JO 2012 : quelles chances de médailles pour l’Afrique à Londres ?

Les Jeux olympiques de Londres, dont la cérémonie d’ouverture a lieu ce 27 juillet, peuvent-ils être plus prolifiques pour le continent que ceux de Pékin en 2008 ? Avec le même nombre de nations représentées, soit 53 pays (seul le Soudan du Sud n’envoie pas de délégation), l’Afrique espère obtenir un résultat au moins aussi glorieux que les quarante médailles glanées en Chine. Tour d’horizon des principaux prétendants aux podiums, pays par pays.

Les Kényans devraient une nouvelle fois être très présents sur les podiums à Londres. © AFP

Les Kényans devraient une nouvelle fois être très présents sur les podiums à Londres. © AFP

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 16 juillet 2012 Lecture : 9 minutes.

Mis à jour le 27/07 à 9h10.

Il y a quatre ans, l’Afrique avait placé treize pays sur les podiums olympiques et glané douze médailles en or, quatorze en argent et quatorze en bronze. Le continent faisait alors mieux qu’à Athènes en 2004 ou Sydney en 2000 où elle s’était arrêtée à 35 breloques.

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Une progression qui ne cache de grandes disparités sur le continent. À Pékin, le Kenya (14 médailles) et l’Éthiopie (7 médailles) ont raflé plus de la moitié des distinctions africaines. Résultat de la place de choix qu’occupe l’athlétisme dans le sport de haut niveau sur le continent, ce constat devrait une nouvelle fois prévaloir à Londres, où une bonne partie des espoirs se vérifieront sur piste. Pourtant, des podiums pourraient également survenir dans d’autres disciplines…

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Afficher JO 2012 : les principales chances de médailles africaines sur une carte plus grande

>> L’Éthiopie, la culture du fond

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Nombre de participations aux J.O. depuis 1896 : 12

Ce n’est pas une surprise, les Éthiopiens font une nouvelle fois partie des favoris pour les épreuves de fond, en athlétisme. Véritable culture des hauts plateaux, la discipline du 10 000 mètres devrait être un moment fort de la présence éthiopienne à Londres. Kenenisa Bekele, qui courra aux côtés de son frère Tariku, fait figure de grand favori et de successeur à la légende nationale, Haïlé Gébrésélassié. Le champion olympique en titre devra toutefois se méfier des Kenyans. Sur 5 000 mètres, le compatriote de Bekele, Dejen Gebremeskel part également favori. Il est détenteur de la meilleure performance mondiale de l’année en 12’46 »81.

Chez les femmes, l’Éthiopie comptera avant tout sur trois de ces championnes. La première, Abeba Arigawe, s’avance en favorite du 1 500 mètres, débarquant à Londres avec la meilleure performance mondiale de l’année en 3’’56’54.

Les médaillés d’or africains à Pékin

Hommes

Oussama Mellouli (Tunisie – Natation – 1 500 mètres)

Wilfred Bungei (Kenya – Athlétisme – 800 m)

Asbel Kipruto Kiprop (Kenya – 1500 mètres)

Brimin Kipruto Kiprop (Kenya – Athlétisme – 3 000 mètres steeple)

Samuel Kamau Wansiru (Kenya – Marathon)

Kenenisa Bekele (Éthiopie – 5 000 mètres)

Kenenisa Bekele (Éthiopie – 10 000 mètres)

Femmes

Françoise Mbango Etone (Cameroun (devenue Française) – Triple saut)

Pamela Jelimo (Kenya – 800 mètres)

Nancy Jebet Langat (Kenya – 1 500 mètres)

Kirsty Coventry (Zimbabwe – 200 mètres dos)

Tirunesh Dibaba (Éthiopie – 5 000 mètres)

Tirunesh Dibaba (Éthiopie – 10 000 mètres) .

