Derrière les groupes islamistes du Nord-Mali, Aqmi tire les ficelles

Les groupes islamistes armés qui occupent et se partagent le nord du Mali depuis la fin de mars agissent en coordination avec le commandement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais jusqu’à quel point va leur allégeance ?  

La police islamiste patrouille dans les rues de Gao, au Mali, le 16 juillet 2012. © AFP

La police islamiste patrouille dans les rues de Gao, au Mali, le 16 juillet 2012. © AFP

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Publié le 20 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Aqmi : depuis le mois de mars, le nord-Mali est occupé par différents groupes islamistes armés. Ils contrôlent les trois grandes villes et régions administratives de la zone, respectivement Tombouctou, Gao et Kidal. D’après plusieurs sources concordantes, la branche maghrébine d’Al-Qaïda serait omniprésente dans chacune d’elles. Aqmi serait donc devenue la véritable maîtresse du jeu dans la région, coordonnant discrètement l’action de ses partenaires d’Ansar Eddine et du Mujao.

« Aqmi a un côté caméléon, prend toujours la couleur locale pour ne pas brusquer, sous-traite avec des jihadistes locaux tout en restant très vigilante », explique ainsi un responsable de la sécurité de la région.

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« Tout est organisé chez eux. Le ravitaillement, la formation militaire, le renseignement, la formation idéologique », selon une autre source sécuritaire, qui ajoute : « Ne nous y trompons pas. Les centaines de jeunes qui sont recrutés au nom du Mujao ou d’Ansar Eddine sont en réalité des combattants d’Aqmi ».

Trafic de drogue et rançons

La force d’Aqmi, issue du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, réside dans sa parfaite connaissance du nord du Mali, où elle est implantée depuis au moins cinq ans. Elle repose aussi sur l’excellente formation de ses combattants et d’importantes sommes d’argent provenant de rançons obtenues en échange de la libération des otages qu’elle enlève de la Mauritanie au Niger en passant par le Mali. Aqmi se livre également à divers trafics dans les pays du Sahel, comme la contrebande ou le trafic de drogues.

À Gao, principale ville du nord du Mali, c’est officiellement le Mujao, en majorité composé d’Arabes de la région et de Sahraouis, qui a pignon sur rue. C’est avec la complicité de certains Sarhaouis que trois otages européens – deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne – ont été enlevés en octobre 2011 à Tindouf (ouest de l’Algérie), fief du Polisario, mouvement qui combat pour l’indépendance du Sahara occidental (sud du Maroc) avec le soutien d’Alger.

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Les trois otages ont été libérés mercredi,dans la région de Gao, en échange d’une rançon de 15 millions d’euros et de la libération d’un islamiste qui aurait été détenu en Mauritanie, a indiqué le Mujao.

"Le Borgne" à Gao

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Un journaliste de l’AFP a vu des djihadistes algériens circuler à Gao dans de puissants véhicules. Plusieurs témoins ont par ailleurs affirmé y avoir régulièrement vu un des principaux dirigeants d’Aqmi : Mokhtar Belmokhtar, un Algérien surnommé « Le Borgne ». Gao « est désormais sa base », affirme l’un de ces témoins. « Il vit ici avec son fils Oussama, fruit d’un mariage avec une Malienne », dit-il.

Fin juin, lors des combats entre le Mujao et la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), totalement été évincée de la ville, « Le Borgne » était présent et ses hommes ont prêté main forte au Mujao.

À Tombouctou, ville mythique du Sahara où les islamistes ont choqué le monde en détruisant la majorité des mausolées de saints musulmans vénérés par les populations locales, c’est un autre chef d’Aqmi, l’un des plus radicaux, Abou Zeid, qui règne en maître des lieux. Officiellement, la ville serait pourtant tenue par Ansar Eddine.

Abou Zeid a en partie pris ses quartiers dans le palais construit à Tombouctou par l’ex-leader libyen Muammar Kadhafi, tué en 2011.

Attentats-suicides

Son second, également membre de la direction d’Ansar Eddine, est Oumar Ould Hamaha, Malien originaire de la région de Tombouctou. Il est l’une des pièces maîtresses du dispositif des islamistes dans le Nord où il coordonne les activités des différents groupes islamistes armés.

Idéologue et chef de guerre, l’homme est craint. Il a récemment menacé d’attentats-suicides les pays d’Afrique de l’Ouest qui envisagent d’intervenir dans le nord du Mali pour combattre les islamistes, ainsi que ceux qui soutiennent ces pays, au premier rang desquels la France.

A Kidal, un ancien rebelle touareg, Iyad Ag Ghaly, fondateur et leader d’Ansar Eddine, autre homme fort du nord du Mali, est le chef incontesté.

Dès 2003, il avait commencé par jouer les médiateurs pour la libération d’otages occidentaux et il connaît parfaitement les islamistes. Il a fini par épouser leurs causes, en particulier celle de vouloir imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali.

Un de ses cousins, Abdelkrim Taleb, touareg de la tribu des Iforas, comme lui, dirige une katiba (unité combattante) d’Aqmi dans la région de Kidal.

(Avec AFP)

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