Nord-Mali : pour Compaoré, une intervention « efficace » de la Cedeao n’est pas encore possible

Blaise Compaoré n’est décidément pas sur la même longueur d’onde que les autorités maliennes, qui refusent de voir le moindre soldat étranger à Bamako. Du coup, le président burkinabè et médiateur de la Cedeao dans la crise malienne juge qu’une intervention de l’organisation ouest-africaine pour libérer le Nord-Mali n’est pas possible.

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, le 18 septembre 2012 à Paris. © Bertrand Langlois/AFP

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, le 18 septembre 2012 à Paris. © Bertrand Langlois/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 19 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Interrogé par la chaîne France 24 lors de son séjour à Paris, mercredi 19 septembre, le président burkinabè Blaise Compaoré estime que les conditions posées par le Mali pour une intervention militaire de la Cedeao ne sont pas réalistes. « Les conditions qui accompagnent cette requête [de Bamako, NDLR] font qu’il est impossible pour la Cedeao aujourd’hui d’être de façon efficace sur le terrain », a-t-il déclaré.

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré a demandé officiellement l’intervention de l’organisation ouest-africaine, le 4 septembre, mais en excluant formellement l’envoi de troupes « combattantes ».

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« Bamako souhaite avoir des troupes de la Cedeao mais ne souhaite pas les avoir dans le sud du pays, par exemple à Bamako, ce qui est impossible », a réagi Blaise Compaoré, au lendemain d’un entretien avec son homologue français François Hollande.

Manque de clarté

Pour justifier sa position, celui qui est aussi médiateur de la Cedeao dans la crise malienne met en avant « la nécessité pour une éventuelle force d’intervention de disposer d’un aéroport, d’une antenne médicale, de transmissions mais aussi d’un dispositif qui permette d’éviter que les mouvements armés puissent par des infiltrations déstabiliser Bamako ».

Et de fustiger le manque de clarté de la part de son allié malien. « On peut regretter que malgré l’engagement et la détermination de la communauté internationale et l’entière disponibilité de la Cedeao, le processus de sortie de crise au Mali manque de souffle. Il manque un leader actuellement dans ce processus du côté du Mali », a ajouté Compaoré.

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Cavalier solitaire

Dans son viseur, la difficile entente entre les politiques et les leaders du putsch du 22 avril à Bamako, dont le capitaine Amadou Haya Sanogo, qui contrôlent l’armée et veulent garder la main sur le processus de reconquête du Nord. Et engranger la popularité qui lui serait lié… Ainsi, dans leur reqête, les autorités maliennes ont invité les troupes ouest-africaines à ne leur apporter qu’un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises.

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De Bamako, Compaoré est vu comme un cavalier solitaire, qui mène de manière unilatérale sa médiation avec certains groupes armés, notamment les Touaregs indépendantistes du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine. « Il y a des Maliens qui demandent l’indépendance, il y a des Maliens qui veulent la charia. Comme ailleurs, on discute d’abord pour voir si on peut les intégrer dans la République, si on peut limiter ces revendications extrêmes, parfois extrémistes », a expliqué le président burkinabè. Qui prône toutefois une attitude de fermeté immédiate envers les autres groupes armés comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

(Avec AFP)

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