Libye : à Tripoli, une brigade de « vrais révolutionnaires » fait le ménage

Depuis samedi 22 septembre, les autorités libyennes traquent les différentes milices armées qui font la loi dans le pays. Reportage au sein d’une brigade anti-milice à Tripoli.

Des membres de la Force nationale mobile à Tripoli. © AFP

Des membres de la Force nationale mobile à Tripoli. © AFP

Publié le 24 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Cette fois, l’évacuation a eu lieu sans heurts ni coups de feu. Comme beaucoup de jeunes brigades de l’armée libyenne, la « Force nationale mobile » avait ce week-end pour mission de chasser les différentes milices armées qui pullulent à travers le pays depuis la fin de la révolution. Le 23 septembre, à Tripoli, elle a délogé une milice qui s’était approprié de luxueuses villas abandonnées par des membres de l’ancien régime dans le complexe résidentiel de Régata.

Dans la discipline la plus totale, des dizaines de membres de la « Force nationale mobile » sont entrés dans le complexe sous le regard des habitants du quartier, plus habitués à voir des brigades d’ex-rebelles désordonnés, bruyants et mal organisés.

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Une fois le dispositif en place, les commandants de la brigade ont négocié avec la milice occupant les lieux, qui a finalement décidé de quitter le site sans opposer la moindre résistance.

Auparavant, cette force, qui dépend du ministère de la Défense, avait pris possession d’un site militaire sur la route de l’aéroport de la capitale libyenne. Les membres de la milice qui étaient sur le site ont été arrêtés et leurs armes confisquées, a affirmé la brigade dans un communiqué qui ne fait pas état de victimes.

Réputation ternie

« Notre mission est d’évacuer toutes les installations publiques et les propriétés privées occupées par des groupes qui ne sont pas sous l’autorité de l’État », explique Haj Moussa, un des dirigeants de la Force nationale mobile.

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Ambassade de Benghazi : une "attaque" sans lien avec les manifestations contre le film islamophobe

Le chef de la commission du renseignement à la Chambre des représentants, Mike Rogers a affirmé, dimanche 23 septembre, que l’attaque du consulat américain de Benghazi, au cours de laquelle l’ambassadeur en Libye, Christopher Stevens, a été tué, n’est pas liée aux manifestations provoquées par le film anti-islam « Innocence of Muslims ». « Je n’ai pas vu d’éléments qui montrent qu’il y avait une manifestation en cours comme on l’a vu devant d’autres ambassades à ce moment-là », a confié l’élu républicain sur CNN, ajoutant que l’action « était clairement conçue comme une attaque ».

Mike Rogers en a profité pour tacler l’administration Obama qui selon lui « a donné de la crédibilité à cette vidéo que personne en Amérique et très peu de personnes au Moyen-Orient n’avaient vue » en faisant passer des messages publicitaires au Pakistan pour condamner ce film. De son côté Washington a affirmé jeudi 20 septembre qu’il s’agissait d’une « attaque terroriste » même si une enquête est menée sur le caractère opportuniste ou non de l’attaque.

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Selon lui, cette unité est composée de « vrais révolutionnaires » ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi lors de la révolution de 2011 puis abandonné les armes après la « libération du pays ».

« Ces jeunes ont repris les armes pour défendre leur réputation, ternie par des milices de criminels, des gens qui n’avaient rien à voir avec la révolution et qui se cachent sous l’appellation de révolutionnaire pour piller, commettre des crimes ou imposer des idées politiques ou religieuses », analyse un autre commandant sous couvert de l’anonymat.

« Les membres de cette force n’ont suivi aucun entraînement », dit-il. Ils ont eu « suffisamment d’expérience sur différents fronts durant la révolution pour leur permettre de mener à bien les tâches qui leur sont confiées », ajoute-t-il.

Rébellion anti-islamiste à Benghazi

« La discipline est notre maître-mot ici », affirme-t-il aussi, expliquant que la plupart des membres de la brigade sont venus des villes de l’ouest du pays, comme Jado, Yefren, Nalout ou Zouara. « C’est le chef d’état-major qui nous donne les instructions et identifie les sites à évacuer. Nous recevons l’information quatre ou cinq heures avant l’opération. Nous envoyons rapidement une équipe pour repérer les lieux et puis on prépare notre plan ».

Le 22 septembre au soir, l’armée a fixé un ultimatum de 48 heures aux milices et groupes armés pour évacuer les sites qu’ils occupent en Libye. Les autorités ont ordonné la dissolution de toutes les formations armées « qui ne sont pas sous la légitimité de l’État », au lendemain d’une sanglante rébellion des habitants de Benghazi (est) contre des miliciens islamistes.

(Avec AFP)

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