Ama, Nubya, Keza…: des poupées qui disent « maman » en plusieurs langues africaines
Elles ne sont pas vaudou. Encore moins gonflables. Les poupées de la société britannique Rooti Creations sont en revanche fières de leurs origines. Les charmantes Keza, Ama ou encore Simbi ne se contentent pas de refléter l’identité africaine : elles sont de vraies ambassadrices de la richesse linguistique du continent.
Loin de la pauvreté de vocabulaire d’une poupée Barbie désespérément muette, « Gorgeous Ama » a tout d’une intellectuelle. Sous son épaisse chevelure noire : une tête bien faite capable de s’exprimer en quatre langues ghanéennes : le Twi, le Ga, le Ewe ou encore le Krobo. Une prouesse peu commune dans le monde très occidental de l’industrie des jouets pour enfants.
Et Ama n’est pas la seule. Dans sa maison de poupées, elle ne s’entoure que de quadrilingues. Sa colocataire, « Lovely Nubya », robe à poids, bas rayés de rouge, dont les parents sont originaires du Cap, en Afrique du Sud, a ainsi pour panoplie le Zoulou, le Thoxa, le Twana et le Swati. Shiroh, d’origine kényanne et éthiopienne et Simbi, aux racines nigérianes, sont toutes deux aussi douées dans leurs langues respectives. Sans parler de Keza, à la robe à fleurs et aux couettes disproportionnées, dont les parents ont émigré vers Londres depuis le Zimbabwe et la Zambie.
Poupées de sons
Objectif de cette panoplie linguistique quelque peu inabituelle pour de simples poupées destinées à des enfants de plus de trois ans : « préserver l’identité et la culture africaines ». C’est l’entreprise britannique Rooti Creations, lancée en 2011, qui commercialise ces jeunes professeures en plastique. Elle explique que ses créations sont nées de la simple envie de donner aux enfants de la diaspora africaine la possibilité d’apprendre au plus tôt les langues de leurs ancêtres. Un coup marketing, certes, mais plutôt rafraîchissant.
Au regard du prix de l’heure d’enseignement linguistique, celui d’une poupée de Rooti Creations (40 livres sterling, hors frais de transport), n’est pas forcément démesuré. Mais après un certain âge, les parents seront obligés de prendre le relais. Car le vocabulaire de la poupée zoulou, par exemple, reste relativement limité. Nubya peut certes éveiller un enfant de trois ans, mais les poèmes de Mazisi Kunene seront sans doute plus stimulants par la suite. Chaque chose en son temps…
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