Rwanda : Léon Mugesera comparaît devant la justice rwandaise pour « incitation au génocide »

Le procès de Léon Mugesera s’est ouvert à Kigali le 17 septembre. L’ex-homme politique, extradé par le Canada vers le Rwanda en janvier dernier, comparaît pour « incitation au génocide ». L’accusé a toutefois à nouveau fait valoir plusieurs motifs pour déposer une demande de renvoi du procès.

L’ex-homme politique rwandais, Léon Mugesera, a été extradé vers Kigali en janvier dernier. © AFP

L’ex-homme politique rwandais, Léon Mugesera, a été extradé vers Kigali en janvier dernier. © AFP

Publié le 18 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Lundi 17 septembre, le procès pour « incitation au génocide » de l’ex-homme politique rwandais Léon Mugesera s’est ouvert à Kigali. Le procès s’accompagne de l’examen d’une demande de renvoi émanant de l’accusé, a précisé l’AFP.

Le porte-parole du parquet rwandais Alain Mukurarinda a indiqué qu’il s’agissait de l’ouverture du procès sur le fond, après plusieurs audiences de procédure. Lors du premier jour du procès, la Cour s’est contentée d’examiner la demande de renvoi, avant d’ajourner l’audience en début d’après-midi et d’indiquer qu’elle ferait part de sa décision sur cette requête le lendemain, mardi 18 septembre, au moment de la reprise des débats.

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Plusieurs motifs ont été avancés par Léon Mugesera et son avocat pour motiver leur demande de renvoi du procès à une date ultérieure. L’ex-homme politique a notamment argué que la Cour suprême doit se prononcer, le 28 septembre, sur une requête de l’accusé relative à la procédure.

Pages manquantes

La défense a également souligné qu’elle ne possèdait qu’un exemplaire numérisé du dossier canadien – qui comprend 40 000 pages – et fait la demande d’une copie papier. Elle a aussi soutenu que des pages étaient manquantes dans le dossier rwandais.

Enfin, la défense a réclamé au parquet la traduction en anglais et en français du dossier rwandais, rédigé en kinyarwanda, afin de faciliter l’étude de celui-ci par les avocats étrangers de M. Mugesera.

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De son côté, le Parquet a requis le rejet de la demande de M. Mugesera, précisant notamment que le procès n’était pas lié à la décision qui doit être rendue par la Cour suprême. Par ailleurs, l’accusation a également prié le tribunal de ne pas donner suite à la requête de traduction du dossier, arguant que la Cour avait déjà rejeté une demande de l’accusé d’être jugé en français et qu’elle avait alors décrété que le procès se tiendrait en kinyarwanda.

L’un des déclencheurs du génocide ?

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M. Mugesera, linguiste natif du nord du Rwanda, est jugé pour un discours violemment anti-Tutsis formulé en 1992 à l’occasion d’un rassemblement du parti au pouvoir (du président hutu d’alors, Juvénal Habyarimana), auquel il appartenait. Il est reproché à M. Mugesera d’avoir qualifié les Tutsis de « cafards » et d’avoir incité les Hutus à les exterminer.

Kigali perçoit ce discours comme un élément déclencheur du génocide de 1994. Ce dernier a, d’après les chiffres de l’ONU, causé la mort de 800 000 personnes, principalement au sein de la minorité tutsie.

Léon Mugesera résidait depuis 1993 au Canada, avec sa femme et ses enfants. Alors que Kigali demandait son extradition depuis 1995, M. Mugesera s’était ingénié, avec succès, à faire bloquer la procédure jusqu’en janvier dernier, en multipliant les recours.

Depuis qu’il a été extradé du Canada, M. Mugesera a comparu à plusieurs reprises au cours d’audiences de procédure, lors desquelles il a systématique invoqué divers motifs pour réclamer de nouveaux délais avant d’être jugé.

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