Tirunesh Dibaba, favorite et championne olympique en titre sur 10 000 mètres et Meseret Defar, qui participe au 5 000 mètres (épreuve qu’elle a remportée à Athènes en 2004), sont sans doute les plus attendues. Les deux femmes ne se rencontreront sans doute pas, Dibaba n’étant que remplaçante dans la sélection éthiopienne sur 5 000 mètres, mais leur rivalité est célèbre. En Éthiopie, lorsque deux enfants se chamaillent, les parents les réprimandent parfois d’un « ne fais pas ta Tirunesh ou ta Meseret ».

>> Kenya, des hauts plateaux à l’or olympique

Nombre de participations aux J.O. : 13

Avec l’Éthiopie, le Kenya est l’autre poids lourd africain des J.O. Sans surprise, les Kenyans seront surtout attendus sur les longues distances, au même titre que leur voisin du Nord. Wilson Kiprop, détenteur de la meilleure performance mondiale de l’année sur 10 000 mètres en 27’01’’98, et Kenneth Kipkemoi, sacré champion d’Afrique de la discipline au Bénin en 2012, tenteront ainsi de contrecarrer les plans de Kenenisa Bekele. Sur 5 000 mètres, Isiah Kiplangat Koech et Edwin Cheruiyot Soi, troisième à Pékin il y a quatre ans, auront également fort à faire face à l’Éthiopien Dejen Gebremeskel.

Chez les femmes, Vivian Cheruiyot, championne du monde en titre sur 5 000 et 10 000, s’aligne sur les deux distances avec la même ambition de victoire que, du côté du marathon, Wilson Kipsang et Mary Keitany, qui aimeraient confirmer leur performance au marathon de Londres qu’ils ont tous deux remporté en 2012.

Sur 1 500 mètres, Asbel Kiprop (record à 3’29”78), champion d’Afrique en 2010, champion du monde en 2011 et champion olympique en 2008, est l’un des prétendants à la couronne olympique avec Silas Kiplagat (record à 3’29”63). Autre immense favori kenyan : David Rudisha, sur 800 mètres, devrait survoler les débats.

Enfin, la course reine au Kenya, le 3 000 mètres steeple, ne semble pas pouvoir échapper aux coureurs des hauts plateaux. Brimin Kiprop Kipruto, Abel Kiprob Mutai et Ezekiel Kemboi tenteront de réaliser le triplé.

>> Botswana : Amantle Montshoe, reine du 400 mètres

Nombre de participations aux J.O. : 9

La meilleure chance de médaille du Botswana, c’est elle : Amantle Montshoe, la reine du 400 mètres. Championne du monde en titre et vainqueur de la Ligue de Diamant en 2011, celle-ci se présente en grande favorite du tour de piste. Alors que l’Américaine Allysson Felix s’annonçait comme sa principale adversaire, celle-ci a renoncé à courir la distance, se concentrant sur le 100 mètres et le 200 mètres. La route semble donc relativement ouverte pour Montshoe.

>> Afrique du Sud, athlètes et polémiques

Nombre de participations aux J.O. : 18

Toutes l’attentions sera fixée sur les deux stars sud-africaines de l’athlétisme. La première, Caster Semenya, avait défrayé la chronique en 2009. La fédération internationale d’athlétisme (IAAF) avait décidé, juste avant la finale du 800 mètres des Mondiaux de 2009 à Berlin, dominée de bout en bout par la Sud-Africaine, de nommer un groupe d’experts pour enquêter sur son genre sexuel, dont la morphologie semblait très masculine.

Une décision qui avait scandalisé l’Afrique du Sud et pris une tournure politique puisque le président Jacob Zuma avait exprimé son « mécontentement » vis à vis de la Fédération. Un mois plus tard, l’IAAF était parvenue à un accord avec l’Afrique du Sud stipulant que Semenya conservait son titre mondial. De nouveau autorisée à concourir, Caster Semenya a pris la médaille d’argent du 800 mètres aux Mondiaux 2011 (1’56’’35) derrière Mariya Savinova, qui sera une nouvelle fois sa plus grande rivale à Londres.

