Le Mali se dote enfin d’un nouveau gouvernement d’union nationale

Le président malien de transition, Dioncounda Traoré, a signé lundi 20 août le décret portant formation du nouveau gouvernement d’union nationale réclamé par la Cedeao. Intégrant des représentants des différents groupements politiques maliens, la nouvelle équipe a un objectif prioritaire : la reconquête du Nord-Mali, occupé par des islamistes armés.

Dioncounda Traoré aux côtés de Cheick Modibo Diarra, le 27 juillet à Bamako. © Habibou Kouyaté/AFP

Dioncounda Traoré aux côtés de Cheick Modibo Diarra, le 27 juillet à Bamako. © Habibou Kouyaté/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 21 août 2012 Lecture : 4 minutes.

Le remaniement tant attendu à Bamako a été annoncé lundi 21 août au soir par un décret présidentiel diffusé dans les médias publics. Il ne s’agit pas d’une refonte totale de l’exécutif mais bien d’un réaménagement permettant d’atteindre l’objectif d’unité nationale recherché par le président de transition, Dionconda Traoré, qui a reconduit son Premier ministre Cheick Modibo Diarra.

Premier enseignement : la nouvelle équipe de 31 ministres (contre 24 dans la précédente), dont quatre femmes, compte des représentants de presque tous les regroupements politiques maliens. Au premier rang desquels le Front pour la démocratie et la République (FDR, front anti-putsch), dont le vice-président, Tiéman Coulibaly, entre au gouvernement en qualité de ministre des Affaires étrangères. Également président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), le nouveau chef de la diplomatie s’était opposé très tôt au putsch du 22 mars contre le président Amadou Toumani Touré.

la suite après cette publicité

La religion entre au gouvernement

Il remplace Sadio Lamine Sow, réputé proche du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur la Cedeao dans la crise malienne. Autre changement notable : l‘ancien haut-fonctionnaire des Nations-Unies, Hamadoun Touré, cède le portefeuille de la Communication à Bruno Maïga, qui était ministre délégué dans le précédent gouvernement.

Deuxième enseignement : alors que le Mali est un pays constitutionnellement laïc, un ministère des Affaires religieuses et du Culte est crée. Confié au Docteur Yacouba Traoré, celui-ci sanctionne en quelque sorte l’importance du débat religieux et la montée de l’islamisme dans la société malienne.

Tiéman Coulibaly : "La priorité sera la reconquête du Nord"

Le nouveau chef de la diplomatie malienne, Tiéman Coulibaly, était interrogé mardi 22 août sur Radio France International (RFI). « C’est un honneur et une lourde tâche, il va falloir rapidement se mettre au travail », a-t-il dit à propos de sa nomination. D’après lui, la priorité sera « la reconquête et la libération du Nord des forces de l’obscurantisme qui l’occupent actuellement. » Sur le plan politique, le vice-président du Front du refus, la coalition qui s’était opposée au coup d’État du 22 mars dernier, a estimé que « l’essentiel des sensibilités étaient représentées dans le nouveau gouvernement d’union nationale » et que tout le monde était « gagnant ».

la suite après cette publicité

La place des militaires

la suite après cette publicité

Troisième enseignement : les militaires maliens gardent les ministères stratégiques qu’ils avaient précédemment conquis. Ainsi, parmi les ministres reconduits à leurs postes, figurent un colonel-major à la Défense (Yamoussa Camara), un général à la Sécurité (Tiéfing Konaté), un colonel à l’Administration territoriale (Moussa Sinko Coulibaly). Restent en place également des civils comme Malick Coulibaly à la Justice et Soumana Makadji à la Santé.

La formation du gouvernement d’union nationale répond à un ultimatum de la Cedeao, excédée par les atermoiements de la classe politique malienne et l’inefficacité du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, apparemment incapable d’exercer un réel leadership sur la transition et les militaires putschistes.

Le 7 juillet dernier, les chefs d’Etat l’organisation régionale avaient fixé au 31 juillet la date limite pour la formation d’un nouvel exécutif politiquement stable pour pouvoir partir à la reconquête du Nord, occupé par les islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L’ultimatum avait ensuite été prorogé, la menace d’exclusion de la Cedeao s’éloignant pour le Mali. La Cedeao prépare l’éventuel déploiement au Mali de quelque 3 300 soldats mais les contours de cette force, logistiquement soutenue par plusieurs pays occidentaux, restent encore flous. Elle attend qu’une demande formelle de soutien soit formulée par le pouvoir de transition à Bamako, ainsi qu’un plan détaillé d’intervention permettant d’obtenir un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU.

(Avec AFP)

________

Liste complète du gouvernement malien :

1/ Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget : Tienan Coulibaly

2/ Ministre de la défense et des anciens combattants : Colonel major  : Yamoussa Camara

3/ Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale : Tieman Coulibaly

4/ Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation : Col Moussa Sinko Coulibaly

5/ Ministre de la Fonction Publique, de la Reforme Administrative, chargé des Relations avec les Institutions : Mamadou Namory Traoré

6/ Ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine : Madame Traoré Rokiatou Guikiné

7/ Ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile : Général Tiefing Konaté

8/ Ministre de l’Agriculture : Dr Yaranga Coulibaly

9/ Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique : Pr Harouna Kanté

10/ Ministre de l’Education, de l’Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales et de l’Instruction Civique : Adama Ouane

11/ Ministre de la Santé : Soumana Makadji

12/ Ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires Foncières : Mme Diallo Fadima Touré

13/ Ministre de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire : Mamadou Coulibaly

14/ Ministre des Transports et des Infrastructures Routières : Lt-Col Abdoulaye Koumaré

15/ Ministre des Mines : Dr Amadou Baba Sy

16/ Ministre de la Justice Garde des Sceaux : Malick Coulibaly

17/ Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle : Dr Diallo Dédia Mahamane Kattra

18/ Ministre du Commerce et de l’Industrie : Abdel Karim Konaté

19/ Ministre de l’Elevage et de la Pêche : Makan Tounkara

20/ Ministre de l’Action Humanitaire, de la Solidarité et des Personnes Agées : Dr Mamadou Sidibé

21/ Ministre de la Communication : Bruno Maïga

22/ Ministre de la Poste et des Nouvelles Technologies : Bréhima Tolo

23/ Ministre de l’Energie et de l’Eau : Alfa Bocar Nafo

24/ Ministre de la Culture : Boubacar Hamadoun Kebé

25/ Ministre de l’Environnement et de l’Assainissement : David Sagara

26/ Ministre de la Jeunesse et des Sports : Hamèye Founè Mahalmadane

27/ Ministre de la Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant : Mme Alwata Ichata Sahi

28/ Ministre de l’Artisanat et du Tourisme : Ousmane Ag Rhissa

29/ Ministre des Affaires Religieuses et du Culte : Dr Yacouba Traoré

30/ Ministre délégué auprès du Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, chargé du Budget : Marimpa Samoura

31/ Ministre délégué auprès du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, chargé de la Décentralisation : Demba Traoré

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’armée malienne a besoin d’équipement mais aussi de formation et d’entraînement. © Issouf Sanogo/AFP

Reconquête du Nord-Mali : l’armée se réarme et peaufine ses plans avec la Cedeao

Cheick Modibo Diarra est contesté par une partie de la classe politique malienne. © Thierry Gouegnon/Reuters

Mali : Cheick Modibo Diarra reconduit au poste de Premier ministre de transition

Contenus partenaires