En finir avec le mariage des enfants : une promesse faite aux filles
Ela Bhatt est fondatrice de l’association indienne SEWA (Self Employed Women’s Association). Desmond Tutu est archevêque émérite du Cap. Ils sont membre des Elders, un groupe indépendant de dirigeants mondiaux œuvrant pour la paix, la justice et les droits de l’homme. Les Elders ont créé « Filles, Pas Epouses », un partenariat mondial pour mettre fin au mariage des enfants, regroupant 200 associations.
Le 11 octobre, nous célébrons la première Journée internationale de la fille.
C’est l’occasion de souligner que ce sont les filles qui changeront le monde. Leur autonomisation est la clé du développement. Il s’agit également de reconnaître les discriminations et les violences que les filles subissent de façon disproportionnée. À ce titre, il est particulièrement important que le thème choisi par les Nations unies pour cette journée inaugurale soit le mariage des enfants, l’une des épreuves les plus cruelles subies par les filles.
Le mariage des adolescentes, parfois à des hommes bien plus âgés, résume bien la douleur, l’injustice et le potentiel dérobé dont sont victimes tant de filles à travers le monde.
Chaque année, dix millions de filles de moins de 18 ans sont contraintes de se marier sans avoir voix au chapitre ou si peu. Cent millions de filles seront ainsi mariées dans la prochaine décennie.
Songeons, un instant, à la force extraordinaire qui pourrait être libérée si l’on pouvait leur éviter un tel sort.
À l’abri du mariage précoce, les filles ont plus de chance de rester à l’école ; elles sont moins exposées à certaines maladies comme le VIH/SIDA ; elles sont mieux préparées à fonder une famille.
Nous savons, pour en avoir été les témoins directs, qu’une femme qui a conscience de tous ces avantages sera moins disposée à marier ses propres filles très jeunes. Le mariage des enfants pourrait ainsi disparaître en une génération.
Aujourd’hui, nous avons l’occasion d’entériner une telle promesse.
Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), des objectifs internationaux fixés au début de ce siècle, sont la preuve qu’il est possible de penser et d’agir à grande échelle. Bien qu’il reste beaucoup à faire avant l’échéance de 2015, les OMD ont déjà contribué de manière historique à faire reculer la pauvreté.
Ces progrès seront toutefois limités si nous ne parvenons pas à traiter des injustices aussi flagrantes que le mariage des enfants. Alors que nos dirigeants commencent à réfléchir à de nouveaux objectifs pour succéder aux OMD après 2015, nous estimons que le mariage des enfants devrait être considéré comme l’un des obstacles majeurs au développement.
Bien que les traditions puissent avoir une fonction de lien social, elles ont été créées par l’homme. Si elles deviennent nuisibles, nous devons les modifier.
On justifie trop souvent le mariage des enfants en invoquant les coutumes ou les traditions. Bien qu’elles puissent avoir une fonction de lien social, nous rappelons régulièrement qu’elles ont été créées par l’homme. Si elles deviennent nuisibles, nous devons les modifier.
Lors de nos voyages en tant qu’Elders en Asie et en Afrique, nous avons rencontré des jeunes filles courageuses – ainsi que des garçons – qui n’hésitent pas à s’opposer aux traditions et à dire non au mariage précoce.
Ces rencontres nous ont convaincus qu’il existe un réel besoin de connecter différents groupes et de leur permettre de travailler ensemble. Cela nous a conduits à créer, l’année dernière, « Filles, pas épouses », un partenariat mondial qui réunit aujourd’hui près de deux cents organisations des quatre coins du monde.
Jour après jour, les voix de ces filles et garçons se font davantage entendre. Nous croyons fermement qu’un consensus international sur la nécessité de mettre fin au mariage des enfants est désormais en vue.
En créant « Filles, pas épouses », nous avions souhaité en finir avec le mariage des enfants en l’espace d’une génération. Pourquoi ne pas prendre l’engagement d’éliminer cette pratique néfaste d’ici 2030 ?
Cela aurait un effet direct sur la santé, l’éducation et l’égalité des chances. Ainsi, au fil des générations, les filles pourraient développer pleinement leur potentiel, accroître les bénéfices légués par leur propre mère – et permettre à leurs filles de faire de même.
En cette première Journée internationale de la fille, nous appelons la communauté internationale à faire aux filles la promesse d’une vie différente – une vie selon leurs propres choix.
Le message vidéo des Elders pour la Journée internationale de la fille :
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