Harcèlement de rue : chronique du sexisme ordinaire en Belgique et ailleurs

Propos avilissants, sifflements canins, mains baladeuses, gestes obscènes… Un documentaire d’une étudiante belge en cinéma, met en lumière le harcèlement de rue. Une réalité à l’oeuvre des deux côtés de la Méditerrannée.

Capture d’écran extraite du documentaire de Sophie Peeters. © AFP

Capture d’écran extraite du documentaire de Sophie Peeters. © AFP

Publié le 8 août 2012 Lecture : 2 minutes.

Il est quotidien, banalisé, trop souvent minimisé. Ulcérée par les paroles et gestes déplacés – voire carrément  obscènes – dont elle est victime depuis son installation à Bruxelles, Sophie Peeters, une étudiante belge en cinéma, a décidé de filmer en caméra caché les outrages subis lors de ses déplacements quotidiens. Dans son film (voir l’extrait ci-dessous) de fin d’études, le spectateur (masculin) découvre, médusé, la litanie des « salope », « chienne » et autre « t’es bonne », proférés à tous bouts de champ à une jeune femme certes séduisante, mais vêtue d’une robe tout à fait décente et de bottes. Depuis, le buzz fait son oeuvre sur la toile, notamment sur Twitter où les femmes sont invitées à raconter leurs mésaventures. Et la parole se libère, via d’innombrables témoignages plus ou moins crus. 

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Risque de récupération

Où s’arrête la drague ? Où commence la violence ? Le débat est ouvert. Avec, à la clé, un risque de stigmatisation des Maghrébins – de nombreuses séquences ont été tournées dans un quartier populaire de la capitale belge où réside une importante communauté maghrébine. Question d’éducation ? De religion ? D’éthique ? Entre ceux qui pointent le risque de culturaliser un comportement et ceux qui mettent en exergue le poids des frustrations sexuelles et des différences culturelles, la polémique va bon train – sans parler de l’accusation récurrente de paranoïa féminine.

Et pourtant… Cette vidéo choc vient contribuer à la dénonciation des dérives sexistes à l’oeuvre en Europe comme outre-Méditerranée. Elle s’inscrit dans la droite ligne du film « Les femmes du bus 678 », de l’Égyptien Mohamed Diab, qui brisait récemment le tabou du harcèlement de rue à travers l’histoire de trois femmes s’unissant pour combattre le machisme à l’oeuvre dans les rues, les bus et les foyers cairotes. Elle renvoie aussi aux attouchements dont la place Tahrir s’est fait une sinistre réputation – le cas le plus médiatisé étant celui de la journaliste française Caroline Sinz, agressée et violée par une foule d’homme fin novembre. Reste que le phénomène est partout présent, juste plus ou moins frontal, se jouant des catégories sociales. Hasard de calendrier ? En France, une loi contre le harcèlement sexuel vient d’être adoptée, visant à sanctionner ce délit et à encourager les victimes à porter plainte.
 

 

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