Exécutions en Gambie : Washington et Dakar haussent le ton
Un communiqué cinglant en provenance du département d’État américain, une convocation de l’ambassadeur de Gambie à Dakar : Banjul s’est fait rappeler à l’ordre mardi 28 août après les neuf exécutions de condamnés à la peine capitale.
Les États-Unis et le Sénégal mettent la pression sur le président gambien Yahya Jammeh. Mardi, Washington a exhorté la Gambie à cesser « immédiatement » les exécutions de condamnés à mort. De son côté, le président sénégalais Macky Sall a officiellement convoqué l’ambassadeur de Gambie à Dakar pour lui signifier son indignation. Neuf condamnés à la peine capitale ont été exécutés dimanche à Banjul. Depuis, les appels au sein de la communauté internationale se multiplient pour épargner la vie de 38 autres prisonniers.
« Les États-Unis appellent le président Jammeh à arrêter immédiatement toutes les exécutions afin de réviser toutes les peines capitales prononcées par la Gambie et s’assurer qu’elles sont conformes à la loi en Gambie et à ses obligations internationales », a déclaré le département d’État américain dans un communiqué.
Lundi soir, à Banjul, le ministère gambien de l’Intérieur avait publié la liste de neuf prisonniers fusillés la veille, affirmant que tous avaient épuisé leurs recours. Une femme et d’anciens militaires figurent parmi eux. Leurs proches n’ont pas été préalablement informés de leur exécution. Selon Amnesty International, qui s’est dite « consternée », 38 autres détenus demeurent dans le couloir de la mort et sont privés de communication avec leurs familles.
La porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a « condamné » dans son communiqué « le manque de transparence et la précipitation avec lesquelles ses exécutions ont été effectuées ».
Les États-Unis sont la seule puissance occidentale et démocratique à continuer d’avoir recours à la peine capitale.
Condamnations en série
Le président du Sénégal, Macky Sall, a lui annoncé mardi avoir convoqué l’ambassadeur de Gambie à Dakar. Il a confirmé que deux des personnes exécutées étaient d’origine sénégalaise et qu’un troisième attendait d’être passé par les armes.
« J’ai demandé au Premier ministre de convoquer demain l’ambassadeur de Gambie pour lui signaler la position de l’État sénégalais », a déclaré Macky Sall mardi soir, lors d’une conférence de presse. « S’il ne vient pas en temps voulu, il quittera le Sénégal. »
L’affaire pourrait attiser les tensions entre le Sénégal et la Gambie, pays enclavé dans le territoire de son voisin, au moment où le président Sall cherche le soutien des Gambiens pour mettre fin au conflit séparatiste en Casamance.
Le président gambien Yahya Djammeh a affirmé que la quarantaine de condamnés à mort, qui attendent l’application de leur peine, seraient exécutés avant la mi-septembre.
Cette déclaration a entraîné une condamnation de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France et d’organisations humanitaires.
Le président Jammeh est un ancien militaire de 47 ans. Il dirige d’une main de fer son petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal depuis un putsch en 1994. Élu en 1996 et réélu trois fois depuis, il se pose en homme aux pouvoirs mystiques, se disant capable de « guérir » le sida.
(Avec agences)
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