Le sida bat en retraite, et l’Afrique conduit la riposte

Yayi Boni est président du Bénin, et président en exercice de l’Union africaine (UA). Michel Sidibé est directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (Onusida).

Publié le 25 juillet 2012 Lecture : 4 minutes.

À l’occasion du sommet d’Addis-Abeba, l’Union africaine a adopté une « feuille de route » qui va transformer la riposte au sida en Afrique.

Aujourd’hui l’espoir est permis. Des dirigeants du monde, des virologues et des chercheurs  ont récemment évoqué le début de la fin du sida. Dans la plupart des pays africains, des récits témoignent de nombreuses vies sauvées, de la diminution du nombre de nouvelles infections au VIH/Sida et de la réduction du taux de  mortalité lié au sida. Depuis une décennie, dans 22 pays du continent, le nombre annuel de nouvelles infections a été réduit de plus de 25 % et plus de six millions d’Africains reçoivent un traitement antirétroviral, alors  qu’ils n’étaient que 50 000 il y a  dix ans.

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Ces résultats historiques reflètent les progrès constatés à travers tout le continent africain. La forte croissance économique des pays du continent est alimentée par des réformes politiques avisées et des progrès sur le plan de la paix et de la sécurité. La dépendance à l’égard de l’aide diminue à mesure que les recettes intérieures générées par la croissance augmentent – un tiers des pays africains au moins reçoivent une aide qui équivaut à moins de 10 % de leurs recettes fiscales. Ces transformations ont favorisé le démarrage d’un cycle de croissance intérieure dynamique et durable.

Quelque 300 000 enfants naissent encore avec le virus chaque année en Afrique, dont un sur trois mourra avant d’atteindre l’âge d’un an.

La croissance et la stabilité ont fait sortir des millions d’Africains de la pauvreté au cours des dix dernières années et engendré une baisse substantielle de la mortalité postinfantile, une hausse de la scolarisation dans le primaire et un accès accru à l’eau potable.

Ce n’est pas le moment de se  reposer sur les acquis ni d’espérer que les bonnes recettes du passé resteront efficaces dans un monde qui change rapidement. Chaque jour, 3 500 Africains meurent encore du sidafaute de soins. Actuellement, près de 5 millions d’Africains vivant avec le virus sont en attente du traitement indispensable à leur survie. Et si, dans les pays du Nord, aucun nourrisson ou presque ne contracte le VIH, 300 000 enfants naissent avec le virus chaque année en Afrique, dont un sur trois mourra avant d’atteindre l’âge d’un an. Il s’agit là d’une grave injustice sociale que nous refusons tout simplement de cautionner.

À l’heure où nous évaluons le travail considérable qui reste à accomplir pour en finir avec l’épidémie, nous devons chercher des solutions durables. La riposte au sidaest un investissement à long terme car des millions d’Africains auront besoin toute leur vie d’un accès aux programmes de prévention et au traitement. C’est un investissement fructueux à travers l’augmentation de la productivité, la baisse des coûts de prise en charge de frais de santé et d’orphelinat, et la restauration de la dignité et de l’espoir.

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Dans ce contexte, il faut répondre au problème de la dépendance excessive de l’Afrique en matière de riposte au sida, notamment en ce qui concerne les investissements, les médicaments et les solutions extérieures : plus de 80 % des dépenses liées au traitement proviennent de sources internationales, et le pourcentage est le même pour les médicaments importés vers l’Afrique.

Nous invitons tous les leaders africains à adhérer à cette « feuille de route » pour que les enfants du continent puissent grandir dans un monde sans sida.

Le temps du changement est venu. La responsabilité partagée et la solidarité mondiale supposent d’admettre que tous les pays ont des responsabilités différenciées pour tenir leurs engagements à l’égard des personnes vivant ou affectées par le virus. Les gouvernements et la société civile doivent faire preuve de leadership et de vision politique en définissant collectivement comment ils conduiront leur riposte et en demandant aux partenaires du développement d’appuyer cette vision. Les partenaires et les nations partagent la responsabilité de trouver ensemble les financements manquants pour lutter contre le VIH, en investissant chacun selon sa « juste part » dans le cadre d’une transition harmonieuse. Enfin, il incombe à toutes les parties prenantes de s’assurer que les ressources sont investies de façon à garantir des résultats maximaux, dans le respect des droits humains et de l’égalité des sexes. Ces actions sont essentielles pour orienter les réponses sanitaires de l’Afrique conformément au cadre de développement pour l’après–2015.

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Ce nouveau paradigme basé sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale sont les axes de l’action décidée au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba –  avec l’appui d’une nouvelle feuille de route vers 2015. Celle-ci vise à exploiter pleinement les ressources, l’activisme et l’élan en faveur de la riposte au sida à travers une série de solutions africaines pratiques, comme l’élaboration d’un modèle plus durable de financement de la santé, un meilleur accès aux médicaments grâce à la production locale et à l’intégration des marchés régionaux, ou encore la promotion d’une gouvernance plus efficace et plus équitable pour le secteur de la santé.

Nous invitons tous les leaders africains à adhérer à cette « feuille de route » pour que les enfants du continent ainsi que toutes les générations futures, puissent grandir dans un monde sans sida. Un monde qui aura été transformé par les innovations, l’humanité et la ténacité de la réponse à cette l’épidémie.

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