Égypte : la justice veut arrêter Ahmed Chafiq, ancien Premier ministre de Moubarak

Alors qu’il se trouve aux Émirats arabes unis, Ahmed Chafiq vient d’apprendre qu’il sera arrêté dès qu’il posera le pied sur le sol égyptien. L’ultime Premier ministre de l’ère Moubarak se voit reprocher des faits de corruption.

Ahmed Chafik devra répondre à des accusations de corruption. © AFP

Ahmed Chafik devra répondre à des accusations de corruption. © AFP

Publié le 11 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

La décision d’arrêter Ahmed Chafiq vient d’être prononcée ce mardi 11 septembre par la justice égyptienne. L’ancien – et ultime – Premier ministre de l’ex-raïs Hosni Moubarak a trouvé refuge aux Émirats arabes unis depuis sa défaite au second tour de la présidentielle, en juin, face à Mohammed Morsi, candidat des Frères Musulmans.

La justice égyptienne souhaite avoir M. Chafiq à sa disposition dans le cadre d’une enquête pour corruption. Depuis le mois dernier, il avait déjà été placé sur la liste des personnes susceptibles d’être arrêtées lors de leur entrée sur le sol égyptien et à toute sortie du territoire est également interdite.

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Un cacique de l’ancien régime

À 71 ans, Ahmed Chafiq est un cacique de l’ancien régime. Militaire de carrière, il a occupé le poste de commandement en chef de l’armée de l’air de 1996 à 2002. Hosni Moubarak lui avait ensuite taillé sur mesure le poste de ministre de l’Aviation civile, qu’il a occupé jusqu’en 2011. Dans ce rôle, il a connu une certaine réussite, en pilotant, avec succès, la rénovation de l’aéroport du Caire et en faisant d’Egypt Air l’une des compagnies aériennes de référence du continent africain. Depuis juin dernier, Chafiq était surveillé de près par la justice égyptienne qui souhaitait déjà l’entendre.

Ses activités en 2002, alors qu’il occupait la présidence d’une association de pilotes militaires en parallèle à son poste de ministre, ont suscité les interrogations de la justice. Il est soupçonné d’avoir vendu un terrain de 40 000 hectares qui était la propriété de son association à un prix moindre aux fils de l’autocrate déchu, Gamal et Alaa Moubarak. Dans cette affaire, la justice égyptienne a prononcé le renvoi au tribunal du septuagénaire. Les deux bénéficiaires, actuellement en détention préventive au Caire, seront, pour leur part, traduits devant une cour pénale.

Hosni Moubarak avait désigné Chafiq Premier ministre le 29 janvier 2011, quelques jours seulement avant sa chute, dans une tentative désespérée du raïs pour calmer la rue cairote. Mais l’homme avait démissionné un mois plus tard, le 3 mars 2011. Au cours de la révolution égyptienne, il s’était toutefois démarqué du régime chancelant en se montrant très ferme à l’égard des manifestants pro-Moubarak qui s’en étaient pris aux révolutionnaires.

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Fuite ou exil

Candidat à la présidentielle de juin, il avait terminé second lors du premier tour avec 23,6% des suffrages, avant d’être défait par Mohammed Morsi au deuxième tour (51,73% contre 48,27% des voix).

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Après sa défaite, Ahmed Chafiq avait quitté l’Égypte pour les Émirats, le 26 juin, en compagnie de sa famille. Il avait fait savoir par la voix de son avocat qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une fuite, mais le doute est permis. D’autant plus que l’ancien Premier ministre avait d’abord assuré qu’il ne faisait que transiter par le petit émirat du Golfe, avant d’effectuer la Omra (petit pèlerinage) à La Mecque. Plus de deux mois après, lui qui disait vouloir fonder un parti en Égypte n’a toujours pas regagné les rives du Nil.

Homme réputé intègre, Chafiq a longtemps représenté l’un des seuls membres du régime Moubarak à ne pas être  éclaboussé par des scandales de corruption, de détournement de fonds publics ou d’enrichissement personnel. Il a toujours réfuté les accusations de corruption le concernant et argué qu’elles obéissaient à des motivations politiques, mais a annoncé qu’il retournerait edans son pays « le moment venu ». Le quotidien égyptien Al-Ahram évoque des « raisons de sécurité » pour expliquer ce qu’il faut bien qualifier d’exil.

(Avec AFP)

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