Soumeylou Boubèye Maïga : « La reconquête du Nord sera un test pour l’armée malienne »

Soumeylou Boubèye Maïga, le dernier chef de la diplomatie malienne sous le régime d’Amadou Toumani Touré (ATT), espère voir les autorités maliennes donner leur feu vert à une intervention internationale dans le pays. Réponse probable ce jeudi 28 juin, lors du sommet de la Cedeao à Yamoussoukro.

Boubèye Maïga : le président Traoré est le « lien principal avec l’ordre constitutionnel ». © AFP

Boubèye Maïga : le président Traoré est le « lien principal avec l’ordre constitutionnel ». © AFP

Publié le 27 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

L’urgence à intervenir au Mali. C’est le message qu’a voulu faire passer Soumeylou Boubèye Maïga, mardi 26 juin, au micro de Radio France Internationale (RFI). Selon l’ancien ministre d’Amadou Toumani Touré, les autorités maliennes doivent donner, au sommet de la Cedeao du jeudi 28 juin, « leur feu vert pour le déploiement au Mali d’une force africaine avec l’appui de la communauté internationale. »

« Nous devons aller vite », assure Maïga. Deux priorités sous-tendent, selon lui, cette nécessité : la reconstruction des forces maliennes et la restauration de l’intégrité territoriale d’un pays coupé en deux, dont le Nord est aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), des islamistes d’Ansar Eddine et de leurs alliés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La « reconquête du Nord » serait ainsi un « baromètre pour juger les nouvelles capacités » de l’armée malienne et tirer les leçons de « ce qui a fait défaut, jusque-là. »

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Une intervention internationale permettrait, malgré les réticences du capitaine Sanogo et des putshistes du camp de Kati, d’aider la reconstruction psychologique et opérationnelle de l’armée malienne, estime Maïga. Le retour à Bamako du président Dioncounda Traoré, « lien principal avec l’ordre constitutionnel », s’en trouverait aussi facilité.

"La logique des djihadistes"

Il faut démonter « la logique des djihadistes » d’Ansar Eddine et d’Aqmi, et signifier à leurs membres que le Mali ne peut plus être, comme ils le pensent, « une terre de combat ». Car le danger ne se résume pas au Nord, affirme Maïga. « Je considère qu’il est présent à Bamako (aussi) parce que depuis le début de l’année, (…) les services ont pu interpeller des combattants d’Aqmi, des gens qui avaient séjourné longtemps avec Boko Haram, qui se trouvent à Bamako et qui ne sont pas originaires du Nord, contrairement à ce qu’on croit. Je pense qu’il y a de plus en plus de Maliens dans les rangs d’Aqmi, y compris dans les structures de commandement. C’est pourquoi je dis nous devons avoir une approche globale. Il n’y a pas le Nord, le Sud, il y a le territoire malien. »

Boubèye évacue également l’idée d’une négociation immédiate avec les rebelles – ce qui est toujours la position de l’Algérie ou du Burkina Faso voisins – et soutient « qu’en l’absence d’une action militaire, nous ne pourrions même pas faire une ligne de démarcation entre les différents protagonistes. » La mobilisation doit être forte et dissuasive car, aujourd’hui, « le Nord est devenu un réservoir et un foyer de menaces contre tous nos voisins. »

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Quid du pari des négociateurs de couper les rebelles en deux, et de pousser une partie d’Ansar Eddine à la table des négociations avec le MNLA ? Il faudrait « voir ce qui se passe sur le terrain » après l’intervention militaire, estime-t-il. Et ne pas oublier, surtout, « qu’Ansar Eddine est sorti des entrailles d’Aqmi », ce qui signifie que les liens sont plus forts entre les deux entités que ce que l’on pourrait avoir tendance à croire. 

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