Cameroun : le sort des « apatrides » de Bakassi réveille l’instabilité de la presqu’île

Enlèvements d’otages, menaces d’attaques militaires… Depuis quelques semaines, les militants d’origine nigériane de la péninsule de Bakassi mettent la opression sur le gouvernement camerounais. Objectif : obtenir une révision des accords de 2006. Explications.

Vue aérienne prise le 3 novembre 2008 de la région de Bakassi. © Clement Yango/AFP/Archives

Vue aérienne prise le 3 novembre 2008 de la région de Bakassi. © Clement Yango/AFP/Archives

Publié le 24 août 2012 Lecture : 2 minutes.

Regroupés au sein du Bakassi Self Determination Front (Front pour l’autodétermination de Bakassi, FAB), ils ont hissé leur drapeau en territoire camerounais et annoncé l’indépendance de la zone, le 9 août. Les jeunes militants ont par ailleurs lancé une radio qui émet en ondes courtes, sur les fréquences 4,2 Mhz et 5,2 Mhz. Et depuis le 16 août, ils détiennent deux Camerounais enlevés dans la localité de Dibanyanga près d’Isanguele, région du Sud-Ouest. Ils exigent le paiement d’une rançon de 100 millions de Francs CFA (152 000 Euros) pour les libérer.

À travers ces actions d’éclat, le FAB espère provoquer un enlisement de la situation sécuritaire dans l’ensemble de cette zone vaste de 652 kilomètres carrés, pour obtenir une intervention de la communauté internationale, puis une révision de l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye de 2002, qui a contraint le Nigeria à rétrocéder la presqu’île au Cameroun.

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La paix menacée

Les récentes tensions à Bakassi remontent au 24 juillet 2012. Jour où le FAB, a saisi le chef supérieur de la presqu’île, Etim Okon Edet, lui donnant quinze jours au terme desquels il menaçait de passer à l’offensive militaire. « Nous ne pouvons rester les bras croisés et voir l’héritage des peuples de Bakassi partir au nom d’une décision de justice », affirme le « commandant-général » Ekpe Ekpenyong Oku, chef du FAB.

Le 19 juillet 2012 déjà, Etim Okon Edet avait rendu public un communiqué dans lequel il affirmait qu’il n’était plus « en mesure d’assurer la paix », les jeunes de Bakassi étant « fatigués de l’injustice orchestrée par la Cour internationale de justice, l’ONU et le gouvernement du Nigeria ».

Green Tree en cause

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En cause, la disposition des accords de Green Tree signés en 2006 par le Cameroun et le Nigeria sous supervision internationale, et qui donne jusqu’en 2013 le choix aux ressortissants nigérians vivant à Bakassi de garder leur nationalité ou de prendre celle du Cameroun. Une disposition qui ne passe pas.

« Nous sommes nés à Bakassi. Nos parents sont nés à Bakassi et on vient nous demander de choisir une nationalité aujourd’hui. Nous sommes donc des apatrides et nous allons nous défendre », explique le « Général » A. G. Basuo, qui fut le commandant des Bakassi Freedom Fighters (BFF) avant de signer un accord de paix avec le gouvernement fédéral du Nigeria. Son groupe totalise plus de 25 enlèvements et attaques armées mortelles dans la région.

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Par Armelle Nya, à Douala
 

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