Tunisie : démocratie « halal » et question salafiste au menu du 9e congrès d’Ennahdha

Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, Ennahdha, tient son premier congrès hors de clandestinité, du 12 au 15 juillet à Tunis. L’occasion de clarifier sa ligne politique et son projet de société pour le pays.

Bien que critiqué, Rached Ghannouchi reste la figure centrale d’Ennahdha. © Lionel Bonaventure/AFP

Bien que critiqué, Rached Ghannouchi reste la figure centrale d’Ennahdha. © Lionel Bonaventure/AFP

Publié le 11 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Du 12 au 15 juillet, l’attention du tout Tunis politique et intellectuel ainsi que celle des mouvements islamistes du monde entier sera tournée vers le 9e Congrès du parti Ennahdha (la renaissance, en arabe). Près de 30 000 personnes sont attendues au Palais des expositions du Kram, le plus grand espace public de Tunisie après les stades olympiques. Outre les 1 103 représentants du parti, plus de 200 leaders venus des pays arabo-musulmans y assisteront, dont Khaled Mechaal, le président du bureau exécutif du mouvement islamiste palestinien Hamas et le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustapha Abdeljalil.

Pour Ennahda, vainqueur en octobre 2011 des élections à la Constituante avec 1,5 millions de voix, cette grand messe est l’occasion de démontrer sa popularité. Abdelfatah Mourou, un des fondateurs du parti dont on annonce une reprise de fonction au bureau exécutif après une longue bouderie, prédit que « le congrès sera plus une fête qu’une évaluation ». La mise en scène de la puissance d’Ennahdha pourrait aussi lui permettre de faire oublier les nombreuses dissenssions qui la minent. Mais aussi les critiques qui l’assaillent : avec 40 % des sièges à l’Assemblée Constituante, le parti dirige de fait le pays, touché par une profonde crise socio-économique et où le mécontentement est généralisé.

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Différents courants

Ennahdha, qui a déjà tenu huit congrès dans la clandestinité, s’apprête donc à exposer au grand jour les différents courants qui la traversent. Elle devrait aussi clarifier sa position vis-à-vis des mouvements salafistes les plus radicaux qu’on lui reproche, au mieux, de ménager, au pire, de soutenir discrètement. On sait déjà que les « ultras » du parti, tels Sadok Chourou et Ridha Ellouze, comptent bien exprimer haut et fort leur vision de l’islam politique et son application en Tunisie…

Pour les commentateurs de la presse tunisienne, le congrès d’Ennahdha semble avoir surtout comme objectif de vendre à l’opinion tunisienne et internationale un projet de « démocratie halal ». De fait, les travaux des représentants du parti porteront essentiellement sur la conception d’un nouvel État pour la Tunisie et sur la nature du système politique à donner au pays. Une question d’actualité, à l’heure où Ennahdha cherche à imposer un régime parlementaire dans la future Constitution, alors que la majorité de l’Assemblée penche plutôt pour un régime semi-présidentiel, par crainte de la mainmise du Parlement sur le gouvernement.

Le rôle de Ghannouchi

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Le congrès abordera ensuite les questions du dialogue national, de la stratégie d’alliances politiques pour les dix prochaines années et celle des nouvelles bases juridiques du parti. Ennahdha veut revoir ses statuts et son règlement intérieur, entre autres pour définir le cadre de ses relations internationales, notamment avec les Frères musulmans égyptiens.

Dans une formation qui est passée de l’exil et de la clandestinité à la pratique du pouvoir en quelques mois, Rached Gahnnouchi reste la figure qui fédère le mieux le mouvement. Ainsi, bien qu’il ait affirmé vouloir se retirer de la présidence du parti, le leader historique sera vraisemblablement reconduit à son poste, au moins temporairement. Respecté par la base du parti et ses fidèles, il est cependant critiqué par les fondamentalistes, qui veulent une application immédiate et sans condition de la charia, mais aussi par les plus modérés qui souhaitent qu’il tranche, enfin, la question salafiste

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Par Frida Dahmani, à Tunis

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