Vidéo – Ould Hamaha (Ansar Eddine) : « Si on nous appelle au Burkina ou au Sénégal, on viendra ! »
Appel au djihad, relations avec le Qatar, prédictions illuminées sur l’attente de vierges au paradis… Dans une vidéo en français, enregistrée le 16 avril dernier, l’un des chefs militaires d’Ansar Eddine, le Malien Omar Ould Hamaha, livre sa vision – aussi hallucinée que dangereuse – du djihad.
La vidéo de l’interview de Omar Ould Hamaha, enregistrée le 16 avril sur le téléphone d’un médecin dans la cour de l’hôpital de Gao, a été exhumée le 3 août par le site Malibuzz.com, qui l’a présentée comme sienne. Au-delà de la manipulation journalistique, cette vidéo authentique a au moins un mérite : celui d’être explicite. Assis à l’ombre d’un arbre, kalachnikov sur les genoux, la barbe roussie par le henné, le chef militaire du mouvement islamiste Ansar Eddine y expose ses théories fanatiques.
Dès le début de l’enregistrement, Omar Ould Hamaha, un Bérabiche de Tombouctou, rappelle les grands principes du mouvement auquel il s’est allié tout en continuant à appartenir vraisemblablement à Al-Qaïda au maghreb islamique (Aqmi). « Nous combattons au nom de l’islam et nous sommes pour la pratique de la charia, pas plus, pas moins, s’exclame-t-il. Il faut qu’on vive en bons musulmans et qu’on meurt en martyrs. »
Omar Ould Hamaha prétend aussi que les châtiments corporels de la charia qu’il défend ne seront appliqués que lors de la « domination complète [d’Ansar Eddine, NDLR] sur tout le territoire malien ». Après son interview, cependant, au moins une flagellation d’un couple non marié (à Tombouctou), et une lapidation à mort (à Kidal), ont déjà eu lieu au Nord-Mali. Interrogé également sur les rumeurs d’éventuels financements qataris envers son mouvement, il répond, agacé : « On a pas besoin du Qatar et nous ne sommes pas financés par le Qatar. C’est Allah notre financement. »
"Je vous apelle au djihad"
Sur la crise malienne, le chef militaire d’Ansar Eddine est clair. Pour lui, le gouvernement malien est un gouvernement « mécréant » à la botte de la France et des États-Unis. Il estime aussi que ses objectifs et ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont très différents. « Le MNLA a un but bien déterminé : c’est l’indépendance. Nous, nous ne sommes pas pour le découpage du Mali, on veut simplement la pratique de l’islam. »
Omar Ould Hamaha distingue également les bons et mauvais musulmans. « En Algérie, au Maroc, en Libye, ce ne sont pas des musulmans pratiquants. Il n’y a qu’un pays au monde qui a pratiqué l’islam, c’est l’Afghanistan des Talibans pendant cinq ans ». Concernant les otages détenus par les islamistes, il considère que « c’est la religion qui l’ordonne », insistant sur le fait que kidnapper des « gens du livre » comme les chrétiens est une méthode « légale ».
Turban sur la tête, il poursuit sa propagande djihadiste pendant de longues minutes. « Le djihad, c’est pour tout le monde : Noirs, Blancs, Arabes… La porte est ouverte. Le djihad est une obligation divine ». « Vous aussi vous devez faire le djihad, déclare-t-il à son interlocuteur. Je vous appelle à adhérer au djihad et même chercher à mourir pour le Prophète. » Le responsable d’Ansar Eddine n’hésite pas non plus à réclamer d’avantage d’enfants-soldats dans ses rangs. « Donnez-nous des jeunes volontaires. On va les entraîner, on va leur donner des armes », lance-t-il en face de la caméra.
Les vierges au goût de miel
Puis vient le temps des doctrines illuminées. « Il y a 72 femmes au paradis. Leur regard, c’est comme si tu allumais une bougie. Si elles crachent dans l’océan, ce serait buvable comme le lait et le miel. Si les gens donnent leur vie, c’est en guise d’avoir l’agrément d’Allah ».
À propos d’une intervention militaire contre ses troupes, qui serait soutenue par la France et les États-Unis, Omar Ould Hamaha ne se montre pas du tout impressionné. « Quand ils viendront ici, on montera vers le Sahara. Dites-leur qu’on se verra là-bas », rigole-t-il.
Le chef islamiste termine son intervention en proposant ses services, allant même jusqu’à se présenter en sauveur de l’Umma, la communauté des croyants. « Partout dans le monde, quand les musulmans nous appellent, on est prêts à venir les secourir. À Gao, la population nous a appellé au secours, c’est pour ça qu’on est venu. Si on nous appelle au Burkina, au Sénégal, ou même au Sierra Leone, on viendra ! »
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