JO 2012 : Maroc – Espagne, plus qu’un match de football

Les Lionceaux de l’Atlas jouent leur qualification pour les quarts de finale du tournoi olympique, mercredi 1er août, face à la Rojita, d’ores et déjà éliminée. Un match à la saveur particulière, tant les différends entre le royaume chérifien et son voisin espagnol sont nombreux.

Les Lionceaux de l’Atlas doivent s’imposer contre l’Espagne pour se qualifier en quarts de finale. © DR

Les Lionceaux de l’Atlas doivent s’imposer contre l’Espagne pour se qualifier en quarts de finale. © DR

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Publié le 30 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Troisième et avant dernier du groupe D après leur défaite (0-1) contre le Japon, les Lioncaux de l’Atlas n’ont pas le choix. Seule une victoire face à l’Espagne, d’ores et déjà éliminée, leur ouvrirait les portes des quarts de finale.

À Rabat et Madrid, mercredi 1 er août, le match sera suivi avec attention. Loin des stades olympiques, les accrochages entre le Maroc et l’Espagne sont fréquents sur le terrain diplomatique. Les deux voisins, séparés d’à peine quinze kilomètres par le détroit de Gibraltar, s’opposent régulièrement, parfois vivement, sur des litiges territoriaux hérités d’un lointain passé commun.

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Il faut dire que les dossiers sensibles entre les deux pays ne manquent pas. Le premier, qui fait régulièrement la Une des journaux des deux côté de la Méditerranée, est la question des enclaves espagnoles sur le littoral nord du Maroc. Depuis son indépendance, en 1956, le royaume chérifien revendique haut et fort les villes de Ceuta (en arabe, Sebta), Melilla (Mlilya), ainsi que plusieurs petites îles situées le long de sa côte méditerranéenne, comme l’îlot Persil (Layla).

Rabat considère ces possessions espagnoles comme des vestiges de l’ancien protectorat hispanique, établi de 1912 à 1956 sur le nord du pays. De son côté, Madrid refuse de céder un pouce de terrain. Aux Marocains qui les accusent de colonisation tardive, les Espagnols rétorquent que leur présence dans la région remonte au XVIe siècle.

De l’îlot Persil aux îles Zaffarines

Les joutes diplomatiques peuvent parfois prendre des tournures dramatiques. En juillet 2002, une douzaine de soldats marocains débarquent sur l’îlot Persil pour y installer un campement militaire. Officiellement, ils sont là pour lutter contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine. En Espagne, on crie à l’invasion territoriale. Une semaine plus tard, les intrus sont délogés, sans violence, par des unités des commandos espagnols. Malgré les crispations, cette grave crise sera finalement résolue grâce à la médiation de Washington.

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Plus récemment, les îles Zaffarines, petits rochers plantés au large de Ras El Ma, ont été la cause de nouvelles tensions entre les deux voisins. Lors d’un déplacement à Mellila, le 9 juillet, le ministre de l’Intérieur espagnol, Jorge Fernandez Diaz, a annoncé le déploiement d’un contingent de la Garde civile sur les îles Zaffarines. Deux jours plus tard, le 11 juillet, Rabat convoquait l’ambassadeur d’Espagne pour lui faire officiellement part de son mécontentement face à cette décision « unilatérale ». Ironie de l’histoire, les policiers espagnols débarqueront sur les îles Zaffarines le 1er août, quelques heures avant le coup d’envoi du match Maroc – Espagne…

Le Sahara, autre question brûlante

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À des milliers de kilomètres plus au sud, un autre territoire, largement plus vaste que Ceuta et Melilla, empoisonne les relations hispano-marocaines. Il s’agit du Sahara occidental, ou « Provinces du sud » pour le Maroc. En 1975, cette ancienne colonie espagnole a été annexée par les Marocains, à l’occasion de la fameuse « Marche verte » lancée par Hassan II. Depuis, Marocains et indépendantistes sahraouis du Polisario se disputent le morceau, toujours considéré comme un territoire non-autonome par l’Onu.

Sur le plan diplomatique, Rabat accuse Madrid de comploter en faveur des « séparatistes » du Polisario. Le statut définitif du Sahara, immense région désertique de 270 000 km2, est donc une question brûlante entre les deux pays. Les accrochages sur ce dossier explosif ne sont pas rares, comme en novembre 2010, lors du démantèlement d’un campement de contestataires sahraouis à Layyoune. Le gouvernement espagnol avait alors ouvertement critiqué la politique marocaine. Une position qui, une fois de plus, était très mal passée de l’autre côté du détroit.
 

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