Syrie : un attentat-suicide tue plusieurs piliers du régime Assad

Un attentat-suicide a visé le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas. Plusieurs piliers du régime de Bachar al-Assad ont été tués, dont le ministre de la Défense et le chef du Renseignement. Des combats continuent à opposer les rebelles à l’armée régulière dans plusieurs quartiers de la capitale.

Le ministre de la Défense syrien Daoud Rajha (centre). © AFP

Le ministre de la Défense syrien Daoud Rajha (centre). © AFP

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Publié le 18 juillet 2012 Lecture : 4 minutes.

Mis à jour à 18h45.

C’est sûrement l’un des coups les plus durs porté par la rébellion syrienne au régime de Bachar al-Assad. Mercredi 18 juillet, trois hauts responsables syriens, dont le beau-frère du président Bachar al-Assad, ont été tués dans un attentat-suicide visant le cœur de l’appareil sécuritaire à Damas.

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Cette attaque, la première contre des ministres depuis le début de la révolte en mars 2011, a été revendiquée par l’Armée syrienne libre (ASL, composée en majorité de déserteurs), qui avait annoncé la veille « la bataille pour la libération de Damas ». Mercredi, les combats faisaient rage entre rebelles et armée régulière dans plusieurs quartiers de la capitale syrienne.

Ce nouveau retournement de situation survient à quelques heures d’un vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution menaçant la Syrie de sanctions, auxquelles  Moscou continue à s’opposer. De leur côté, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont jugé que cet attentat rendait d’autant plus urgent le besoin de voter cette résolution.

L’attentat s’est produit lors d’une réunion de ministres et de responsables de la sécurité dans le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas. Ultra-protégé, cet édifice situé dans le centre-ville est le symbole de la répression de la révolte syrienne.

D’après une source sécuritaire, un kamikaze a actionné sa ceinture d’explosifs dans la salle où les hauts responsables se réunissaient. Cet homme serait « un garde du corps d’un des participants à la réunion », a-t-elle précisé.

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Plusieurs victimes de haut rang

Le vice-ministre de la Défense et chef du Renseignement, le général Assef Shawkat, également beau-frère de Bachar al-Assad, a été tué dans l’attentat. Le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, a lui aussi péri. Troisième victime de haut rang : le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), il serait décédé des suites de ses blessures. L’attentat-suicide aurait également blessé le ministre de l’Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, et le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar.

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L’ASL a revendiqué l’opération sans donner plus de détails sur son exécution. Elle a affirmé qu’il s’agissait de « la première d’une série de grandes opérations visant à faire chuter Assad et l’ensemble des piliers et symboles du régime, qu’ils soient civils ou militaires ».

Les rebelles ont rappelé que ceux « qui n’ont pas de sang sur les mains » avaient jusqu’à la fin du mois de juillet pour faire défection, sous peine sinon d’être considérés, selon le communiqué, comme « des complices des meurtres d’Assad ».

Selon un communiqué diffusé par la télévision d’État, l’armée a de son côté annoncé que cet acte « terroriste » renforçait la « détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes ». Depuis le début de la révolte, les autorités qualifient les rebelles de « terroristes », aidés selon elles par des pays étrangers. Après l’attaque suicide, le régime a rapidement annoncé la nomination d’un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, jusque-là chef d’état-major.

Combats à Damas

Pour l’OSDH, la mort du général Assef Shawkat est un « coup sévère pour le régime syrien car il assumait le tout premier rôle dans les opérations des forces régulières pour écraser la révolution ».

L’attentat-suicide intervient peu de temps après l’annonce du lancement de la « bataille pour la libération » de Damas par les rebelles. Mercredi, des affrontements entre l’armée régulière et l’ALS avaient lieu dans les quartiers de Midane et de Kafar Soussé, dans le sud et l’ouest de Damas.

Les combats, les plus violents dans la capitale depuis mars 2011, ont débuté dimanche soir dans plusieurs quartiers périphériques. D’après l’OSDH, plus de soixante soldats de l’armée régulière ont été tués ces dernières 48 heures à Damas dans ces affrontements avec les rebelles. Toujours selon l’OSDH, des hélicoptères, entrés en action mardi, continuaient à attaquer les quartiers de Qaboune et de Barzé, dans l’est de Damas.

Risque de double veto

À Washington, les ministres américain et britannique de la Défense, Leon Panetta et Philip Hammond, ont mis en garde contre une situation qui devient « incontrôlable » en Syrie. La France a elle estimé que la lutte du président Assad pour conserver le pouvoir était « vaine » et a appelé les soutiens du régime « à se dissocier de la répression ».

Dans une énième tentative pour faire cesser les violences – qui ont encore fait mardi 93 morts -, un vote au Conseil de sécurité de l’ONU est prévu jeudi sur un projet de résolution déposé par les Européens et Américains.

La Russie a clairement dit qu’elle opposerait son veto à ce texte qui menace Damas de sanctions s’il continue à utiliser ses armes lourdes contre l’opposition. Le projet de résolution prévoit aussi la prolongation pour 45 jours de la Mission des observateurs de l’ONU en Syrie, qui expire officiellement vendredi.

« L’adoption de la résolution (occidentale, NDLR] serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. S’il est question d’une révolution, l’ONU n’a aucun rapport avec ça », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. La Chine et la Russie ont déjà bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil de Sécurité pour protéger leur allié syrien.

(Avec AFP)

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