Afrique du Sud : pour Frederik Willem de Klerk, « le temps de la réconciliation est terminé »

Il persiste, mais cette fois-ci il signe. Après ses nouvelles déclarations du 25 juillet, le dernier président de l’apartheid, Frederik Willem de Klerk, semble avoir définitivement renoué avec les vieux démons de l’Afrique du Sud.

Frederik Willem de Klerk, prix Nobel de la paix, avec Nelson Mandela en 1993. © AFP

Frederik Willem de Klerk, prix Nobel de la paix, avec Nelson Mandela en 1993. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 30 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

L’interview du dernier président de l’apartheid, sur CNN le 10 mai, avait pu passer pour un fâcheux malentendu. Comment Frederik Willem de Klerk, 76 ans, prix Nobel de la paix, avec Nelson Mandela en 1993, pour avoir mis fin à ce régime, pouvait-il justifier « le concept de créer deux États-nations séparés […] un noir et un blanc », affirmant ne pas avoir à s’excuser pour ce projet ? Face à une avalanche de réactions outragées, il avait été contraint à un rétropédalage peu convaincant, tant le fond de sa pensée semblait avoir été clairement exprimé. Sa dernière sortie médiatique, le 25 juillet, lors d’une conférence organisée par sa fondation, a au moins le mérite de mettre fin au doute.

« Malheureusement, le temps de la réconciliation de Mandela et [Thabo] Mbeki est terminé, a-t-il affirmé. Les hommes blancs sont très injustement accusés de la triple crise du chômage, des inégalités et de la pauvreté  »

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Piqué au vif

Les déclarations de Jacob Zuma, le 26 juin, l’avait manifestement piqué au vif. « L’économie est encore largement la propriété d’hommes blancs, avait déploré l’actuel président. La structure de l’économie de l’apartheid est en grande partie intacte […] Nous devons prendre ces décisions difficiles que nous n’avons pas pu prendre [à notre arrivée au pouvoir] ». Le constat était pourtant incontestable et de plus en plus difficilement supportable pour la majorité noire. Les solutions à adopter face à ce défi font, en revanche, l’objet d’un débat à l’intérieur du parti majoritaire, le Congrès national africain (ANC). Après l’exclusion de Julius Malema, le plus fervent partisan des nationalisations des mines et saisies de terres sans compensation, le parti semble se diriger vers une méthode plus pragmatique.

Pas de quoi faire dévier De Klerk du vieil argumentaire de son défunt régime contre l’ANC, décrit comme prêt à transformer l’Afrique du Sud en « État communiste ». « Tous les Sud-africains doivent maintenant devenir politiquement actifs. […] Choisissez le parti qui est le plus proche de ce en quoi vous croyez », a-t-il lancé, sous les yeux d’Helen Zille, chef de la principale formation d’opposition,  qui s’efforce habituellement de changer son image de « parti des Blancs ». Ce n’est pas avec ce genre d’alliés qu’elle y parviendra.

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