La jeune Tunisienne violée saura « dans les prochains jours » si elle est inculpée d’atteinte à la pudeur

La jeune femme de 27 ans violée par deux policiers au début de septembre comparaissait, mardi 2 octobre, devant un juge d’instruction de Tunis. Soupçonnée d' »atteinte à la pudeur », elle devrait se voir signifier son éventuelle inculpation ou le classement de son dossier sans suite « dans les prochains jours », selon son avocate.

Des manifestantes soutiennent la jeune « Maryam », le 2 octobre 2012 devant le tribunal de Tunis. © AFP

Des manifestantes soutiennent la jeune « Maryam », le 2 octobre 2012 devant le tribunal de Tunis. © AFP

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Publié le 2 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Ils sont venus par centaines devant le tribunal de première instance de Tunis pour soutenir « Myriam » – un pseudonyme, car son identité est maintenue secrète. Cette jeune femme de 27 ans, violée par deux policiers au début du mois de septembre, était interrogée par un juge d’instruction au tribunal de première instance de Tunis.

Durant cet interrogatoire de près de deux heures, Mohamed Ben Meftah, juge d’instruction au bureau numéro 13, a notifié à la jeune femme et à son fiancé les soupçons d’« atteinte à la pudeur » qui pèsent sur eux. Selon l’article 226 du code pénal tunisien, le délit est passible de six mois de prison.

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Concrètement, deux options sont possibles. Soit le dossier de la jeune femme et de son compagnon est renvoyé devant un tribunal compétent, assorti d’une inculpation formelle, soit l’affaire est classée et les poursuites abandonnées.

Contactée par Jeune Afrique à l’issue de l’audience, Emna Zahrouni, l’avocate de la jeune femme, estime que le juge d’instruction rendra sa décision dans « les prochains jours. (…) Je suis optimiste, je pense que la deuxième option [le classement sans suite de l’affaire, NDLR] sera retenue », affirme-t-elle.

« Cette accusation ne tient pas la route, il n’y a aucune preuves », ajoute-t-elle. Me Zahrouni n’a cependant pas souhaité en dire davantage sur le contenu de l’audience en raison du secret de l’instruction.

Sanglots

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La jeune femme, violée dans la nuit du 3 au 4 septembre par deux policiers dans un parc de Tunis, est repartie du tribunal le visage caché par un foulard et des lunettes de soleil, sans s’exprimer. À son arrivée, elle avait toutefois déclaré à l’AFP, des sanglots dans la voix : « Le monde entier me soutient. Je demande votre soutien ».

Selon l’accusation, qui s’appuie sur le témoignage des violeurs présumés, le couple a été surpris par les policiers dans une « position immorale », lors de leur interpellation. Deux agents ont alors conduit la jeune femme dans un véhicule de police où ils l’ont violée, pendant qu’un troisième tentait d’extorquer de l’argent au jeune homme tout en le maintenant à l’écart.

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Les policiers, incarcérés au début de septembre, risquent gros. Le viol avec violence est théoriquement passible de la peine capitale en Tunisie. Aucune exécution n’a cependant eu lieu depuis plus de vingt ans.

Depuis sa révélation, l’affaire a déclenché un immense tollé en Tunisie. Des opposants, des ONG et des médias considèrent que ce dossier illustre la politique à l’égard des femmes menée par les islamistes d’Ennahdha qui dominent le gouvernement.

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Benjamin Roger (@benja_roger)
 

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