Tunisie : violence salafiste et business sécuritaire

Face aux attaques incessantes des salafistes, déterminés à éradiquer, par la force si nécessaire, tout ce qui n’est pas conforme à leur vision de l’islam, les Tunisiens menacés sont de plus en plus nombreux à se poser la question : faut-il avoir recours à des agences privées de sécurité ? Certains parmi les plus fortunés ont déjà franchi le pas.

Les salfistes tunisiens multiplient les agressions en Tunisie. © AFP

Les salfistes tunisiens multiplient les agressions en Tunisie. © AFP

Publié le 5 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Les violences commises par des salafistes ne connaissent pas de répit en Tunisie. Dernier incident en date : le saccage de l’hôtel Horchani à Sidi Bouzid par une cinquantaine de salafistes. Cet établissement représentait tout simplement le dernier débit de boissons alcoolisées encore ouvert dans la ville, berceau de la révolution l’an passée. Les salafistes, qui ambitionnent d’entraîner la fermeture de tous les points de vente d’alcool, sont donc bien partis pour atteindre leur objectif, du moins dans cette ville phare de la révolution tunisienne.

Jamil Horchani, le propriétaire de l’hôtel du même nom, avait déjà été menacé à maintes reprises par les islamistes radicaux mais il avait fait le choix de maintenir l’ouverture de son débit de boisson, assurant avoir obtenu des gages des autorités locales en termes de sécurité. Pour autant, la police est arrivée trop tard sur les lieux et n’a pu que constater les dégâts.

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Voyous à postiches ?

Bien que les motivations des vandales ne soient pas encore déterminées précisément – le quotidien tunisien La Presse évoque la possibilité que l’attaque soit le fait de voyous, dont certains auraient porté des barbes postiches afin de se faire passer pour des salafistes -, le phénomène des violences religieuses est bel est bien une réalité au sein de la société tunisienne.

Malgré tout, le propriétaire de l’hôtel persiste et signe. Il ne fermera pas son établissement. Mais devant l’inertie des forces de l’ordre, il envisage désormais de recourir à une mesure radicale : « Comme la police n’est plus capable de faire la sécurité, j’envisage de payer une société de sécurité privée, comme en Irak », a-t-il confié à France 24.

Passivité des forces de l’ordre

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Le cas de l’hôtelier est loin d’être isolé. Comme lui, un nombre croissant de Tunisiens, désemparés par la passivité des forces de l’ordre et du gouvernement tunisiens, envisageraient de faire appel à des milices privées, spécialement pour se protéger des violences commises par les salafistes. Certains, comme Lotfi Abdelli, qui a reçu des menaces émanant des islamistes radicaux, ont déjà franchi le pas. L’humoriste, boudé par les forces de l’ordre, parce qu’il les critique dans son spectacle intitulé « 100% hallal », s’est attaché les services d’une agence de sécurité privée afin d’assurer sa propre sécurité et celle de son public lors de ses spectacles. D’autres Tunisiens, connus ou moins connus, pourraient suivre bientôt son exemple.

Ainsi en va-t-il du jeune mouvement Nida Tounes de Béji Caid Essebsi, qui, comme le rapporte le site d’information Mag 14, envisage de recourir à des agents de sécurité pour ses meetings. Trois de ses militantes ont été agressées le 30 août à l’occasion d’un rassemblement à Sfax des femmes du parti, la police n’ayant pas été assez prompte à réagir…

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