Libye : Washington brocardé pour avoir changé de versions au sujet de l’attaque de Benghazi
L’administration américaine est brocardée par l’opposition républicaine pour avoir constamment changé de versions sur l’attaque du 11 septembre contre son consulat à Benghazi, avant d’admettre qu’il s’agissait d’un « acte terroriste » impliquant Al-Qaïda.
A quarante jours de la présidentielle, "l’affaire de Benghazi" fait beaucoup du bruit sur la scène politique américaine, le camp du candidat républicain Mitt Romney accusant celui du président Barack Obama de "chercher à tromper les Américains" en masquant des failles en matière de sécurité et de renseignement à Benghazi (est de la Libye).
Au lendemain de l’attaque qui a coûté la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens et à trois agents américains, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton condamne un "attentat" commis par un "petit groupe sauvage". Le département d’Etat parle alors d’une "attaque complexe d’extrémistes libyens". La Libye, de son côté, montre du doigt des partisans "étrangers" d’Al-Qaïda mêlés à ceux du régime déchu du colonel Kadhafi.
Mais Washington amende rapidement sa version officielle. L’assaut est mis sur le compte d’une "foule en colère" qui manifestait devant le consulat contre le film islamophobe "L’innocence des musulmans". L’ambassadrice à l’ONU Susan Rice affirme le 16 septembre sur toutes les télévisions que cette attaque à l’arme de guerre n’était ni "coordonnée", ni "préméditée" et résultait d’un rassemblement "spontané" devant la mission consulaire. La Maison Blanche confirme alors "n’avoir aucune information laissant penser à une attaque planifiée".
Mais le 19 septembre, le patron de la lutte antiterroriste, Matthew Olsen, reconnaît que ses quatre compatriotes "ont été tués au cours d’une attaque terroriste". A ses yeux, toutefois, l’attentat a été perpétré "de manière opportuniste".
"Attaque terroriste planifiée"
Il évoque aussi, très prudemment, des "connexions" possibles entre "des individus impliqués dans l’attaque et Al-Qaïda au Maghreb islamique" (Aqmi). La télévision Fox News affirme même qu’un ancien de Guantanamo, Sufyan Ben Qumu – transféré en Libye en 2007 et libéré un an plus tard – est dans le coup. La semaine dernière, la Maison Blanche a admis pour la première fois le caractère "terroriste" de l’attaque. "Le président (Obama) pense qu’il s’agit d’une attaque terroriste", a répété mercredi son porte-parole. Le même jour à l’ONU, Mme Clinton a semblé aller plus loin en faisant dans une phrase alambiquée le lien entre Aqmi et l’attentat en Libye. Le département d’Etat a ensuite tempéré ses propos. Le secrétaire à la Défense Leon Panetta a lui aussi finalement reconnu jeudi une "attaque terroriste planifiée", mais sans désigner la main d’Al-Qaïda. C’est ce qu’a fait vendredi la Direction du renseignement américain (DNI) en déclarant que "certains (des assaillants) étaient liés à des groupes affiliés à, ou proches d’Al-Qaïda".
Les républicains ne se sont pas privés pour fustiger ces multiples changements de pied du gouvernement démocrate. "On nous a d’abord dit qu’il s’agissait d’une manifestation spontanée contre une vidéo et on apprend maintenant que c’était une attaque terroriste planifiée, perpétrée le jour anniversaire du 11-Septembre et impliquant des éléments d’Al-Qaïda!", s’est insurgé sur Fox News le conseiller de Mitt Romney, Eric Fehrnstrom. Il a tenu le président "Obama responsable des tentatives de son gouvernement pour tromper les Américains sur ce qui s’est passé à Benghazi".
Un influent élu républicain du Congrès, Pete King, a même réclamé vendredi soir la démission de Susan Rice, une très proche du président Obama, la jugeant sur CNN "irresponsable" comme "porte-parole devant le monde entier de la politique étrangère de l’Amérique".
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