JO 1904 : un hasard à l’origine de la première participation des Africains noirs au marathon olympique

Jan Mashiani et Len Tau : ces deux Sud-Africains de la tribu Tswana resteront dans l’Histoire comme les premiers Africains noirs ayant participés à des Jeux olympiques modernes. Nous sommes en 1904, à Saint-Louis. en plein cœur des États-Unis où la discrimination raciale fait encore, et pour longtemps, partie du paysage.

Len Tau (n°35) et Jan Mashiani (n°36) sont les premiers Africains noirs à participer aux Jeux. © DR

Len Tau (n°35) et Jan Mashiani (n°36) sont les premiers Africains noirs à participer aux Jeux. © DR

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 26 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Rien ne les prédestinait à participer au marathon olympique. Venus d’Afrique du Sud, membres de la tribu Tswana, Jan Mashiani et Len Tau sont avant tout, au sortir de la guerre des Boers, à la recherche de travail et d’argent. C’est dans ce contexte qu’ils embarquent pour les États-Unis, le 12 mars 1904, depuis Cape Town, attirés par une offre du quotidien sud-africain Witwatersrand. Celui-ci propose, pour quatre livres par mois, de participer à l’exposition de Saint-Louis relative au conflit qui a opposé les Britanniques aux colons d’Afrique australe.

C’est donc une compagnie d’acteurs qui débarque sur les côtes américaines. « Pour tous ces hommes, le contrat consistait à rejouer des scènes des affrontement passés et aucun d’entre eux n’eut pu penser qu’il participerait à l’une ou l’autre des épreuves. N’avaient-ils jamais eu connaissance de ces Jeux ? », écrit à ce sujet Fabrice Delsahut, auteur de l’ouvrage Les hommes libres et l’Olympe : les sportifs oubliés de l’histoire des Jeux.

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Len Tau (n°35) et Jan Mashiani (n°36).

Une première réussie

Len Tau et Jan Mashiani vont pourtant participer au marathon. Invités et respectivement enregistrés sous les numéros 35 et 36, les deux Africains font mieux que de la figuration en finissant neuvième et douzième. Ils surpassent même largement le Sud-Africain blanc en lice à leur côté, un certain B.W. Harris, qui abandonne avant le vingt-cinquième kilomètre.

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Leur performance est de taille, alors que la température dépasse les trente degrés. L’aventure aurait toutefois pu être plus belle encore si Len Tau (ou son compatriote, les récits varient) n’avait pas été poursuivi sur plus d’un mile par un chien enragé. « Le chien de garde américain courait juste derrière lui », écrit ainsi le Saint Louis Daily Globe, qui couvre l’événement, « avec la perspective d’une union rapide entre le vaste étalage des canines et la partie postérieure des vêtements du lion » (« Tau » signigie en Tswana « Lion », NDLR).

Mais pour une première victoire d’un Subsaharien au marathon olympique, il faudra encore attendre. Jusqu’en 1960, année du triomphe de l’Éthiopien Abebe Bikila.

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Par Mathieu OLIVIER

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