Paris « inacceptable » la situation des droits de l’homme et de la démocratie en RDC, le président français a finalement opté pour un discours plus en retenue, essentiellement axé sur la Francophonie. « Cell-ci porte des valeurs, des principes et des exigences. Tout citoyen doit pouvoir choisir ses dirigeants », a-t-il notamment déclaré. Mais la politique, ce sont aussi des gestes. Et de ce point de vue, François Hollande a multiplié les initiatives.

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La Francophonie porte des valeurs, des principes et des exigences. Tout citoyen doit pouvoir choisir ses dirigeants.

François Hollande, président français

Poignée de main formelle

Après un rapide entretien avec son homologue congolais, il a rencontré avant la cérémonie d’ouverture les principaux leaders de l’opposition et des représentants de la société civile. Tout le monde aura également remarqué la poignée de mains rapide et très formelle entre les deux dirigeants au Palais du peuple, où se déroule le sommet. Quelques instants plus tard, l’accolade entre Hollande et Diouf a tranché par sa chaleur…

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Durant l’après midi, le président français devait inaugurer la médiathèque Floribert Chebeya, du militant éponyme des droits de l’homme, assassiné en 2010 et dont une audience cruciale du procès en appel a été reporté… à une dizaine de jours après le sommet. Hollande aura en outre un entretien bilatéral avec le leader de l’opposition, Étienne Tshisekedi. Après avoir tergiversé et hésité, le parti du Sphinx de Limete, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a finalement renoncé à une marche dans les rues de Kinshasa. Le message de l’Élysée était très clair : Hollande ne rencontrera pas un leader politique prenant le risque des déclencher des violences. Message relayé notamment à Kinhasa par l’ambassadeur de France, Luc Hallade.

Résolution controversée

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François Hollande quittera Kinshasa, samedi 13 octobre dans la soirée. Il laissera derrière lui un projet de déclaration finale pour le sommet et cinq résolutions qui doivent être adoptées par consensus, dimanche 14 octobre. Il est notamment question de consolidation de la paix dans l’espace francophone, de la situation au Mali, de bonne gouvernance dans les industries extractives et forestières, de lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée… Et de la situation en RDC.

La résolution sur ce sujet a donné lieu à une rude confrontation diplomatique entre Kinshasa et Kigali. Le texte provisoire appelle « le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter des sanctions ciblées contre tous les responsables des exactions commises dans l’Est de la RDC » et préconise que « le gouvernement congolais s’emploie activement à poursuivre en justice les auteurs des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. »

Des forces négatives à la solde d’intérêts extérieurs ont entrepris de déstabiliser le Nord-Kivu.

Joseph Kabila, président congolais

Les rebelles du mouvement du 23 mars (M23) qui contrôlent une partie du Nord-Kivu sont évidemment visés. « Des forces négatives à la solde d’intérêts extérieurs ont entrepris de déstabiliser le Nord-Kivu », a déclaré le président Kabila. En l’absence du président rwandais, Paul Kagamé, sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a rejeté les deux passages de la proposition de résolution et émis « une réserve » surle texte qui doit, selon les règles de l’OIF, être adopté par consensus. « Ce n’est pas comme cela que l’on trouvera une solution au Nord-Kivu, il faut privilégier les discussions régionales », explique-t-elle.

Prochain sommet au Sénégal ?

« Le succès de ce sommet de Kinshasa repose essentiellement sur cette résolution », assure un diplomate ouest-africain. De fait, il conviendra de relire attentivement, le 14 octobre, les textes adoptés… Si d’aventure cette résolution disparaissait, ce serait un échec pour la diplomatie congolaise. Et une victoire pour le Rwanda.

Également à l’ordre du jour de ce sommet, enfin, l’adhésion à la Francophonie du Qatar et de l’Uruguay et le choix du pays hôte pour le XVe sommet, en 2014. Après le retrait de Haïti, trois pays sont candidats : la Moldavie, le Vietnam et le Sénégal. Le pays de la Teranga tient la corde. Ce sera le dernier sommet du secrétaire général de la Francophonie et ancien chef d’État sénégalais, Abdou Diouf.
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Par Philippe Perdrix, envoyé spécial à Kinshasa

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