Oscar Pistorius peut quant à lui prendre sa présence aux JO de Londres comme une première victoire. Le Sud-Africain de 26 ans, qui court grâce à deux prothèses en carbone, était jusqu’alors contraint de courir en catégorie handisport. Pourtant, après une longue bataille d’experts, il a obtenu l’autorisation de s’aligner face aux valides. En 2011, aux championnats du monde de Daegu, Pistorius avait même remporté une médaille de bronze sur le relais 4×400 mètres. S’il est difficile de prédire sa performance à Londres, Pistorius sera sans doute particulièrement sous le feu des projecteurs lors de la compétition du 400 mètres dans la capitale londonienne.

>> Sénégal : à la lutte pour une breloque

Nombre de participations aux J.O. : 12

Ce serait une belle surprise pour la lutte au Sénégal. Après avoir manqué les Jeux de Pékin en 2008, la Sénégalaise Isabelle Sambou, sextuple championne d’Afrique de lutte féminine, s’est qualifiée à 31 ans pour les Olympiades de Londres.

Pour elle, les JO pourraient être l’aboutissement d’une carrière exceptionnelle. Après d’énormes efforts pour obtenir sa qualification – elle lutte en moins de 51 kg, catégorie non olympique, et a dû descendre en moins de 48 kg pour se qualifier pour Londres -, une médaille serait une récompense bien méritée.

>> Togo : médaille en eaux-vives ?

Nombre de participations aux J.O. : 9

Et si Benjamin Boukpeti rééditait son exploit d’il y a quatre ans ? Kayakiste, il était alors devenu à Pékin le premier médaillé de l’histoire de son pays en arrachant le bronze lors de l’épreuve olympique.

Le Togolais n’aurait pourtant pas dû être de la partie londonienne. Il ne doit sa présence qu’à un recours, en forme de dérogation, validé par le Comité international olympique. S’il n’est pas favori, l’exploit n’est pas impossible. En 2008, avant de toucher du bronze, il n’était que 56e mondial.

>> Gabon : une place au palmarès du sprint olympique ?

Nombre de participations aux J.O. depuis 1896 : 9

Déjà quart de finaliste aux Jeux de Pékin, en 2008, et demi-finaliste des championnats du monde en 2011 à Daegu (Corée du Sud), Ruddy Zang-Milama s’est imposée en 2012 comme l’une des valeurs sûres de l’athlétisme africain.

Dernière performance en date, jeudi 28 juin, elle a remporté le 100 mètres dames des 18e Championnats d’Afrique d’athlétisme de Porto-Novo au Bénin, avec un excellent chrono de 11 »16, quatrième meilleure performance mondiale de l’année. Son prochain objectif : passer sous la barre des 11 secondes, symbolique chez les femmes, et surtout, remporter une médaille à Londres au milieu des Jamaïcaines et Américaines, traditionnellement favorites.

L’autre grand espoir gabonais est le taekwondoïste Anthony Obame. Pour se qualifier aux J.O. de Londres, il avait battu, au tournoi du Caire, le Malien Keita Damamodibo, double champion du monde et, en finale, le Nigérien Chukwumerije Chika Yagazie, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

>> Algérie, du judo à la boxe

Nombre de participations aux JO depuis 1896 : 13

L’Algérie a montré qu’on ne pouvait attendre que peu d’elle en athlétisme lors des derniers championnats d’Afrique, au Bénin en 2012. C’est donc surtout sur la boxe que les Algériens devront compter pour réitérer leur performance d’il y a quatre ans, à Pékin, où ils avaient remporté deux médailles (en judo).

Pour ce faire, Abdelhafid Benchabla reste la meilleure chance des huit boxeurs qualifiés. Champion du monde WSB (World Series Boxing), il concourt dans sa catégorie des 80-85 kg.

En athlétisme, Taoufik Makhloufi, qui détient la 7e meilleure performance mondiale de la saison sur 1 500 mètres, sera sans doute un peu en retrait avec un record à 3’33 »26 quand les meilleurs kenyans ont couru cette saison en 3’29’’ et peuvent atteindre les 3’28’’.

