Attaque de Benghazi : la Libye annonce l’arrestation de plusieurs suspects

Des personnes suspectées d’être impliquées dans l’attaque contre le consulat américain de Benghazi ont été arrêtés, jeudi 13 septembre, en Libye. Al-Qaïda est soupçonnée d’avoir prémédité l’assaut.

Les bâtiments du consulat américain de Benghazi, le 12 septembre 2012. © AFP

Les bâtiments du consulat américain de Benghazi, le 12 septembre 2012. © AFP

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Publié le 13 septembre 2012 Lecture : 4 minutes.

Mis à jour à 18h20.

D’après les autorités libyennes, l’enquête sur l’attaque contre le consulat des États-Unis à Benghazi est complexe, mais elle progresse. Jeudi matin, Tripoli a annoncé avoir arrêté des suspects, soupçonnés d’être derrière l’assaut qui a coûté la vie à quatre Américains dont l’ambassadeur Chris Stevens, ainsi qu’à plusieurs agents de sécurité libyens.

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« Nous avons fait une importante avancée. Nous avons des noms et des photos. Des arrestations ont eu lieu et d’autres sont menées au moment où je vous parle », a déclaré Moustapha Abou Chagour, dans sa première interview depuis son élection la veille par l’Assemblée nationale à la tête du futur gouvernement. Il n’a pas donné de détails sur le nombre ou l’éventuelle appartenance des personnes arrêtées. « Nous ne voulons pas catégoriser ces gens avant qu’on les connaisse avec précision », a-t-il ajouté.

L’attaque survenue mardi soir, jour du 11e anniversaire des attentats du 11 septembre, et dans laquelle Al-Qaïda pourrait être impliquée, a suscité une vague de condamnations internationales. Aux États-Unis, le président Barack Obama a demandé la collaboration de la Libye afin d’arrêter et traduire en justice les auteurs des meurtres.

Près d’un an après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, l’événement illustre une fois de plus l’incapacité des nouvelles autorités libyennes à assurer la sécurité dans le pays, où les milices armées font la loi. Les ministères de « l’Intérieur et la Justice ont commencé les investigations et la collecte de preuves et quelques personnes ont été arrêtées », a déclaré le vice-ministre de l’Intérieur, Wanis al-Charef.

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Le consulat américain de Benghazi détruit le 11 septembre 2012.

© Gianluigi Guercia/AFP

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Commission d’enquête

Le responsable a toutefois refusé de fournir des détails sur le nombre ou l’éventuelle appartenance des suspects arrêtés, « pour ne pas entraver le bon déroulement de l’enquête ». Plus tôt, le porte-parole de la Haute commission de sécurité du ministère de l’Intérieur, Abdelmonem al-Horr, a annoncé la formation d’une commission indépendante pour enquêter sur l’attaque. Celle-ci sera présidée par un juge et regroupe des « experts » des ministères de la Justice et de l’Intérieur.

Selon le porte-parole, l’enquête est « très compliquée » dans la mesure où la foule présente dans le périmètre du consulat n’était « pas homogène ». « Il y avait des extrémistes, de simples citoyens, des femmes, des enfants, des criminels », a-t-il ajouté.

Initialement mise sur le compte de manifestants en colère contre une vidéo diffusée sur internet, intitulée « Innocence of Muslims » (« L’Innocence des musulmans ») et dénigrant l’islam, l’attaque résulterait plutôt d’une opération coordonnée, selon un responsable américain.

Le film islamophobe, un "prétexte"

D’après cette source, des extrémistes se sont servis de manifestants protestant contre le film comme d’un « prétexte » pour s’en prendre au consulat avec des armes de petit calibre, mais aussi des lance-roquettes.

Il y a des détails encore assez flous, mais clairement on a la signature d’Al-Qaïda.

Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès américain

« Il y a des détails encore assez flous, mais clairement on a la signature d’Al-Qaïda », a estimé de son côté Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès américain, sur la chaîne CNN.

Le président Obama a appelé les dirigeants d’Égypte et de Libye pour discuter de leur coopération dans le domaine de la sécurité après l’attaque, a indiqué jeudi la Maison Blanche. Obama, qui s’est entretenu avec le président du Congrès national général libyen, Mohamed al-Megaryef, « lui a indiqué qu’il appréciait la coopération du gouvernement et du peuple libyens avec les États-Unis, après cette scandaleuse attaque », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué séparé.

Le président américain « a fait clairement savoir » à son interlocuteur « que nous devons travailler de concert et faire tout le nécessaire pour identifier les auteurs de l’attaque et les traduire en justice », a-t-elle ajouté.

Excuses de la Libye

M. Megaryef avait présenté mercredi ses excuses aux États-Unis et pointé du doigt à la fois les partisans du régime déchu de Mouammar Kadhafi et Al-Qaïda après l’attaque à Benghazi, considéré comme un fief des islamistes radicaux.

La marine américaine a envoyé par ailleurs deux navires vers les côtes libyennes, « simplement par mesure préventive », selon un haut gradé américain, après la décision de Washington d’envoyer une équipe d’une cinquantaine de Marines spécialisés dans la lutte antiterroriste en Libye.

Malgré tout, l’Assemblée nationale libyenne a élu mercredi soir Moustapha Abou Chagour chef du nouveau gouvernement de transition. Sa principale tâche sera justement de mettre en place une armée et une police professionnelles pour faire face à l’escalade de la violence dans le pays.

La vidéo polémique a également provoqué des heurts jeudi devant l’ambassade américaine au Caire ainsi que devant celle de Sanaa, au Yémen, où un manifestant a été tué.

(Avec AFP)

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