Crise ivoirienne : un rapport officiel impute la majorité des morts aux forces pro-Gbagbo

Le rapport de la Commission nationale d’enquête (CNE), remis le mercredi 8 août au président Alassane Ouattara, estime que les forces armées de ce dernier ont tué plus de 700 personnes durant la crise postélectorale de 2010-2011. Les forces pro-Gbagbo sont, elles, accusées de la mort de plus de 1 400 personnes. 

Un soldat des forces pro-Ouattara, en mai 2011 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. © AFP

Un soldat des forces pro-Ouattara, en mai 2011 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. © AFP

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Publié le 9 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Les soubresauts de la crise postélectorale sont toujours bien visibles en Côte d’Ivoire. Depuis le début de la semaine, plusieurs attaques ont fait une dizaine de morts et plusieurs blessés parmi les soldats des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

Une enquête réclamée par Alassane Ouattara – mais dont l’impartialité est contestée par les fidèles de l’ancien président Laurent Gbagbo et de nombreuses ONG (HRW, Amnesty International, ICG…) – permet d’en savoir un peu plus sur les violences commises durant la crise de 2010-2011. Remise mercredi au président ivoirien par Paulette Badjo, présidente de la Commission nationale d’enquête (CNE), ce rapport conclut que les forces armées pro-Ouattara ont causé la mort de plus de 700 personnes et celles de l’ex-chef de l’État Laurent Gbagbo d’environ deux fois plus.

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« La crise a donné lieu à de massives violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire », a déclaré Paulette Badjo en remettant son rapport, issu d’un an d’enquête et de l’audition de près de 16 000 personnes.

Créée par le chef de l’État, la commission a enregistré « 3 248 » personnes tuées durant la crise, un chiffre qui « reste certainement en-deçà de la réalité », a-t-elle indiqué.

Les forces armées pro-Gbagbo sont responsables de la mort de 1 452 personnes (dont 1 009 exécutions sommaires), tandis que les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara ont causé la mort de 727 personnes (dont 545 exécutions sommaires), selon les données citées par Mme Badjo, qui n’a pas précisé l’identité ni le statut (civil ou militaire) des victimes.

Environ 3 000 morts, selon l’ONU

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La commission a aussi mis en cause les forces non conventionnelles qui ont combattu, comme les miliciens pro-Gbagbo ou les chasseurs traditionnels « dozos » qui, selon de nombreux témoignages recueillis par la CNE, ont agi aux côtés des FRCI et ont tué quelque 200 personnes.

Le chiffre communément admis, notamment par l’ONU, est d’environ 3 000 personnes tuées durant la crise postélectorale. Elle était née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010 et s’était achevée par l’arrestation de l’ex-président le 11 avril 2011 après deux semaines de guerre.

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Visiblement ému par le tableau de ces « horreurs », selon son expression, M. Ouattara a remis le rapport de la commission au Premier ministre et ministre de la Justice Jeannot Kouadio Ahoussou, afin qu’il prenne des « mesures ».

Réaffirmant son engagement pour la « lutte contre l’impunité », le président ivoirien a assuré que « toutes les personnes qui ont posé des actes répréhensibles pendant la crise postélectorale répondront de leurs actes devant la justice ».

Le FPI dénonce une "justice des vainqueurs"

Régulièrement interpellé par les ONG internationales sur les crimes commis par ses forces durant la crise, en particulier dans l’Ouest, et sur l’absence de poursuites contre les siens, M. Ouattara a expliqué depuis un an attendre les conclusions de la Commission avant d’agir.

Le parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), avait par avance récusé en février les conclusions de la CNE, dénonçant une « justice des vainqueurs ».

De son côté, l’ex-chef de l’État est incarcéré depuis fin 2011 à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui le soupçonne de crimes contre l’humanité. Une vingtaine de figures du camp Gbagbo, dont l’ex-Première dame Simone Gbagbo, et des dizaines d’autres personnes de ce bord (des civils et des militaires) sont inculpées et détenues en Côte d’Ivoire.

(Avec AFP)

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