>> Tunisie, nage libre et sabre au clair

Nombre de participations aux JO depuis 1896 : 13

Les chances tunisiennes aux prochains Jeux olympiques reposent encore une fois sur Oussama Mellouli (1 500 m et 10 km en nage libre), Habiba Ghribi (3 000 m steeple), la judoka Houda Miled et l’escrimeuse Azza Besbès.

Mellouli, champion olympique à Pékin et médaille d’or aux championnats du monde de Rome en 2009, est assurément la meilleure chance tunisienne à Londres. Il tentera tout simplement de conserver son titre sur 1 500 mètres.

Moins reconnue, Habiba Ghrib, sur 3 000 mètres steeple, n’en est pas moins un grand espoir en Tunisie. Médaille d’argent aux derniers championnats du monde, elle tentera de faire face à l’habituelle armada kenyane.

Azza Besbès aura elle aussi fort à faire. Classée huitième mondiale en escrime, la championne d’Afrique en titre ambitionne de ramener une médaille au pays. En 2008, à Pékin, elle avait été la première Tunisienne, à seulement 17 ans, à atteindre les quarts de finale de la compétition du sabre, n’étant battue que par la numéro une mondiale, l’Américaine Rebecca Ward.

Enfin, le judo tunisien pourra compter sur l’expérimentée Houda Miled dans la catégorie des moins de 70 kg. Une médaille olympique demeure le seul trophée manquant à son palmarès. Absente aux JO de Pékin en 2008 pour cause de blessure, elle cumule huit titres de championne d’Afrique.

>> Maroc, orphelin d’Hicham ?

Nombre de participations aux J.O. : 13

De l’avis des spécialistes, la course à pied reste la discipline reine au Maroc. Elle représente donc la chance la plus probable de briller sur la scène olympique. Mais, même avec 32 athlètes, dont 14 femmes, qualifiés pour des épreuves allant du 800 mètres au marathon, la partie s’annonce difficile.

Sur 1 500 mètres, les espoirs marocains reposeront sur Meriem Alaoui Selsouli, championne du monde indoor à Istanbul en 2012, ou encore, Btissam Lakhouad, et Siham Hilali. La marche semble cependant un peu trop haute concernant la première place puisque l’Éthiopienne Abeba Arigawe, qui a réalisé la meilleure performance mondiale de l’année 2012, semble difficilement accessible.

Du côté des hommes, les regards  se focaliseront au 1 500 mètres sur des athlètes comme Abdelaâti Iguider, Fouad Elkaam ou Amine Laâlou. Mais là encore, ils auront à batailler très dur. Cette fois, c’est un trio kenyan qui devrait leur barrer la route. Mais rien n’empêche de croire en l’éclosion d’un successeur du grand Hicham el-Guerrouj.

>> Zimbabwe, de l’or au fond des bassins

Nombre de participations aux J.O. : 12

Elle est l’ambassadrice du Zimbabwe sur les terres olympiques. Proche de Robert Mugabe, Kirsty Leigh Coventry, spécialiste du 200 mètres dos et du 4 nages, est double médaillée à Athènes en 2004 et quadruple médaillée à Pékin quatre ans plus tard. Grande favorite sur les épreuves de dos, elle devra cependant se méfier de ses jeunes rivales, notamment Missy Franklin, américaine de 17 ans, détentrice de la meilleure performance mondiale sur 200 mètres dos en 2’6’’12.

>> Nigeria : du bronze à l’or sur la longueur

Nombre de participations aux J.O. : 15

Elle était médaillée de bronze à Pékin en 2008. La Nigériane Blessing Okagbare espère rééditer sa performance, voire plus. À seulement 23 ans, ce n’est pas une nouvelle venue. Qualifiée pour les épreuves du 100 mètres, du 200 mètres et du saut en longueur, c’est sur cette dernière épreuve que ses chances sont les plus fortes.

Triple championne d’Afrique de la discipline, Okagbare a récemment battu son record personnel en réalisant un saut à 6,97 m. Soit 6 centimètres de mieux que celui qui lui avait valu le podium olympique il y a quatre ans. Tous les espoirs sont donc permis.
 

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