Togo : l’ancien PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, inculpé de « complicité d’escroquerie »

Transféré en dehors de toute procédure judiciaire d’Abidjan à Lomé durant le week-end, Loïk Le Floch Prigent a été inculpé, lundi 14 septembre, de « complicité d’escroquerie », a annoncé mardi son avocat togolais. Mais les faits précisément reprochés à l’ancien PDG d’Elf demeurent obscurs.

Loik Le Floch-Prigent à son arrivée au tribunal de Lomé, le 17 septembre 2012. © Emile Kouton/AFP

Loik Le Floch-Prigent à son arrivée au tribunal de Lomé, le 17 septembre 2012. © Emile Kouton/AFP

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Publié le 18 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Loïk Le Floch Prigent, qui a été entendu lundi 17 septembre pendant trois heures par un juge du tribunal de Lomé, « a été inculpé de complicité d’escroquerie », a annoncé son avocat togolais, Me Rustico Lawson-Bankou, mardi 18 septembre.

Les auditions devraient reprendre ce mardi. L’ancien PDG d’Elf, déjà condamné en 2003 à cinq ans de prison dans l’affaire Elf pour des malversations financières, n’a fait aucune déclaration à son arrivé au palais, lundi. Il était escorté par trois gendarmes mais n’était pas menotté, selon les témoins.

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Le contenu des auditions en cours suscite de nombreuses questions. Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice togolaise pour son implication présumée dans une escroquerie internationale, Le Floch-Prigent a été arrêté à Abidjan, vendredi 14 septembre au soir, alors qu’il s’apprêtait à monter dans un avion d’Air France. Puis transféré le lendemain au Togo sans autre forme de procès.

Arnaque à la nigériane ?

Quelle est la réalité des faits reprochés à Loïk Le Floch-Prigent ? La justice togolaise l’accuse de complicité dans une affaire d’arnaque à la nigériane, qui aurait coûté 48 millions de dollars à un homme d’affaire émirati, Abbas El Youssef, et dans laquelle l’ancien ministre togolais, Pascal Bodjona, a été inculpé et écroué.

Abbas El Youssef, qui dirige une société d’investissements notamment dans le pétrole et le gaz, est en conflit avec un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba. Il l’accuserait de l’avoir entraîné dans une escroquerie, qui paraît peu vraisemblable selon les détails qui ont « fuité »vers la presse. On lui aurait fait miroiter une commission pour son aide dans le déblocage de fonds (275 millions de dollars) appartenant à un soi disant ayant droit de l’ancien président ivoirien Robert Gueï (qui serait sa veuve, assassinée en même temps que lui…)

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Deal pétrolier secret ?

Reste que Abass Al Youssef serait propriétaire d’une entreprise pétrolière qui emploie Loïk Le Floch-Prigent comme conseiller. Mais selon une source judiciaire togolaise, l’Émirati accuserait l’ancien PDG d’Elf d’être le « conseiller personnel de M. Agba » et d’être « le chef d’orchestre dans cette affaire d’escroquerie » qui, en réalité, pourrait porter sur un deal pétrolier resté secret.

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Quoi qu’il en soit, le règlement de compte économique pourrait se doubler d’un règlement de compte politique. Un avocat de M. Bodjona, Jil-Benoit Afangbedji, a avancé dimanche que son client avait été impliqué à cause de rumeurs sur sa candidature à la présidentielle en 2015. Et Me Klugman de conclure : Loïk Le Floch-Prigent « est l’enjeu d’une affaire intérieure à la politique togolaise ». L’avocat dit par ailleurs craindre pour l’intégrité physique de son client, qui va bientôt avoir 69 ans, et doit subir une intervention médicale prévue le 26 septembre à Paris.

(Avec AFP)
 

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