Afrique du Sud : la mine de Marikana reste sous tension, négociations en cours
Les négociations sont en cours à la mine de Marikana, en Afrique du Sud, théâtre du conflit social le plus violent depuis la fin de l’apartheid, avec un bilan de 44 morts. La société Lonmin, qui dirige le site, les syndicats et des mineurs non-syndiqués, ont entamé, mercredi 29 août, des discussions afin de mettre fin à la grève. Mais la direction de la mine refuse toujours d’aborder le sujet des salaires.
Alors que la mine de Marikana va achever le 31 août sa troisième semaine de grève consécutive, une cinquantaine de personnes participent depuis mercredi 29 août à une réunion à huis-clos, afin de trouver une solution à la crise qui paralyse le site. Mais l’objectif est encore loin d’être atteint.
« La réunion est tendue, mais chacun reconnaît qu’il est nécessaire de trouver une solution. Cela pourrait prendre du temps », a indiqué une source proche du ministère du Travail, qui pilote la négociation. Une autre source a laissé entendre que les pourparlers dureraient jusqu’à vendredi.
"La plupart des mineurs tués le 16 août l’ont été de sang-froid"
« La plupart des mineurs tués le 16 août par la police sud-africaine près de la mine de platine de Marikana l’ont été de sang-froid », a affirmé jeudi 30 août le journaliste Greg Marinovich, sur le site d’information Daily Maverick. Sur les 34 personnes décédées, pas plus d’une douzaine ont été abattues sur la colline où a eu lieu la fusillade diffusée en direct à la télévision. « Les autres sont mortes dans des rochers à 300 mètres de là, certaines touchées à bout portant », affirme-t-il alors que les policiers ont déclaré avoir ouvert le feu pour protéger leur vie contre des mineurs, armés de machettes et de quelques armes à feu.
Selon le quotidien The Star, « les rapports d’autopsie indiquent que la plupart des gens fuyaient la police quand ils ont été tués » et qu’ « un grand nombre ont été abattus dans le dos ». Lors de la cérémonie d’hommage aux victimes le 23 août, Zolani Bodlani, l’un des survivants de la fusillade, a raconté que des policiers avaient abattu un homme à terre, l’un d’entre eux disant « il n’est pas mort, finis-le ». La police des polices sud-africaine s’est pour le moment refusée à tout commentaire.
« Je suis très optimiste car c’est la première fois que toutes les parties se réunissent », avait pour sa part déclaré à l’AFP l’un des médiateurs, l’évêque Joseph Seoka, qui a cependant observé que « la violence pourrait ressurgir si rien n’était fait ».
"On ne peut pas discuter des salaires"
La direction de Lonmin, si elle s’est assise à la table des négociations, ne semble pas avoir l’intention de céder un terrain trop important et refuse de discuter d’une hausse de salaires, principal revendication des mineurs grévistes. « On ne peut pas discuter des salaires si les gens font l’objet d’intimidations. Il faut un retour à la normale avant toute discussion », a déclaré à l’AFP une porte-parole, Sue Vey.
Les positions sont donc toujours figées. Lonmin campe sur sa position et pose la reprise du travail comme préalable quand, de leur côté, les mineurs refusent de plier, par respect pour leurs anciens collègues, dont 34 ont été abattus par la police sud-africaine lors de la répression du 16 août dernier. Dix hommes, dont deux policiers et deux gardes de sécurité, ont également été tués entre le 10 et le 12 août à Marikana.
Jacob Zuma sous pression
En marge des négociations, la justice sud-africaine enquête sur les circonstances de la répression policière du 16 août et entendent, depuis lundi 27 août, les mineurs arrêtés le jour de la fusillade. Selon Lonmin, qui estime que certains mineurs sont incités à rester chez eux sous la menace des plus durs, la situation reste cependant « très calme » autour du site où seuls 7,7% des employés auraient repris le travail. La société britannique a enregistré de fortes baisses de son action en Bourse depuis que l’affaire a pris un tour politique.
La violence pourrait ressurgir si rien n’était fait.
Joseph Seoka, évêque sud-africain, médiateur
En campagne pour sa réélection à la tête de l’ANC, le président Jacob Zuma est en effet vivement critiqué alors qu’il avait fait de la redistribution des richesses minières et foncières l’un de ses chevaux de bataille lors de son accession à la tête de l’État sud-africain. Certaines personnalités, dont le controversé Julius Malema, ancien leader de la Ligue de la Jeunesse de l’ANC, ont même réclamé sa démission.
(Avec AFP)
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