Tunisie : l’extradition de Mahmoudi ne fera pas démissioner Marzouki, estime Béji Caïd Essebsi

La crise politique provoquée par l’extradition, dimanche 24 juin en Libye, de l’ex-Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, peut-elle conduire le président tunisien Moncef Marzouki à la démission ? Non, avance l’ancien Premier ministre Beji Caïd Essebsi, pour qui il s’agit simplement d’un « mauvais coup ».

Beji Caïd Essebsi a dirigé la transition révolutionnaire de février à octobre 2011. © AFP

Beji Caïd Essebsi a dirigé la transition révolutionnaire de février à octobre 2011. © AFP

Publié le 27 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

L’ancien Premier ministre Beji Caïd Essebsi, qui a dirigé la transition révolutionnaire de février à octobre 2011, répondait le 26 juin aux questions de Radio France Internationale (RFI) depuis Tunis. Pour le fondateur du nouveau parti L’appel de la Tunisie, l’extradition, contre l’avis du président Moncef Marzouki, de l’ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi n’est pas la preuve que le Premier ministre est le seul patron. De fait, analyse Beji Caïd Essebsi, la troïka au pouvoir en Tunisie reflète « un certain équilibre » entre Ennahdha, « qui est un peu d’obédience religieuse, ce que la loi ne permet pas [pour un parti politique, NDLR] », le Congrès pour la république (CPR) de Marzouki, qui est « un mouvement laïc et presque athée », et Ettakatol, « plutôt de gauche ».

Selon Essebsi, le Premier ministre, Hamadi Jebali, représente avec Ennahdha « le parti dominant », ce qui lui confère « une responsabilité beaucoup plus large ». En outre, poursuit-il, l’extradition de Baghdadi Mahmoudi n’est pas un coup de force mais correspond aux prérogatives du Premier ministre tunisien, qui, avance l’ancien Premier ministre, a « l’autorité de signer les décrets qui permettent cette extradition. » Hamadi Jebali n’aurait donc fait que se prévaloir « de la nouvelle répartition des pouvoirs par la Constituante » qui établit provisoirement l’organisation des pouvoirs.

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"Problème de cohérence"

La situation interne au gouvernement tunisien est « difficile », poursuit Essebsi, en raison « d’un problème de cohérence », d’une « faille dans le système » qui empêche les trois chefs d’assurer une gouvernance bien coordonnée. Malgré la cacophonie et le revers essuyé par Moncef Marzouki dans l’affaire Mahmoudi, Essebsi affirme croire que le président tunisien « n’a pas l’intention de démissionner », bien qu’il ait évidemment reçu « un mauvais coup ».

Renvoyé à son expérience et à la réaction qu’il aurait adoptée à la place de Moncef Marzouki, l’ex-Premier ministre a confié qu’il « n’aurait pas accepté d’être le président qu’il est ». Marzouki n’est pas un président « potiche », nuance-t-il, mais il a « des attributions qui ne sont pas les pleins pouvoirs qu’a un président dans un régime présidentiel. Au point, selon Essebsi, que la Tunisie post-Ben Ali est plus proche d’un gouvernement d’assemblée que d’un régime présidentiel. C’est la raison pour laquelle le vétéran de la politique tunisienne a dit vouloir créer une force d’opposition plus équilibrée et tout aussi disciplinée qu’Ennahdha, un « parti ancien » face auquel un « caléidoscope de partis » provoque le déséquilibre politique actuel. L’objectif clairement affiché par Essebsi ? L’alternance.
 

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