Michelle Obama, éternelle « petite fille d’esclave » ?
La polémique enfle des deux côtés de l’Atlantique. En couverture de l’édition d’août du magazine espagnol « Fuera de Serie », la première dame des États-Unis, Michelle Obama, a été dépeinte en « négresse ». Une référence au célèbre tableau de Marie-Guilhelmine Benoist, peint en 1800, six ans après l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Deux siècles plus tard, Michelle Obama est-elle condamnée à rester une « petite-fille d’esclave » ?
Karine Percheron-Daniels, l’auteur du montage, l’assure : elle n’a « jamais eu l’intention de choquer personne ». En représentant Michelle Obama, « petite fille d’esclave », dans la peau de la « négresse » du célèbre tableau de Marie-Guilhelmine Benoist, elle a pourtant créé une vaste polémique, qui s’étend en Europe comme Outre-Atlantique, notamment sur les réseaux sociaux.
Art ou insulte ?
Hannah Palmer Egan, bloggueuse new-yorkaise
« Dans quel monde est-il acceptable de représenter Michelle Obama comme une esclave ?! » s’écrit ainsi Bev, une internaute, sur Twitter. « Art ou insulte ? », écrit pour sa part la blogueuse de New-York, Hannah Palmer Egan, interrogatrice, à la différence du magazine anglais, Clutch, qui a de son côté déjà tranché : l’image répand l’idée d’ « un corps de femme noire qui peut être dominée et possédée, en particulier sexuellement », peut-on lire dans ses colonnes.
"Michelle, petite fille d’esclave, dame d’Amérique"
Nus en série
Karine Percheron-Daniels, auteure franco-britannique du montage représentant Michelle Obama en « négresse » n’en est pas à sa première oeuvre concernant les chefs d’État et autres puissants de ce monde. À son tableau de chasse, la Reine d’Angleterre, Abraham Lincoln, Eva Peron ou encore Barack Obama. Sa spécialité : les représenter dans leur plus simple appareil.
Face aux critiques, notamment de la communauté africaine-américaine qui dénonce un message raciste, l’artiste franco-britannique auteure du montage, qui n’en est pas à son premier forfait (voir encadré), défend son œuvre. « À mes yeux », explique-t-elle, « l’image que j’ai créée est une belle femme avec un beau message : pour la première fois dans l’histoire, la première dame des États-Unis est une femme noire qui affiche fièrement sa féminité (la nudité), ses racines (l’esclave) et son pouvoir (première dame des États-Unis, étreinte par le drapeau américain). (…) Je ne suis pas raciste. J’essaie, avec mon art, de montre la beauté et non la saleté. »
Je ne suis pas raciste. J’essaie, avec mon art, de montrer la beauté et non la saleté.
Karine Percheron-Daniels, Artiste franco-britannique
La mise-en-avant de l’héritage de l’esclavagisme américain peut-elle justifier de simplifier à ce point la personnalité de Michelle Obama ? La Maison Blanche, selon le New York Daily News, s’est pour le moment refusé à tout commentaire. La First Lady, « petite fille d’esclave, dame d’Amérique » mais surtout avocate, ancienne adjointe du maire de Chicago, ancienne vice-présidente des affaires externes de l’université de médecine de Chicago, ne souhaite sans doute pas alimenter la polémique. Son mari, Barack, né d’un père Kenyan, premier président noir de l’histoire des États-Unis, mais également avocat et ancien sénateur de l’Illinois, brigue, en ce moment même, un second mandat.
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