France – Rwanda : Fabius veut « véritablement normaliser » les relations avec Kigali
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rencontré son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, le 5 septembre à Paris. Ils ont convenu de « véritablement normaliser » les relations entre les deux pays, après un rapprochement « qui n’avait pas été très effectif » sous Nicolas Sarkozy, selon Fabius.
Pas de communiqué du Quai d’Orsay, pas de point de presse : la première rencontre officielle entre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, le 5 septembre à Paris, a été plutôt discrète. Pour connaître sa teneur, il fallait être élève de l’école des Affaires internationales de Sciences-Po Paris ou assister à sa conférence inaugurale, donnée par Laurent Fabius le lendemain.
Diplomatie : Louise Mushikiwabo et le M23 à Paris
De retour de New York, où elle a réfuté devant le Conseil de sécurité de l’ONU les accusations de soutien à la rébellion congolaise du M23 au Nord-Kivu portées contre son pays, Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, a brièvement fait escale à Paris le 5 septembre. Elle y a rencontré Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, et Laurent Fabius, son homologue français.
C’était le premier entretien officiel de haut niveau entre les deux pays depuis la mise en place du nouveau gouvernement. Coïncidence, deux jours auparavant, une délégation du M23 avait elle aussi séjourné à Paris. Elle était conduite par Stanislas Baleke, qui connaît bien la France puisqu’il a soutenu une thèse de philosophie à l’université Lyon-III.
« J’ai reçu, hier après-midi, la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, a-t-il déclaré devant les étudiants. Elle est venue m’informer de la volonté du Rwanda d’avoir de bonnes relations avec la France, ce qui n’a pas toujours été le cas – c’est un euphémisme. » Une référence, sous doute, à l’échange d’amabilité entre son prédécesseur, Alain Juppé, et le président rwandais Paul Kagamé en avril-mai 2011. Lorsque ce dernier avait été reçu par Nicolas Sarkozy à Paris, quelques mois plus tard, Juppé avait d’ailleurs évité de rencontrer le président rwandais, prétextant un « agenda chargé ».
Geste de bonne volonté
Cette visite avait eu lieu « dans un esprit, ai-je compris, de normalisation de nos relations, a analysé Fabius. Simplement, lorsque l’on regarde concrètement cette normalisation, elle n’avait pas été très effective. Nous sommes donc convenus, et j’espère que cela se traduira par des faits, qu’il faut véritablement normaliser ces relations ».
« Cela n’est pas facile, a toutefois ajouté Laurent Fabius, compte tenu de l’Histoire et de ce qui se passe entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, notamment à l’est de la RDC. La situation est très compliquée, avec des accusations qui ont été divulguées dans le rapport des Nations unies et les dénégations apportées par le Rwanda. »
Côté rwandais, un geste pourrait prochainement confirmer cette volonté de « normalisation ». Car, depuis le début d’août, la France attend toujours une réponse de Kigali après avoir proposé son ambassadeur à Bissau, Michel Flesch, pour prendre la succession de Laurent Contini, l’ambassadeur de France pour le Rwanda, qui officie à Paris depuis son rappel pour « consultation » en février.
La précédente proposition pour le poste, celle d’Hélène Le Gal (devenue depuis la « Madame Afrique » de François Hollande) avait été refusée. Entre-temps, le locataire du Quai d’Orsay a changé, et Kigali semble être dans une toute autre disposition d’esprit, comme l’a laissé entendre Louise Mushikiwabo dans une interview accordée à France 24 lors de son passage à Paris. Voir la vidéo ci-dessous, à partir de 11 min. 50 sec.
Interrogée sur la réponse que le Rwanda allait donner à la proposition de Michel Flesch, Louise Mushikiwabo déclare : « Il n’y a aucune raison que l’ambassadeur de France ne soit pas accepté. Mais le processus est en cours et on devrait donner une réponse officielle à la France très prochainement ».
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