Nord-Mali : la Cedeao met la dernière main à son projet d’intervention militaire
La Cedeao finalise son projet d’intervention militaire au Mali, lors d’une réunion des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’organisation régionale, lundi 17 septembre à Abidjan. Objectif : obtenir prochainement un mandat de l’ONU.
Lundi 17 septembre se tient à Abidjan une réunion entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). À l’ordre du jour : la discussion d’un projet de déploiement d’une force internationale au Mali, qui pourrait être présenté le lendemain par les chefs d’État africains concernés devant l’Assemblée générale des Nations Unies, à New-York.
Pour préparer ce projet, les chefs d’état-major de la Cedeao se sont réunis les 14 et 15 septembre à Abidjan. Le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, s’est montré plutôt satisfait à l’issue du sommet avec ces homologues : « Nous avons exprimé à travers ces propositions notre détermination à exécuter la mission qui nous a été confiée afin d’aider le Mali et le peuple malien dans la reconquête du nord du territoire occupé » par des groupes proches d’Al-Qaïda, qui ont instauré la charia (loi islamique). Dioncounda Traoré, président par intérim du Mali, avait officiellement réclamé l’intervention des forces militaires de la Cedeao, le 4 septembre dernier.
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De son côté, le président ivoirien Alassane Ouattara s’est déplacé le 14 septembre à Abuja. Celui qui occupe également la fonction de président de la Cedeao, a rencontré son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, et le président du Bénin, Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine. La réunion visait à « harmoniser les positions » sur la question malienne.
Divergences sur la forme de l’intervention
Bien que le projet d’un déploiement de 3 300 soldats soit dans les cartons de la Cedeao depuis des mois, des divergences demeurent et l’organisation régionale a été contrainte de modifier ces projets initiaux, qui comprenaient notamment le déploiement de soldats à Bamako pour sécuriser le régime de transition.
Dans sa demande d’aide à la Cedeao, Dioncounda Traoré a cependant précisé que « le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet », répondant ainsi à un souhait exprimé à plusieurs reprises par l’ex-junte militaire de Bamako. Les autorités maliennes souhaitent que l’aide des pays voisins reste cantonnée à un soutien logistique et aérien, couplée à une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reprises aux islamistes.
Dans ce cadre, le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, a tenu à rassurer les autorités maliennes : « personne ne cherche à se substituer aux Maliens, les premiers concernés. La Cedeao ne fait qu’accompagner le pays frère ». Coulibaly a refusé de reprendre à son compte les critiques visant les « atermoiements » de Bamako, et assure que « les autorités maliennes sont conscientes de la gravité de la situation ».
L’ONU exige une demande claire
Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la Cedeao, a fait quant à lui preuve de moins d’indulgence à l’égard des autorités maliennes en soutenant que les pays d’Afrique de l’Ouest exigent « plus de cohérence politique et militaire » avec Bamako, en préalable à toute démarche auprès de l’ONU.
De fait, le Conseil de sécurité des Nations unies a réclamé davantage de précisions à la Cedeao avant d’autoriser tout déploiement au Mali. « Le Conseil de sécurité, voyant que cette opération n’est pas prête, ne l’a pas autorisée. Or le feu vert de l’ONU est une condition sine qua non », a indiqué un diplomate occidental en Afrique de l’Ouest. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, doit se tenir le 26 septembre à New York.
Le Sénégal et le Ghana ont décliné l’invitation
La France, ex-puissance coloniale au Sahel, a plusieurs fois jugé « inéluctable » une intervention militaire, promettant un appui « logistique », en répétant qu’« avec Al-Qaïda, on ne négocie pas ».
Cependant, les pays africains « ne sont pas nombreux à répondre à l’appel » pour l’envoi de troupes, ne cache pas le diplomate occidental. À ce titre, le Sénégal et le Ghana, tous deux membres de la Cedeao, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’envisageaient pas de déployer des troupes au Mali. Au contraire, le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a fait savoir que son pays se montrerait « très disponible » en cas d’intervention.
(Avec AFP)
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