Une nouvelle vague de violences interethniques fait 38 morts au Kenya
Au Kenya, 38 personnes sont mortes lundi 10 septembre dans des affrontements interethniques opposant les Pokomos aux Ormas. Ces violences pourraient être un acte de représailles, suite à un raid qui a fait douze victimes vendredi dernier.
Mis à jour à 17h31.
La Croix-Rouge kenyane a annoncé que 38 personnes, selon un dernier bilan, ont trouvé la mort lundi 10 septembre au cours d’affrontements interethniques dans la région rurale Tana River. L’organisation humanitaire ajoute qu’on compte cinq femmes, huit enfants, douze hommes et sept policiers parmi les victimes.
Des habitations ont également été incendiées au cours de l’attaque menée par un groupe de quelque 300 personnes. Sous couvert de l’anonymat, un policier a confié à l’AFP que des Pokomos s’en seraient pris à un village orma. Les affrontements se sont arrêtés mais les tensions demeurent fortes sur place.
Représailles ?
En août dernier, le sud-est du Kenya a déjà été en proie à de très violents affrontements interethniques qui ont entraîné la mort de cinquante-deux personnes appartenant toutes à l’ethnie orma, suite à une attaque menée par les Pokomos. Il s’agissait de la vague de violences la plus meurtrière depuis les affrontements postélectoraux de 2007-2008, lors desquels plus de 1 000 personnes avaient été tuées.
Un député local a interprété le raid de lundi comme un acte de représailles après une série de violences ayant commencé dix jours plus tôt. Le 1er septembre, la Croix-Rouge kenyane avait rendu compte d’une attaque similaire, qui avait causé la mort d’une personne. Vendredi dernier, toujours dans la région de Tana River, ce sont douze personnes qui ont été tuées par balles au cours d’une expédition punitive. Ni la police ni la Croix-Rouge n’ont voulu indiquer si une ethnie s’en était prise à l’autre. Les assaillants ont également emporté un butin constitué de 300 bovins et de 400 chèvres.
Nomades contre sédentaires
Les heurts opposent de façon récurrente les Ormas et les Pokomos. Les premiers sont des éleveurs nomades alors que les seconds sont principalement des éleveurs sédentaires. La pierre d’achoppement entre les deux communautés, installées le long de la rivière Tana, repose sur des questions d’accès à la terre et aux points d’eau. En 2001, des affrontements entre les deux tribus avaient déjà fait plus de 130 morts.
Les autorités locales dénoncent la passivité des forces de l’ordre, qui seraient au fait des attaques à venir mais ne feraient rien pour endiguer les violences. Neuf policiers ont toutefois trouvé la mort dans l’attaque d’aujourd’hui, et c’est peut-être le signe d’une plus grande implication des forces de l’ordre kényanes dans le conflit.
Conciliation impossible
En réaction aux violences d’août, dix suspects, dont des chefs locaux, ont été arrêtés par la police et inculpés ; cette dernière a également organisé une réunion de conciliation entre les deux communautés, sans résultat apparent pour l’instant.
Il convient de distinguer ces affrontements interethniques, à l’origine de plus de 200 morts au Kenya depuis le début de l’année, des affrontements interreligieux, moins présents et meurtriers dans le pays. Le 27 août dernier, suite au meurtre d’un prêcheur musulman radical, accusé d’entretenir des liens avec les islamistes somaliens shebab, la ville de Mombasa, au Sud-Est, avait été le théâtre de deux jours d’émeutes qui avaient entraîné la mort d’une personne, et du pillage de deux églises. Les forces de l’ordre avaient alors été immédiatement déployées et le retour au calme avait été rapide.
(Avec AFP)
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