Moncef Marzouki « indigné par l’image qu’on donne de la Tunisie » en France

Dans un entretien au figaro.fr, publié dimanche 9 septembre, le président tunisien Moncef Marzouki a tenu à minimiser la montée de l’islamisme dans son pays, dont il déplore l’image qu’en véhiculent les médias français.

Le président tunisien Moncef Marzouki à Tunis, le 30 juillet 2012. © AFP

Le président tunisien Moncef Marzouki à Tunis, le 30 juillet 2012. © AFP

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Publié le 10 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie « n’est pas en train de basculer dans l’islamisme à outrance ». Dimanche, Moncef Marzouki est monté au créneau pour dédramatiser la période troublée que traverse son pays. Dans un entretien accordé au site internet du quotidien français Le Figaro, le président tunisien s’est dit « scandalisé » et « blessé » par l’image de son pays véhiculée en France.

« La situation est difficile, complexe (…) mais la Tunisie n’est pas en train de basculer dans l’islamisme à outrance. Prétendre cela relève du fantasme », a déclaré M. Marzouki, alors que les incidents liés à la mouvance radicale salafiste se sont multipliés au cours des derniers mois.

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« J’aime la France, mais je suis accablé, scandalisé, blessé, indigné par l’image qu’on y donne de la Tunisie, à savoir un pays qui va basculer dans l’escarcelle de l’islamisme, qui est sur le point de verser dans le salafisme », a-t-il déploré.

Le moindre petit incident, qui n’a strictement aucun impact sur la société tunisienne, est grossi…

« Le moindre petit incident, qui n’a strictement aucun impact sur la société tunisienne, est grossi, comme cette malheureuse attaque d’un élu français qui a déclenché un branle-bas de combat médiatique. Je ne veux pas dire que ce n’est pas un acte condamnable, mais il y a des millions de touristes en Tunisie et ils ne sont jamais agressés », a-t-il souligné.

De fait, un élu régional socialiste français a porté plainte après avoir été violemment agressé mi-août à Bizerte (nord) par des salafistes, alors qu’il se trouvait en vacances avec sa famille. Tunis avait présenté ses excuses à l’élu, Jamel Gharbi. « Ces incidents sont insignifiants pour ce qui est de leur capacité à transformer la société tunisienne, mais ils sont malheureusement hypersignifiants par leur capacité de nuisance sur l’image de la Tunisie », a estimé M. Marzouki.

Tensions avec Ennahdha

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Interrogé d’autre part sur une « dérive autoritaire » du parti islamiste Ennahdha, qui domine le gouvernement et l’Assemblée constituante en Tunisie, M. Marzouki, membre d’un des deux partis de gauche alliés aux islamistes, a évoqué une « tentation » et une « tentative » de « mainmise sur un certain nombre de rouages de l’État ». Mais « dès qu’on les met en garde, ils reculent », a-t-il poursuivi.

« La troïka au pouvoir fonctionne », a-t-il aussi assuré. « Évidemment, il y a des tensions, des crispations, mais c’est naturel (…) Des laïcs de gauche avec des islamistes conservateurs, ce n’est pas évident », a-t-il concédé.

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Après les premières élections libres en Tunisie, en octobre 2011, le parti vainqueur Ennahdha s’est allié avec le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste, fondé par M. Marzouki), et Ettakatol (gauche). « Le projet d’une société pluraliste, tolérante, où la femme est l’égale de l’homme, une société ouverte sur le monde tout en étant attachée à ses racines n’est pas remis en cause par Ennahdha, mais par sa fraction d’extrême droite qui est très minoritaire dans le pays, c’est-à-dire les salafistes. Ce projet est également attaqué par une infime minorité d’extrême gauche qui voudrait nous ramener à la révolution culturelle », a estimé M. Marzouki. « Jamais les libertés n’ont été autant protégées dans ce pays », a-t-il affirmé.

(Avec AFP)

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