RDC : l’armée congolaise et la Monusco attaquent les mutins du M23
Redoutant toujours une offensive du M23 vers Goma, les troupes des Nations unies et l’armée congolaise ont lancé jeudi 12 juillet une opération conjointe dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans l’expectative quant aux intentions des mutins du Mouvement du 23 mars, les forces armées congolaises (FARDC) et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) ont lancé une offensive jeudi 12 juillet.
Trois hélicoptères de la Monusco et deux autres des FARDC ont été vus au-dessus de la zone de Nkokwe et Bukima, localités qui se trouvent entre 5 et 10 km à l’est de la route qui va de Rusthuru à Goma, à environ 50 km au nord de la capitale du Nord-Kivu. Selon la même source, des explosions étaient entendues. « Les FARDC sont en train de bombarder nos positions, mais ils ne savent pas où nous sommes. Il n’y a pas de problèmes », a affirmé à l’AFP un colonel mutin du M23.
"Notre mission ce n’est pas d’aller à Goma"
« Personne ne sait ce que le M23 a l’intention de faire », avait expliqué plus tôt un responsable de l’ONU. « Notre grande inquiétude est que le M23 prépare désormais un mouvement contre Goma », avait-il ajouté.
Depuis leur offensive sur Rutshuru, qu’ils ont ensuite quitté, les mutins ont pourtant affirmé qu’ils ne souhaitaient pas prendre la capitale provinciale. Ce qu’a réaffirmé jeudi le porte-parole du M23, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama : « Notre mission, ce n’est pas d’aller à Goma. Nous avons notre force mais nous sommes disciplinés », a-t-il assuré. Aucun mouvement des mutins n’a été observé jusque-là vers la capitale provinciale où des chars des FARDC et de la Monusco ont été déployés. La Monusco a également déployé au moins une dizaine de chars à environ 25 km de Goma, à Kibumba sur la route allant à Rutshuru.
Le 6 juillet, le M23 a pris Bunagana, un important poste-frontière avec l’Ouganda, puis Rutshuru et d’autres localités plus au sud, jusqu’à 50 km de la capitale provinciale, le 8 juillet, avant finalement de se retirer lundi. « Notre mission, ce n’est pas de contrôler les villes, poursuit le porte-parole des mutins. Nous demandons juste au gouvernement congolais de venir à la table des négociations ».
Branche politique
Regroupée à Bunagana, situé à environ 25 km au sud-est de Rutshuru, la rébellion a présenté jeudi ses représentants politiques chargés officiellement de négocier avec le gouvernement. Une branche politique dont le pasteur Jean-Marie Runiga, ancien responsable des relations extérieures du CNDP, a été nommé coordinateur. Il a réagi aux informations faisant état d’attaques contre la population rwandaise de Goma. « Si nous voyons que le gouvernement et la Monusco ne font rien pour protéger les civils attaqués, alors nous irons capturer Goma », a-t-il menacé.
Un rapport d’experts de l’ONU accuse de hauts responsables rwandais, dont le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, d’avoir aidé directement le M23. Ce que Kigali a toujours démenti. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé mercredi les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Joseph Kabila pour leur demander de « poursuivre le dialogue afin de réduire les tensions et mettre fin à la crise ».
Le regain de violences au Nord-Kivu a provoqué le déplacement de 220 000 personnes entre avril et juin, dont 100 000 dans le territoire de Rutshuru, et quelque 30 000 autres se sont réfugiées en Ouganda et au Rwanda.
(Avec Agences)
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