Intervention au Nord-Mali : la Cedeao exige de Bamako des concessions, l’ONU réclame un « plan réaliste »

La Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’a pas donné son accord pour une intervention au Mali dans les termes fixés par Bamako. L’organisation régionale, qui juge indispensable le déploiement de troupes combattantes dans le pays et la présence de militaires étrangers pour assurer la sécurité dans la capitale malienne, demande au gouvernement malien de revoir sa copie.

Des militaires de la Cedeao. © AFP

Des militaires de la Cedeao. © AFP

Publié le 21 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

La Cedeao a remis une réponse négative à la demande officielle d’aide que lui a transmise le Mali au début de septembre. L’organisation régionale n’est pas satisfaite des conditions fixées par le Mali, a confié une source diplomatique, vendredi 21 septembre. Et elle presse Bamako de revoir sa copie pour mettre en place une intervention armée dans le Nord du pays aux mains de groupes islamistes armés depuis cinq mois.

Les ministres ivoiriens des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, et de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, se sont déplacés le 20 septembre à Bamako afin de remettre la réponse de la Cedeao en mains propres au président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré.

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Les négociations achoppent sur deux points

Deux des trois points formulés par Bamako indisposent la Cedeao car ils nuiraient, selon elle, au bon déroulement d’une éventuelle intervention, révèlent des sources diplomatiques.

La première pierre d’achoppement concerne le déploiement de forces militaires à Bamako. Dioncounda Traoré, respectant la volonté de l’ex-junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, a clairement fait part de son opposition à toute présence de soldats étrangers dans la capitale malienne. De son côté, la Cedeao estime que le Mali doit revoir sa position et consentir au déploiement à Bamako d’un minimum de militaires issus des pays voisins. L’organisation régionale juge ce point indispensable non seulement pour assurer la logistique de l’opération mais également pour sécuriser les institutions de transition, affirment des sources diplomatiques.

Le déploiement de troupes ouest-africaines combattantes constitue la deuxième pomme de discorde entre Bamako et la Cedeao. Traoré a toujours défendu la mise en place d’une aide voisine limitée à un soutien logistique et aérien, doublée d’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reprises aux mains des jihadistes. La Cedeao argue en revanche qu’une aide à la formation de l’armée malienne et un appui logistique et aérien sont largement insuffisants pour résoudre la crise et que les troupes ouest-africaines ne sauraient se trouver confinées dans une position passive. Le 19 septembre, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur dans la crise malienne, avait déjà annoncé que les conditions posées par Bamako compromettaient un déploiement efficace des troupes de la Cedeao au Mali.

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Réponse du Mali attendue

Selon une source officielle malienne, la souveraineté nationale du Mali n’est pas négociable : « Si une intervention de troupes étrangères est nécessaire, nous voulons que les pays volontaires se manifestent et que le Mali choisisse les pays qui lui conviennent. C’est également à nous de déterminer la durée du déploiement des troupes chez nous et où elles doivent être positionnées ».

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La balle est désormais dans le camp du Mali, qui doit revoir sa position et accepter quelques concessions alors que le projet d’un déploiement de 3 300 soldats au Mali est dans les cartons de la Cedeao depuis plusieurs mois. Si les deux parties parviennent à s’entendre, l’organisation régionale, qui attend désormais une réponse de Traoré, transmettra un projet de résolution à l’Union africaine. Celui-ci devra encore être examiné et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies (lire l’encadré ci-dessous).

Depuis mars, le nord du Mali est aux mains de groupes islamistes qui ont prêté allégeance à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Dans les territoires qu’ils contrôlént, les islamistes ont instauré la charia (loi islamique). En conséquence, un couple jugé illégitime a été lapidé à mort, des hommes accusés de vol ont été amputés et les islamistes ont détruit de nombreux tombeaux de saints musulmans, le dernier en date à Gao.

(Avec AFP)

L’ONU s’impatiente

Répondant au souhait de la Cedeao de bénéficier du soutien de l’ONU en vue d’une intervention, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l’instance internationale se sont dits prêts, vendredi 21 septembre à étudier le déploiement d’une force armée de la Cedeao au Mali, sous réserve toutefois que l’intervention fasse l’objet d’une « proposition réaliste ».

L’ONU exige qu’un plan militaire précise les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement d’une force régionale au Mali. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, doit se tenir dans la foulée, le 26 septembre à New York.

D’autre part, à travers une déclaration, le Conseil a fait part de sa profonde inquiétude concernant les violations des droits de l’homme perpétrées par les islamistes dans le nord du pays. L’instance suprême de l’ONU a également sommé les  groupes de rebelles maliens de prendre leurs distances vis-à-vis d’Al-Qaïda.

(Avec AFP)

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