Tour de France : à quand un vainqueur africain ?

Les Sud-Africains Daryl Impey et Robert Hunter sont les seuls représentants de l’Afrique à participer au Tour de France 2012 qui a lieu du 30 juin au 22 juillet. Mais alors que le cyclisme n’en est qu’à ses balbutiements sur le continent, l’idée fait peu à peu son chemin de voir dans les années qui viennent un cycliste africain se placer dans le peloton de tête de la Grande Boucle. Voire sur la plus haute marche du podium.

De plus en plus de courses cyclistes sont organisées en Afrique. © J.A.

De plus en plus de courses cyclistes sont organisées en Afrique. © J.A.

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Publié le 8 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

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Tour de France : à quand un vainqueur africain ?

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Mise à jour le 08/07 à 12H05

Un coureur cycliste africain paradant à Paris sur les Champs Élysée, en arborant le maillot jaune du vainqueur du Tour de France ? L’image paraît aujourd’hui impensable. Pour nombre d’observateurs du cyclisme mondial, elle pourrait cependant devenir une réalité dans les prochaines années. « En Afrique, il y a un talent unique », estime Jonathan Boyer, entraîneur de la première équipe rwandaise. Premier Américain à avoir participé à la « Grande boucle », il « est persuadé que dans quatre ou cinq ans » un Africain peut  remporter la plus prestigieuse compétition de cyclisme au monde.

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Plus nuancé, Olivier Grandjean ne va pas jusque là. Mais il pense que les cyclistes africains feront partie des tout meilleurs d’ici à une dizaine d’années. Observateur avisé de l’évolution du sport sur le continent, Grandjean est responsable de la société GSO-Sport qui gère l’organisation de nombreuses courses organisées en Afrique. « Depuis 2007, les pays de l’Est de l’Afrique (Rwanda, Éthiopie, Érythrée, Kenya) ont comblé leur retard sur ceux de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Burkina Faso) et du Maghreb (Maroc, Algérie), pour produire aujourd’hui les meilleurs coureurs du continent », explique-t-il. Et d’ajouter : « Le niveau d’ensemble a énormément progressé. Quand les coureurs professionnels européens viennent en Afrique, ils sont toujours très étonnés. À l’avenir, certains coureurs vont intégrer des équipes européennes ».

Formation et moyens

Aujourd’hui, seulement trois coureurs africains concourent dans des équipes professionnelles.

Alors bien sûr, le cyclisme africain en est encore à ses balbutiements. Aujourd’hui, seulement trois coureurs concourent dans des équipes professionnelles, les Sud-Africains Robert Hunter et Daryl Impey (qui participent au Tour de France) et l’Érythréen Daniel Teklehaimanot (23 ans). Né au Kenya, Christopher Froome (Team Sky), vainqueur samedi 7 juillet la première étape de montagne du Tour de France 2012, a, quant à lui, opté pour la nationalité britannique en 2008 après avoir représenté le Kenya aux championnats du monde espoirs en 2006 et 2007.

Pour l’instant, les recruteurs internationaux s’intéressent peu au continent. Parmi les directeurs sportifs d’équipe, le Français Jean-René Bernaudeau est l’un des seuls à se déplacer régulièrement sur le continent. « Ce qui manque, c’est la formation et des moyens conséquents. Aujourd’hui, il y a peu de structures en Afrique », constate Olivier Grandjean. Au niveau continental, sept équipes sont enregistrées à l’Africa Tour de l’Union cycliste internationale (UCI) : quatre algériennes (dont la sélection olympique), deux sud-africaines et une éthiopienne.

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Daniel Teklehaimanot, lors de la 64e édition du critérium du Dauphiné, début juin en France.

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© AFP

En multipliant les courses de plus en plus attrayantes sur le continent, les fédérations africaines permettent à la fois au niveau d’ensemble de progresser mais également aux acteurs du cyclisme mondial de découvrir les talents africains. C’est le cas notamment de l’ancien champion du monde français, Bernard Hinault. Lors de la dernière Tropical Amissa Bongo au Gabon, dont il était le parrain, l’ancien champion du monde français a ainsi estimé « que certains coureurs africains ont leurs places dans les équipes professionnelles ». L’Érythréen Daniel Teklehaimanot a franchi le pas au début de l’année. Considéré par tous les spécialistes comme le plus grand espoir du cyclisme africain, il a intégré l’équipe australienne Orica-GreenEDGE. Et pourrait rapidement disputer le Tour de France.

"Formidable opportunité"

Dans son développement, le cyclisme africain peut compter sur l’aide de l’UCI qui, dans son désir d’internationaliser ce sport, « voit dans l’éclosion des coureurs de haut niveau sur le continent une formidable opportunité », confie Olivier Grandjean. « Les trois dernières années, nous avons pris conscience du potentiel assez riche d’athlètes africains », confirme Michel Thèze, qui a entraîné l’équipe de cyclisme sur route du Centre mondial du cyclisme (CMC). C’est au sein de cette institution que les meilleurs cyclistes du continent viennent s’entraîner au frais de l’UCI. En 2006, l’institution a également crée un Centre Continental basé en Afrique du Sud, près de Johannesburg, où de nombreux sportifs viennent se perfectionner. Christopher Froome en est issu.

Pour éviter le possible "pillage" des coureurs africains, comme c’est le cas pour le football, il faudrait qu’une équipe africaine internationale se créé, estiment les spécialistes.

Aujourd’hui à la retraite, Michel Thèze juge également possible que deux ou trois coureurs africains viennent bientôt concurrencer les cyclistes occidentaux sur la Grande Boucle, mais estime que l’enjeu est autre. Pour éviter le possible « pillage des coureurs africains » comme cela a été le cas pour le football, « il faut des éléments moteurs mais pas seulement. Il faut développer le cyclisme globalement. »

Quelle solution à ce dilemme ? Olivier Grandjean estime que « l’idéal serait qu’une équipe se crée sur le continent et qu’elle participe à des course en Afrique et en Europe ». Et Michel Thèse de conclure : « Quand cette équipe pourra rivaliser en Europe, le pari sera gagné ».
 

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