Tunisie : Ennahdha se définit comme un parti « centriste » et « modéré »
Les islamistes d’Ennahdha ont adopté, dimanche 15 juillet, lors du 9e congrès du parti, une motion sur leur engagement « centriste » et « modéré ». Les débats sur l’avenir de la formation se sont poursuivis tard dans la nuit, après quatre jours de réunion, et devraient s’achever ce lundi.
Lors du 9e Congrès d’Ennahdha, les débats sur l’avenir du parti se sont prolongés dans la nuit de dimanche et devaient se poursuivre lundi. « Cette nuit nous allons annoncer les résultats lors d’une grande fête », avait pourtant déclaré le chef historique et co-fondateur d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, très influent sur la scène politique tunisienne bien qu’il n’occupe aucune responsabilité étatique.
Ces derniers jours, Ghannouchi a répété à plusieurs reprises que Ennahdha, inspiré à l’origine par les Frères musulmans égyptiens, devait devenir un parti de gouvernement « modéré ». Lors d’une conférence de presse, le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a confirmé que le millier de délégués réunis au Kram, en banlieue nord de Tunis, avaient adopté un texte confirmant cette orientation.
La motion, qui n’a pas été publiée, « conforte les choix centristes et modérés, le bannissement de l’extrémisme », a assuré le responsable nadhaoui. Vers minuit, heure locale (23 heures GMT dimanche), il a indiqué, sans plus de précisions, que le parti avait adopté une stratégie économique pour la « création d’emplois ». Le chômage, notamment celui des jeunes, a été l’un des grands moteurs de la révolution de 2011.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les délégués devaient encore désigner les instances dirigeantes du parti, en particulier le chef du parti. Le poste devrait être conservé, sauf surprise, par Rached Ghannouchi ce lundi.
Des questions restaient également encore en suspens. Les délégués n’ont par exemple pas fixé définitivement leur position concernant la nouvelle Constitution du pays, en cours de rédaction à l’Assemblée nationale constituante (ANC). Ils ont aussi confirmé qu’Ennahdha militera pour un régime parlementaire, mais sans déterminer encore s’il sera pur ou laissera des prérogatives importantes au chef de l’État, comme le réclament les partenaires des islamistes au gouvernement.
Des débats houleux
Par ailleurs, Rached Ghannouchi a indiqué vouloir élargir la coalition au pouvoir à d’autres formations politiques et a dit vendredi qu’un remaniement ministériel pourrait intervenir après le congrès. Ennahdha veut, par ce premier congrès en Tunisie depuis 1988, déterminer son orientation en vue des élections prévues en mars 2013. L’enjeu est de transformer rapidement le mouvement, qui a connu des années de clandestinité, en véritable parti de gouvernement.
Violemment réprimé sous le président déchu Ben Ali, le parti islamiste s’est imposé après les premières élections postrévolutionnaires d’octobre comme le principal partenaire d’une coalition au pouvoir, avec deux partis de centre-gauche.
Ennahdha s’est fixé pour objectif d’être une formation de consensus. Elle doit pour cela concilier les modérés et les tenants d’une ligne plus radicale, qui seraient minoritaires. L’opposition parlementaire l’accuse pour sa part de tentations hégémoniques. Certains craignent une islamisation rampante du pays et réclament un gouvernement d’union nationale. Ennahdha est notamment accusée d’avoir manqué de fermeté face à la mouvance salafiste, responsable de plusieurs coups d’éclat ces derniers mois.
Le Congrès pour la République (CPR), du président Moncef Marzouki, et Ettakatol, les deux partis du centre-gauche alliés à Ennahdha, estiment de leur côté que le parti islamiste a intégré les principes républicains. Il a notamment renoncé à faire inscrire expressément la charia – la loi coranique – dans la Constitution.
(Avec AFP)
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