« Sauvons le Togo » : des milliers de manifestants défient le gouvernement
Le Collectif Sauvons le Togo remet le couvert, prévoyant trois jours de marche à Lomé jusqu’au jeudi 22 août. Mais le gouvernement togolais a interdit toute manifestation dans les endroits à forte activité commerciale… Et la police a dispersé la première mobilisation à coup de gaz lacrymogène, faisant plusieurs blessés.
Mis à jour le 22/08 à 12h28.
À nouveau, des milliers de militants du Collectif Sauvons le Togo se sont rassemblés dans le centre de Lomé, mardi 21 août, en dépit de l’interdiction de manifester émise par le gouvernement. Motif du refus des autorités : les opposants voulaient marcher de leur fief de Bé vers Déckon, une des grandes place du centre-ville bien gardée par une centaine de policiers et gendarmes, ce qui y perturberait fortement l’activité commerçante.
« Personne ne nous empêchera d’aller à Déckon », tempêtait Dodji Amou, un conducteur de taxi-moto. « Le pays appartient à nous tous ». Mais à peine dix minutes après le début du rassemblement, les tirs de gaz lacrymogène ont commencé. Les manifestants se sont alors dispersés. Puis certains d’entre eux ont brûlé des pneus et dressé des barrages dans les rues, où l’atmosphère était tendue. Plus tard dans l’après-midi, plusieurs centaines de personnes ont tenté de rejoindre la place de l’Indépendance de la capitale, mais ont été à nouveau bloquées par les forces de sécurité.
« Nous avons prévu trois jours de manifestations. Mercredi, on se retrouve encore même endroit pour la marche avec pour point de chute la place de l’Indépendance », a déclaré sur une radio privée, Claude Améganvi, membre du Collectif. « La marche de ce mardi a été empêchée par des forces de l’ordre. Et pour nous, elle sera encore reprogrammée », a-t-il souligné.
"Dix blessés légers"
« Nous avons enregistré plusieurs blessés et des interpellations. Pour le moment, nous n’avons pas encore fait le décompte », a déclaré Me Zeus Ajavon, coordonnateur du collectif qui organisait la marche de protestation, lors d’une conférence de presse, mardi. Selon un communiqué conjoint des ministres de sécurité et de l’administration territoriale, « dix blessés légers dont un agent des forces de l’ordre » ont été enregistrés. « Ce premier bilan fait également état de dégâts matériels subis par des véhicules de la police. Le gouvernement saisit l’occasion pour rappeler aux organisateurs des manifestations sur la voie publique, la nécessité de respecter les consignes des autorités compétentes, qui visent à préserver l’ordre public ainsi que la sécurité des personnes et des biens », souligne le communiqué lu à la télévision nationale.
Le collectif Sauvons le Togo regroupe neuf organisations de la société civile et sept partis et mouvements politiques de l’opposition. Après avoir déjà lancé des mobilisations réussies en juin dernier, il prévoit désormais de défier le pouvoir de Faure Gnassingbé durant trois jours, annonçant trois marches suivies de sit-in à Déckon, mardi, mercredi et jeudi.
Revendications politiques
La semaine dernière, le gouvernement avait interdit toute manifestation dans les endroits à forte activité commerciale, invoquant des risques pour la sécurité publique et le maintien de l’ordre. La place de Déckon ne sera « pas accessible aux manifestants » et des « dispositions » seront prises « pour que la marche ne démarre pas », avait averti lundi le ministre de la Sécurité, le colonel Damehane Yark. Une menace suivie dans les faits.
Le collectif exige notamment l’abrogation de nouvelles dispositions du code électoral adoptées par l’Assemblée nationale en vue des législatives prévues en octobre, pour lesquelles aucune date précise n’a encore été fixée.
(Avec AFP)
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