RDC : la nostalgie Mobutu
Le 7 septembre 1997, le président du Zaïre décédait à Rabat, au Maroc, loin des siens. Cette mort en exil était l’épilogue d’une lente agonie. Jeune Afrique revient sur les traces du Léopard. Le jugement des Congolais oscille entre l’indulgence pour un homme, le regret d’un orgueil perdu et le souvenir cauchemardesque d’une dictature à bout de souffle.
Quinze années déjà que sa dépouille, rongée par le cancer, s’en est allée reposer au fond d’une sépulture d’exil à Rabat, au Maroc. Quinze années pendant lesquelles son ombre, sa toque, ses lunettes fumées, sa canne sculptée, sa gestuelle et sa voix métallique n’auront cessé de hanter ses concitoyens. Aujourd’hui, beaucoup de Congolais ont avec celui qui les dirigea de 1965 à 1997 une relation qui s’apparente au syndrome de Stockholm. De Mobutu, ils ont oublié la mégalomanie, le chaos sécuritaire des dix dernières années, la corruption, l’asphyxie économique, la police politique, les disparitions, l’agonie d’un pays saigné à blanc…Pour retenir l’orgueil perdu, et se remémorer l’époque de l’« Authenticité », du boom du cuivre, de l’abacost et des pagnes obligatoires, de la rumba triomphante et des exploits des Léopards…
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« Il était certes un dictateur, il a volé, mais il a rendu la citoyenneté aux Congolais et promu la laïcité. La façon d’être zaïrois était typique. Avec Mobutu, nous avions acquis une « personnalité » et on pouvait défendre cette identité. En outre, il a été l’artisan de l’unité nationale. Le Congolais se sentait uni à son sol. Ce qui se passait à Goma ou à Lubumbashi était l’affaire de tous les Zaïrois », explique l’historien Kambayi Bwatshia.
Indulgence ?
« En ce temps-là, nous vivions en paix et personne ne venait nous humilier chez nous », répondent bon nombre de Congolais. La Gécamines était florissante et le Zaïre était le premier pays d’Afrique subsaharienne à participer à la Coupe du monde de football (en 1974). Il pouvait organiser le combat de boxe Ali-Foreman à Kinshasa, financer la construction de l’université de Nouakchott, payer les fonctionnaires de certains pays frères, former les militaires des armées de quelques États africains…Les Congolais n’ont pas oublié le « grand chef » qui rassurait et incarnait l’idéal de grandeur, la fierté d’être soi-même, Africain, dans la dignité. Les références, aujourd’hui, semblent provenir d’ailleurs.
« Les aspects positifs de son œuvre politique demeurent. Tôt ou tard, ils seront sauvegardés », veut croire Vunduawe te Pemako, un éternel mobutiste (vice-Premier ministre, ministre, directeur de cabinet) aujourd’hui député. Le mobutisme a toujours été une forme de croyance. Un rêve aussi, de grandeur que seul le maréchal avait donné l’impression de tutoyer. Mobutu, le magicien.
Lire notre dossier complet dans Jeune Afrique n°2696, en vente en kiosque du 9 au 15 septembre 2012
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