Madrid et Rabat expulsent des migrants qui occupaient un ilôt espagnol désert
Ils sont 83 migrants à avoir été expulsés d’un ilôt espagnol situé au large des côtes marocaines, dans la nuit du lundi 3 septembre. L’opération a été menée conjointement par les forces de l’ordre des deux pays concernés.
Ils étaient là depuis plusieurs jours. Certains étaient même venus à la nage. Dans la nuit de lundi à mardi, les forces de l’ordre espagnoles et marocaines ont délogé ensemble des dizaines de migrants installés sur un îlot espagnol désert proche du littoral marocain, dénommé l’île de Terre (Isla de Tierra). Nombre d’entre eux ont été renvoyés manu militari au Maroc, mettant fin de manière abrupte à un casse-tête pour les deux pays.
Des mineurs et des femmes ont, eux, été conduits en territoire espagnol. Mais « les autres ont été délogés à l’aube », a précisé un porte-parole de la Garde civile espagnole, expliquant que l’opération a été menée « conjointement » par l’Espagne et le Maroc, « sans aucun incident ». « Simplement, nous avons délogé (les migrants) de l’îlot car c’était un danger que ces personnes restent là », a-t-il ajouté.
"Mafias"
Au total, 83 migrants venus d’Afrique subsaharienne avaient débarqué ces derniers jours sur l’îlot inhabité et accessible à la nage depuis une plage marocaine. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, s’était dit lundi « convaincu » que l’arrivée de sans-papiers sur la Isla de Tierra était « une opération coordonnée par les mafias qui font du trafic d’êtres humains ».
L’évacuation a eu lieu en deux temps : « dix migrants, des mineurs et des mères de famille, ont été amenés en Espagne et sont à Melilla actuellement », selon le ministère espagnol de l’Intérieur. D’après les médias, ils sont en observation médicale. Mais « 73 migrants ont été envoyés au Maroc pour être rapatriés », a-t-il ajouté. L’information a été confirmée par les autorités marocaines.
Selon une source sécuritaire marocaine, ils ont été « pris en charge » par les forces de l’ordre dans l’attente de leur expulsion vers la frontière algérienne d’où ils avaient gagné dernièrement le royaume. Lors de l’opération, deux migrants ont été blessés légèrement.
Emploi de la force
Sur les sites Internet des journaux El Pais et El Mundo, des photos prises dans la nuit montraient des militaires espagnols sur un zodiac, en train de ramener les migrants vers le Maroc. Les Espagnols franchissaient les derniers mètres dans l’eau pour les remettre aux forces de l’ordre marocaines sur la plage tout en s’efforçant de ne pas poser le pied sur le sol de ce pays.
« Les conditions maritimes ont permis (l’intervention, NDLR) parce qu’avant, cela aurait été impossible », a expliqué un porte-parole du ministère espagnol de l’Intérieur, précisant que « l’évacuation s’est achevée à 4 heures 30 du matin (2 heures 30 GMT) ».
Le ministère espagnol de l’Intérieur a lui nié tout incident : « la plupart des migrants ne voulaient pas aller au Maroc, mais il n’a pas été nécessaire d’employer la force et il n’y a pas eu de débordement ». Lundi soir, des sources gouvernementales espagnoles avaient indiqué qu’un début d’accord avait été trouvé avec les autorités marocaines sur le sort des migrants.
Casse-tête
L’objectif n’est pas tant d’avoir à agir de cette manière, mais d’éviter que d’autres arrivent sur les rochers espagnols.
Un porte-parole du ministère espagnol de l’Intérieur
Les deux pays ont donc réglé, de manière très rapide, une situation qui s’annonçait comme un véritable casse-tête. « Ici, l’objectif n’est pas tant d’avoir à agir de cette manière (en évacuant les migrants, NDLR), mais d’éviter que d’autres arrivent sur les rochers espagnols », a confié le porte-parole du ministère espagnol de l’Intérieur. L’Espagne doit déjà gérer l’épineuse question de ses enclaves de Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe. Elles sont très prisées par les migrants, qui tentent régulièrement d’y entrer.
L’Espagne avait fourni ces derniers jours une aide en couvertures, eau et nourriture aux migrants débarqués sur l’îlot, refusant toutefois de leur laisser entrevoir le moindre espoir d’être transférés sur la péninsule ibérique.
Madrid mise désormais sur une coopération accrue avec Rabat pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise. « La réponse conjointe des gouvernements espagnol et marocain, et de l’Union européenne, est de dire "ça suffit" à ceux qui font du trafic d’êtres humains, mettant en danger la vie des plus vulnérables comme les femmes enceintes et les jeunes enfants », a déclaré mardi le préfet espagnol à Melilla, Abdelmalik El Barkani, à la radio nationale.
(Avec AFP)
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