Nord-Kivu : les États-Unis pointent du doigt le Rwanda et suspendent leur aide militaire
Les États-Unis ont décidé de suspendre leur aide militaire au Rwanda, accusant le pays des Mille Collines de soutien aux rebelles du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).
La décision est tombée, dimanche 22 juillet, dans un communiqué officiel du Département d’État américain. D’après ce texte, le ministère a « décidé qu’il ne pouvait plus continuer à fournir le financement approprié pour l’aide militaire (au Rwanda) durant l’année fiscale actuelle ». En cause ? Le soutien présumé du Rwanda au soulèvement armé en cours au Nord-Kivu, dans l’est de la RDC voisine.
Selon le communiqué, les fonds américains, d’un montant de 200 000 dollars (164 000 euros) étaient destinés à financer une académie militaire rwandaise pour des officiers non gradés. Ils doivent désormais être réaffectés sur un autre pays, pour le moment inconnu.
« Le gouvernement des États-Unis est gravement préoccupé par les preuves selon lesquelles le Rwanda est impliqué dans la fourniture d’un soutien aux rebelles congolais, dont le M23 », ajoute le texte.
Le Département d’État a par ailleurs indiqué que les États-Unis ont agi activement aux plus hauts niveaux pour demander au Rwanda de « cesser son soutien au M23 », qui, selon lui, « menace de déstabiliser la région ».
Des rapports de l’ONG Human Rights Watch (HRW), puis d’experts de l’ONU, ont ensuite confirmé que le M23 avait reçu une « aide directe » (armes, munitions, recrues…) de la part de hauts responsables rwandais. Parmi eux figurent notamment le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, et le chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga. De son côté, Kigali a toujours démenti tout soutien aux mutins.
"Mauvaises informations"
Le M23 est formé principalement d’ex-combattants de la rébellion tutsie congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans l’armée congolaise dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa, le 23 mars 2009. À l’époque, le CNDP était soutenu par le Rwanda.
Les mutins s’opposent depuis mai à l’armée congolaise dans l’est du Nord-Kivu. Ils ont leurs bases dans le parc national des Virunga, frontalier avec le Rwanda et l’Ouganda, et ont récemment pris plusieurs villes de la province près de ces camps.
La réponse du Rwanda ne s’est pas fait attendre. Dimanche, le pays des Milles collines a contesté la décision des États-Unis, affirmant qu’elle reposait sur de « mauvaises informations ».
« Bien que nous respections les droits des partenaires qui participent à notre développement, nous disons clairement à nos amis de Washington et d’ailleurs que cette décision repose sur de mauvaises informations et est factuellement fausse », a déclaré la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
« Comme nous l’avons dit depuis le début, le Rwanda n’est ni la cause, ni le complice de l’instabilité dans l’est de la République démocratique du Congo », a-t-elle affirmé.
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